Visite de la maison colorée du couple derrière la marque Ganni, à Copenhague
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Qui dit design scandinave, dit minimalisme épuré. Pourtant, la flamboyante marque de mode danoise Ganni montre que la Scandinavie sait aussi faire preuve de folie. Ditte et Nicolaj Reffstrup, le couple à l’origine du label, nous ont ouvert les portes de leur maison haute en couleurs.
«Je conçois mon intérieur comme mes collections: sous forme de patchwork. Un mélange de couleurs, de textures, de motifs et de tissus», s’exclame Ditte Reffstrup, directrice artistique de la célèbre marque de mode danoise Ganni. Et en effet, partout dans leur demeure, les trois principes de base de l’esthétique du label sont bien présents: couleur, plaisir et art.
Ditte vit avec son mari Nicolaj et leurs trois enfants Betty Lou, Jens Otto et Rita Sophie dans une maison quatre façades d’Østerbro, le très convoité quartier de Copenhague qui compte de nombreuses petites adresses bio et hype. «C’est Vilhelm Dahlerup qui l’a conçue, l’architecte qui a également réalisé la Glyptoteket, le Kongelige Teater et le Statens Museum for Kunst. Nous avons eu un coup de foudre pour cette habitation, et ce grâce à son cachet, ses grandes fenêtres et ses éléments artisanaux tels que les portes vitrées et les boiseries. Dès que nous y avons pénétré, nous avons eu un bon feeling. Quand on a trois enfants et des amis qui débarquent régulièrement, il est indispensable d’avoir de nombreuses pièces. Avec 400 m2, cette maison offre suffisamment de place.»
Une rénovation complète s’impose
Le coup de foudre a laissé la place à la réalité. La charmante maison dans leur quartier préféré avait grand besoin d’une sérieuse restauration. «Jusque-là, Nicolaj et moi avions toujours été locataires et nous n’avions jamais rénové de maison. Ce n’est que lorsqu’on est dedans qu’on comprend le nombre de décisions qu’il faut prendre. Avant le début des travaux, nous avons donné une fête pendant la Copenhagen Fashion Week avec James Murphy de LCD Soundsystem comme DJ. Après cette arrivée fracassante dans le quartier, nous avons fait profil bas», plaisante Ditte.
Quand on a trois enfants et des amis qui débarquent régulièrement, il est indispensable d’avoir de nombreuses pièces.
C’était une rénovation de fond en comble, mais dans le respect des éléments authentiques et de l’atmosphère d’origine. Aucun mur n’a été abattu pour agrandir les espaces. En revanche, ils ont remplacé tous les sols, fait placer à un nouvel escalier et ont agrandi l’espace situé à l’arrière. Les travaux ont duré un an et demi et pendant cette période, des centaines de choses ont échoué, explique Ditte. «Mais lorsqu’on fait le bilan, on se dit que le jeu en a valu la chandelle. Nous avons emménagé juste avant le confinement. Nous sommes tombés encore plus amoureux de la maison pendant cette période unique. A tel point que nous y avons même réalisé un shooting photo.»
Une fan nommée Beyoncé
Dans quelques semaines, Ganni présentera sa nouvelle collection lors de la semaine de la mode de Paris, après une première couronnée de succès en septembre dernier. A l’époque, la marque avait qualifié le passage de la Copenhagen Fashion Week à celle de Paris en disant que c’était une «évolution logique et de nouvelle étape dans la croissance internationale». Le label a été fondé en 2000 par le galeriste danois Frans Truelsen en tant que marque de pulls en cachemire. Ce n’est que lorsque Nicolaj et Ditte ont repris la griffe en 2009 que celle-ci a bénéficié d’un statut culte et a connu un succès commercial.
Ditte, qui était auparavant acheteuse pour des petites boutiques haut de gamme, est devenue directrice artistique et, avec ses créations colorées, elle a pris le contrepied de l’esthétique scandinave si populaire qui se caractérise par des couleurs neutres et des coupes sobres. Quant à Nicolaj, qui avait travaillé pour des start-up dans le monde de la tech, il est devenu CEO.
Ensemble, ils ont transformé Ganni en marque tendance en mettant l’accent sur la durabilité, bien qu’ils préfèrent parler de «responsabilité». Avec 700 points de vente, 70 boutiques et d’innombrables fans célèbres, de Beyoncé à Bella Hadid, Ganni est peut-être la principale marque de mode danoise. En 2017, le couple a cédé une participation majoritaire au fonds d’investissement L Catterton qui appartient notamment à LVMH.
L’année suivante, ils ont acheté cette maison. «C’était un jalon pour nous, s’enthousiasme Ditte. Pendant des années, notre attention s’était portée sur Ganni. Pour nous, devenir propriétaires n’était pas une priorité. Mais j’ai eu envie de faire de cette demeure notre propre cocon. Elle est le prolongement de ce que je fais chez Ganni. Et vice versa, car notre intérieur inspire mon travail dans le domaine de la mode. Mes collections, mais aussi ma garde-robe personnelle et notre intérieur se distinguent par le contraste et la personnalité. Mes réalisations sont éclectiques et surprenantes, mais toujours harmonieuses.»
Le plein de couleurs
Dire que Ditte Reffstrup n’aime pas le minimalisme est un euphémisme. Chaque recoin de la maison est occupé: œuvres d’art, trouvailles vintage et souvenirs de collabs artistiques que Ganni a nouées, notamment avec Ana Kras. «Je collectionne les vases et la céramique et j’écume les marchés aux puces jusqu’à ce que je déniche la pièce vintage par excellence. La maison en regorge, et de nouvelles pièces viennent sans cesse s’ajouter, mais j’aime ça. Pour moi, ces objets racontent une histoire, explique Ditte. Comme tous les Danois, j’ai grandi entourée de design scandinave. J’ai de l’estime et du respect pour ce style, mais il ne s’accorde pas au mien. C’était aussi une des raisons pour lesquelles j’ai lancé Ganni: je voulais montrer que la mode scandinave a aussi un côté coloré.»
J’écume les marchés aux puces. Pour moi, ces objets racontent une histoire
Certes, au-delà de l’esthétique qui a toute son importance pour Ditte, la maison devait surtout être un lieu agréable à vivre. Ainsi, la créatrice n’a pas pensé qu’aux belles palettes de couleurs et aux jolies pièces vintage, mais aussi à la manière d’y vivre le plus confortablement possible en tant que famille. «Nous avons aménagé une maison comme un lieu de vie. Les enfants y sèment le chaos: ils éparpillent leurs jouets. Au lieu de m’en offusquer, j’accueille ce désordre. Leur dynamisme nous apporte de l’énergie, de la chaleur », maintient-elle.
Avant de poursuivre, « la cave est leur domaine. Elle dispose d’un grand espace multifonctionnel où ils peuvent s’installer avec leurs amis pour jouer au ping-pong, au football et danser. Il s’agit de trouver un équilibre entre notre style personnel et la réalité de la vie de famille au quotidien. Notre maison évolue au fil de notre vie. Maintenant que les enfants deviennent plus grands, ils ont d’autres besoins, et la maison change aussi. J’aime particulièrement ce côté évolutif. Mais une chose est sûre: ce sera toujours notre maison de famille.»
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