Visite d’une villa pour être en vacances toute l’année, dans le Brabant Wallon

Cette habitation se compose d'un volume parallélépipédique fiché dans la pente et d'une aile annexe perpendiculaire. Ce volume en L cadre une belle terrasse, à l'ombre des pins parasol. © FRÉDÉRIC RAEVENS

Dans cette villa aux lignes épurées, intérieur et extérieur s’interpénètrent, faisant entrer la nature au coeur du logis. Le soleil et le bois omniprésents s’occupent de réchauffer les volumes sobres. Pas besoin de partir bien loin, Virginie et Olivier s’évadent de leur quotidien… à domicile.

Quand ils rentrent chez eux après une longue journée de boulot, Virginie et Olivier se sentent immédiatement en vacances – c’était d’ailleurs là l’un de leurs seuls souhaits au moment où ils imaginèrent cette demeure. En contrebas de la rue, entourée de hauts arbres dont des pins parasol, leur belle terrasse avec piscine est l’endroit idéal pour paresser l’été. Une fois venus les nuages, ils peuvent se réfugier à l’intérieur, mais sans perdre de vue leur somptueux jardin étagé, grâce aux nombreuses baies. A moins de carrément passer la soirée au coin du feu et des chaufferettes, dans leur deuxième salle à manger, couverte mais pas fermée, où le plafond en cèdre apporte une touche chaleureuse et où il est permis de festoyer en toute saison, jusqu’à pas d’heure.

© FRÉDÉRIC RAEVENS

« Mes parents ont une maison de campagne et ont transformé une vieille grange en barbecue abrité. On a passé là des moments mémorables. Je voulais vraiment retrouver cela car, en Belgique, il fait gris et, la nuit, on ne peut pas rester longtemps dehors. En réalité, c’est une pièce de vie supplémentaire qui agrandit notre surface de 40 m² », se réjouit le maître des lieux.

Très ouvert, le séjour communique, au fond, avec la cuisine en L, dont l'angle en bois est évidé pour dégager la vue.
Très ouvert, le séjour communique, au fond, avec la cuisine en L, dont l’angle en bois est évidé pour dégager la vue.© FRÉDÉRIC RAEVENS

Lorsque lui et sa compagne découvrent cette parcelle mise en vente publique, il y a quelques années, c’est le coup de foudre. Certes elle est très pentue et mal orientée puisque le sud-ouest, et donc le soleil de l’après-midi, est à l’avant… Mais qu’importe. Ils décident de renoncer à leur logement de l’époque, situé non loin de là et qu’ils s’apprêtaient à rénover, pour se lancer dans cette nouvelle construction. Lui est négociant en bois (*), ce qui donne déjà un indice sur l’importance de ce matériau dans le projet. Elle est graphiste mais a au départ entamé des études d’architecture. C’est d’ailleurs sur les bancs d’école qu’elle a rencontré Olivier Delhaye, du bureau Nomads (lire par ailleurs), qui fut chargé de la mission. « Nous étions d’accord dès le départ. Il n’était pas question de faire un bâtiment qui en jette; nous voulions plutôt développer une atmosphère, se souvient le concepteur. Je désirais par ailleurs imposer un critère passif, gérer le dénivelé important du site sans évacuer les terres et rester raisonnable en termes de budget. Se voir confier une telle habitation est une opportunité assez rare dans notre métier. Si le résultat est à la hauteur, c’est grâce au fait qu’il y ait eu une harmonie partagée entre moi et mes clients. C’est leur niveau d’exigence et les discussions en découlant qui ont guidé les traits de crayon. On savait où on allait, je n’étais jamais dans le doute, face à moi-même… »

Un esprit loft

D’esquisse en esquisse, le dessin prendra forme et se simplifiera pour se limiter, finalement, à un volume parallélépipède élémentaire, avec le jardin et le bassin de nage côté rue, à hauteur du séjour, et les chambres en dessous, ouvertes à l’arrière sur l’espace vert. « Pour moi, la terrasse couverte et l’accès à la salle de yoga pour les cours que donne la propriétaire, qui sont implantées perpendiculairement au volume principal, ne sont finalement que des accessoires », synthétise l’architecte qui a poussé loin l’épure, travaillant notamment les détails de la toiture en zinc pour qu’elle apparaisse la plus fine possible.

A l’intérieur, le séjour s’organise sur un long plateau ouvert, en lien avec la cuisine en wengé, noyer et Corian. « On a beaucoup réfléchi à la configuration de celle-ci, en L, avec une partie comptoir-bar et une autre plus technique, mais pas cloisonnée. Et on a coupé l’angle entre les deux pour garder la vue diagonale vers le paysage, tant à l’avant qu’à l’arrière. Ce sont des petites choses mais qui font énormément en fin de compte », insiste Olivier Delhaye.

