Comment la fast-déco nuit à l’environnement… et à votre santé
Entre marques ultra désirables, couleurs saisonnières et autres tendances incontournables, il n’y a pas que la fast-fashion qui pousse à consommer à un rythme effréné, et la fast-déco fait elle aussi tourner les têtes. Avec un impact tout autant néfaste sur le climat, ainsi que le dénonce l’association Zero Waste France.
Ainsi que le souligne l’association, qui promeut une démarche zéro déchet et zéro gaspillage, « depuis les confinements dûs au COVID, la maison a été surinvestie par ses habitant·es : lieu d’enfermement subi mais aussi espace refuge, elle a été transformée et personnalisée de façon encore plus forte qu’auparavant. Une tendance très vite comprise par les géants de la fast-fashion, de l’e-commerce et de la grande distribution ». Résultat? Entre 2017 et 2022, le marché de l’ameublement français a vu le nombre d’objets mis en vente augmenter de 88%, passant de 269 à 505 millions d’unités… Avec, en parallèle, une multiplication par deux du nombre de déchets d’éléments d’ameublement collectés, celui-ci ayant atteint 1.2 million de tonnes en 2021.
La maison ou l’appartement n’est plus simplement un lieu de vie, c’est une extension de soi, régie par les mêmes codes que la mode, et soumise au même rythme effréné et à la pression de se conformer à l’une ou l’autre tendance « incontournable ». « Une tendance très vite comprise par les géants de la fast-fashion, de l’e-commerce et de la grande distribution, qui proposent chaque année davantage de produits d’ameublement et de décoration, via des stratégies marketing bien rodées » épingle Zero Waste France. Selon laquelle, « à l’image de la fast-fashion, on assiste aujourd’hui à l’émergence d’un modèle de fast-déco reposant sur les mêmes pratiques : quantités astronomiques mises en marché, prix structurellement faibles assorties d’offres promotionnelles et création permanente de nouveaux besoins. Alors même que la durée de vie d’un meuble ou d’un objet de décoration devrait être de plusieurs années, voire dizaines d’années, les enseignes produisent plusieurs collections saisonnières par an, complétées par des collections “capsules” à durée limitée, destinées à inciter encore davantage à la consommation ».
La fast-déco, une tendance qui vous veut du mal
Une tendance qui conduit à la surconsommation, mais aussi, par effet miroir, à la surproduction, avec des « conséquences désastreuses » pour les ressources disponibles, mais aussi pour le changement climatique.
Plus surprenant, peut-être, mais tout aussi inquiétant, la fast-déco aurait également un impact sur la santé des personnes qui en consomment. « Les meubles et les objets de décoration font en effet partie des éléments de notre intérieur qui émettent des composés organiques volatils (COV), dont certains sont irritants, cancérogènes, mutagènes, ou toxiques pour la reproduction » épingle encore Zero Waste France dans son rapport.
Et de pointer particulièrement du doigt les produits d’ignifugation avec lesquels sont traités les meubles, les peintures, les vernis ou encore les colles présentes dans les produits en bois agglomérés, parmi lesquels le formaldéhyde, un composé organique volatil avéré cancérogène.
Réguler le marché
Les pistes évoquées par l’association pour revenir à une forme de durabilité plus saine, dans tous les sens du termes? Favoriser le réemploi de l’ameublement mais aussi la réparation plutôt que l’achat, sans oublier l’upcycling, qui permet, en déco comme en mode, de donner une nouvelle identité, et donc une nouvelle vie aux produits. Et de conclure en rappelant que « la fast-déco est bel et bien une réalité : meubles et objets de décoration à bas coût se multiplient, les collections se renouvellent sans cesse et les stratégies marketing s’amplifient Conséquence : les mises sur le marché explosent. Alors que les pratiques de la fastfashion sont sur le point d’être encadrées en France, il est nécessaire de suivre la même voie sur le secteur de l’ameublement et de la décoration. En effet, meubles et objets de décoration mobilisent des ressources précieuses, notamment en bois, et sont désormais appréhendés comme des produits remplaçables, voire jetables. Il est temps de contraindre les mises en marché de produits neufs et de soutenir plus efficacement les solutions de réemploi, pour limiter une fois pour toutes le gaspillage de ressources dans le secteur de l’ameublement et de la décoration ».
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