Dormir dans un cocon: pourquoi le «lit clos» fait son grand retour

Lit coloré provenant du concept de logement Domus d'Amsterdam qui mise sur des micro-appartements. © Studio Pim Top

Dormir dans une armoire? Parce que vous ne savez pas encore si le «lit clos» est une invention idiote ou géniale, on a choisi de s’intéresser à cette tendance synonyme de gain de place qui fait son come-back dans les petits espaces de vie.

Une porte pliante perforée dévoile une micro-chambre à coucher rose vif, de la taille d’un matelas. La dernière édition de l’ouvrage de référence Architecture in the Netherlands dédie sa couverture à un lit clos. Il ne s’agit pas d’un antique lit breton, mais d’une version contemporaine. «Pour nous, c’est la réponse au défi du XXIe siècle: comment vivre dans un espace restreint sans faire de compromis sur la qualité?», souligne l’historienne de l’architecture Annuska Pronkhorst.


La photo, ci-dessous, a été prise à Domus, un nouveau concept de logement amstellodamois qui loue des micro-appartements et mise sur les espaces collectifs. «Pour les projets de lieux de vie compacts, le lit est crucial», explique l’architecte Oana Rades qui, avec son bureau Shift, a conçu ces appartements. «Quatre possibilités se présentaient à nous: des lits surélevés, clos, escamotables ou extensibles. Le premier requiert une hauteur minimale dont nous ne disposions pas. Les deux derniers ont été écartés en raison du trop grand nombre de manipulations nécessaires pour préparer son lit le soir. C’est donc le lit clos qui s’est imposé. Une aubaine à une époque où la crise du logement s’intensifie, puisqu’il permet d’agrandir l’espace de vie sans faire de sacrifice au niveau du confort: «J’ai le lit le plus cosy d’Amsterdam!», assure une habitante de Domus.

© Studio Pim Top

De la campagne à la ville

Le lit clos était très courant pendant plusieurs siècles. On en trouvait dans les cuisines ou les livings de fermes, à proximité du poêle, pour que les gens aient bien chaud la nuit. Les petites portes ou les rideaux aidaient à maintenir la température corporelle et à dissimuler le lit en journée. Il arrivait même que les enfants dorment dans un tiroir, sous le lit clos. Si on en trouvait surtout dans les campagnes, désormais, le concept séduit surtout les villes. Dans nos propres pages, nous avons récemment dévoilé l’intérieur d’un appartement à la côte de l’architecte d’intérieur Thomas Meesschaert, mais aussi un lit clos dans le loft malinois graphique blanc et vert conçu par le designer Johan Van Staeyen. Ce dernier adore intégrer des «niches pour lits» dans ses projets. La meilleure façon d’exploiter un espace restreint, même si le lit clos peut aussi créer une certaine atmosphère dans les grandes maisons…

Graphique, vert et blanc, ce loft malinois, avec lit clos, a été conçu par Van Staeyen Interieur. © Hannelore Veelaert

Une origine royale

Le designer néerlandais Mark Mertens est convaincu que la petitesse d’un lieu n’est pas la seule raison d’être du lit clos. Le côté intimiste n’est pas à négliger. D’ailleurs, cela a toujours été le cas. Les membres de la famille royale française dormaient dans ce type de lit au XVIIe siècle, et vu la taille des palais, on peut affirmer que c’était purement pour le côté douillet. Plus qu’une chambre à coucher, un lit clos, exigu et cosy est idéal pour s’évader et s’isoler. Il rappelle l’hôtel capsule japonais, mais aussi la cellule d’un cloître, véritable lieu de retraite, d’introspection et de concentration. Les architectes d’intérieur renforcent d’ailleurs souvent l’effet cocon en recouvrant les murs et le plafond d’une seule couleur. Vu l’étroitesse de l’espace, même une finition luxueuse n’est pas très onéreuse…

Une chambre pleine de lits clos: une idée de Mark Mertens. © Cafeine.be

Les précautions à prendre

Mais une question essentielle se pose: est-ce qu’on y dort bien? Inge Declercq, experte du sommeil à l’hôpital universitaire d’Anvers et autrice de livres sur le sommeil, répond: «Il n’existe pas de littérature scientifique sur ce sujet, mais j’y vois de nombreux avantages, comme l’effet cocon. De plus, on peut facilement obscurcir un lit clos, ce qui est un atout considérable pour une bonne nuit de repos. Autre point positif: cela permet de séparer les espaces de vie et de sommeil. Ma seule réserve concerne l’aération, car on produit beaucoup d’humidité en dormant. La température doit aussi pouvoir y être régulée: idéalement, la nuit, elle doit se situer entre 15 et 19 degrés.»

‘J’ai des rangements additionnels. Il y a des tiroirs sous mon matelas, et ma garde-robe se trouve sur le côté.’

Selon Caroline Potter, une utilisatrice belge qui vit dans 50 m2, la ventilation n’est pas un problème: «J’ai prévu une aération supplémentaire sous mon lit. Et puis, cela me donne des rangements additionnels. Il y a des tiroirs sous mon matelas, et ma garde-robe se trouve sur le côté. L’intérieur se prête parfaitement à une ou plusieurs étagères.» Récemment, l’architecte Jo Taillieu a transformé un ancien laboratoire en appartement de type loft, où il a remplacé la chambre à coucher par une niche centrale. Il dit: «Les habitants sont un couple sans enfants. Ils ne voyaient pas l’utilité d’avoir une chambre à coucher séparée. Cela laissait plus de place aux autres fonctions telles que l’espace de vie, de cuisine et de repas. On peut intégrer le bedbox dans le living en ouvrant les portes. Le lit sert alors de banquette. Bon, je reconnais qu’à deux, l’un doit grimper sur l’autre pour se lever. Ce n’est pas idéal pour les personnes d’un certain âge.» Bien sûr, parfois, il faut également accepter de se plier en quatre pour faire le lit… mais rien ne vous oblige à être maniaque.

Jean-Philippe De Meyer a conçu ces «châlits» dans la maison de vacances La Ferme des Bergers à Kemmel. © Gazeuse

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