L'éclairage a été étudié pour rendre le volume longitudinal plus chaleureux.
L’éclairage a été étudié pour rendre le volume longitudinal plus chaleureux.© FRÉDÉRIC RAEVENS

Côté déco, la zone de vie se décline dans des tons « lounge » comme les décrit l’occupante des lieux, qui oeuvre dans la menuiserie de son mari pour dessiner cuisines, dressings sur mesure et mobilier en tout genre… « Presque tous les meubles en bois que vous voyez ici sont des créations personnelles, à l’exception de la table de la salle à manger, insiste-t-elle. De manière générale, nous aimons les lignes pures, sobres et fonctionnelles. » Et son mari de se réjouir: « On craignait l’ambiance de ce long rectangle de 23 mètres sur 7,5; on avait peur qu’il soit trop étroit… Mais grâce aux larges baies, qui sont équipées de stores pour éviter la surchauffe, on n’a pas cette impression. »

© FRÉDÉRIC RAEVENS

A l’extrémité de ce niveau, on retrouve néanmoins une petite alcôve plus cosy qui fait office de salon télé et billard. « On avait envie d’un endroit plus chaleureux pour le soir et on a pensé l’aménagement en ce sens », se justifie Virginie qui a elle-même façonné de ses mains la table en padouk massif qui trône dans ce coin feutré.

L’espace maximisé

La zone nuit, située donc à l’étage inférieur, peut être ralliée par deux escaliers, l’un côté parents, l’autre côté enfants. C’est aussi dans ce sous-sol, qui donne sur un jardin faisant la part belle aux graminées, que se trouve la salle de yoga, avec entrée séparée. « Au départ, on avait peur d’être perturbés par la situation des chambres en bas. Mais finalement, on a une super vue et une fraîcheur agréable en été ; on se sent bien et en sécurité, car l’ensemble est très protégé… »

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Ici encore, le tandem a fait la démonstration de son savoir-faire, imaginant d’ingénieux lits sur mesure pour leurs deux filles ou encore une salle de bains entièrement en Corian. « On s’était attaqués depuis peu à ce matériau à la menuiserie, et on s’est dit que cette pièce d’eau serait un terrain d’expérimentation parfait tant pour le sol que les sanitaires, se souvient l’habitante. Je voulais également qu’on n’ait pas le sentiment d’être dans une zone fonctionnelle, qu’il y ait une ambiance zen. C’est pourquoi, on y a ajouté des étagères pour poser des bibelots et une large fenêtre qui offre une échappée vers le jardin, quand on est assis dans la baignoire. »

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Pour relier ces différentes entités, pas de couloir, mais un espace en longueur qui sert de dressing aux enfants et accueille également leur salle de douche et leur toilette. « Dans ce projet, on a évité soigneusement tout gaspillage de surface, se réjouit le créateur. On a vraiment un minimum de circulations. Dans tous mes bâtiments, je préfère consacrer chaque mètre carré à quelque chose d’intéressant et ne pas construire trop grand. »

Et c’est finalement ce qui ressort de cette dépaysante villa: chaque recoin a été étudié pour en profiter un maximum. « C’est une maison très harmonieuse », résume la propriétaire. Lorsqu’en fin de journée, les spots éclairent les pins parasol et que, sur sa terrasse, le chien s’étire langoureusement, pour sûr cette famille brabançonne savoure l’instant présent.

En quelques mots

L’architecte Olivier Delhaye, à la tête du bureau Nomads, a achevé cette habitation avant de partir plus de quatre ans avec sa famille sur un voilier pour découvrir le monde, des Seychelles à la Polynésie française. Aujourd’hui rentré au bercail, il désire plus que jamais continuer à construire. « Je crois que je n’ai jamais arrêté de penser à l’architecture, avoue le globe-trotteur. En revenant, ma femme et moi avons fabriqué notre maison, physiquement, comme des ouvriers. Et maintenant, alors que notre société arrive à un moment clé en termes d’environnement, je me dis que j’ai encore un rôle à y jouer. » Cela fait en effet plus de dix ans que ce professionnel conçoit des habitations passives, à une époque où cela n’était pas encore la norme. La sienne, qu’il vient d’achever, est même à énergie positive, c’est-à-dire qu’elle produit de l’énergie. « Je n’ai pas de style et je n’aime pas cette idée de m’exprimer à travers une espèce d’imagerie en continu, poursuit-il. Je recherche avant tout une cohérence dans ma démarche, c’est là que s’exprime ma patte. J’ai la volonté de ne faire aucune concession par rapport à l’architecture pour créer des espaces de qualité, avec un éclairage idéal et une organisation rationnelle. »

www.nomads.be

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