Visite d’un loft bruxellois haut en couleurs

Un interieur plein de couleurs avec esprit seventies
Dans le salon coloré, on reconnaît un fauteuil Kashima de Ligne Roset et le donut Boa de Sabine Marcelis pour HEM et, derrière, une chaise de bar Allmilmö. Un voile sépare les deux pièces pour éviter le clash des couleurs. © Jan Verlinde

Le loft bruxellois de la set designer Hélène Rebelo allie de manière atypique design ludique, couleurs osées et vintage funky.

Le style d’Hélène Rebelo tranche avec celui des Belges Axel Vervoordt ou Vincent Van Duysen, connus pour leur approche épurée de l’architecture d’intérieur. Le loft bruxellois de la set designer est en effet on ne peut plus acidulé. Des meubles sculpturaux des années 70 et 80 y dialoguent avec des couleurs des plus expressives. L’objectif: égayer la vie. «Je n’aime pas les intérieurs austères, explique l’habitante en riant. Je tiens cette vision positive de mon père, qui a émigré en France à l’âge de 9 ans. Je l’ai toujours vu s’échiner au travail, sans se plaindre. Lorsque je lui parle de mes ambitions, il ne me freine jamais.»

Verte palette

Aujourd’hui installée dans notre capitale, la Française, qui a grandi dans la Loire, s’y sent bien. Et même si, enfant, elle passait son temps à jouer dehors, elle et son compagnon, Edouard Beauget, ne se voyaient pas vivre à la campagne. «Nous avons pensé à plusieurs villes françaises, notamment Marseille, Lyon et Lille, mais aucune ne semblait être la bonne. Et puis, nous est venue Bruxelles.» C’est ainsi qu’en avril 2019, ils se sont d’abord installés dans un appartement néoclassique d’Ixelles. Mais, malgré le magnifique parquet et les moulures d’époque, le tandem s’est vite senti étouffé par les lieux. Ils désiraient un espace calme et plus ouvert.

L’année dernière, Hélène et Edouard sont finalement tombés sur une ancienne manufacture de lampes. Ce fut le coup de foudre. «Les bâtiments industriels offrent bien plus de possibilités d’aménagement qu’un appartement classique, explique la propriétaire. Il est vraiment agréable de vivre dans un loft comme celui-ci. Mais l’agencement constitue un défi de taille, surtout si on aime la couleur.»

Le coin salon se veut sculptural avec une œuvre de Julie Lansom, la lampe Cobra de Jack Haywood pour Modeline, le fauteuil Chépa de George Van Rijck et le fauteuil Extrem de Terje Ekstrom pour Varier. Le tapis donne l’impression de marcher pieds nus en pleine nature.
Le coin salon se veut sculptural avec une œuvre de Julie Lansom, la lampe Cobra de Jack Haywood pour Modeline, le fauteuil Chépa de George Van Rijck et le fauteuil Extrem de Terje Ekstrom pour Varier. Le tapis donne l’impression de marcher pieds nus en pleine nature. © Jan Verlinde

Si l’habitation ne dispose pas de jardin, l’absence de verdure est compensée par une surabondance de tons verdoyants. En attestent les murs vert tendre du living et les chaises Orsay de Gae Aulenti, une des rares pièces qu’ils ont récupérées de leur logis précédent. «Dans le salon, nous avons installé un coin de nature artificielle grâce au tapis en relief. Je l’ai dessiné pour Stitch Rugs, une entreprise marocaine qui a ensuite produit ce modèle. Lorsqu’on marche dessus, on a l’impression de se trouver sur un tapis de mousse», décrit la créatrice. Bon nombre d’autres éléments évoquent la nature si bien que le salon ressemble à un bois enchanté futuriste aux nombreuses formes organiques. Il suffit de regarder la chaise serpent Extrem vert canard de Varier Furniture ou la lampe Cobra créée dans les années 60 par Jack Haywood pour Modeline.

L’art de choisir

Pour éviter un clash de meubles et de teintes, le salon est séparé de la salle à manger par un rideau semi-transparent. Cette pièce est, elle aussi, une petite bombe vitaminée: table framboise, étagère lilas et chaises vert gazon. Hélène Rebelo a combiné le tout avec beaucoup de flair, allant jusqu’à y intégrer une lampe Memphis et une chaise de Michele De Lucchi. «La période Memphis a marqué mes débuts dans le design. Le langage atypique des formes, la palette de couleurs, les choix de matériaux: cela m’a parlé d’emblée», précise-t-elle. Lorsqu’elle a lancé Cool Machine, un concept store en ligne, en 2015, les produits étaient largement inspirés de Memphis. Pendant des années, elle a vendu sur cette plate-forme du vintage funky, de la céramique colorée et du design contemporain à une clientèle internationale. «J’y vendais ce qui me plaisait, de manière intuitive. Je suis plus chasseuse que collectionneuse, je peux facilement me séparer de tout ce que j’acquiers. Même si j’aurais du mal à me défaire de l’œuvre abstraite de Julie Lansom qui se trouve dans notre salon, car cet ensemble de couleurs est un liant…»

La salle à manger, avec des chaises Orsay vertes de Gae Aulenti, une chaise et une lampe de Michele De Lucchi, ainsi que des céramiques de Xanthe Somers et Jérôme Massier.
La salle à manger, avec des chaises Orsay vertes de Gae Aulenti, une chaise et une lampe de Michele De Lucchi, ainsi que des céramiques de Xanthe Somers et Jérôme Massier. © Jan Verlinde

L’été dernier, après sept années d’activité, Hélène Rebelo a mis Cool Machine «en pause», car elle souhaitait se concentrer sur des projets d’intérieur et de scénographie. «A présent, je cherche des éléments spécifiques pour le compte de clients ou de marques, précise notre hôte. Ou je crée des décors complets en tant que set designer: des tapis aux meubles en passant par le mobilier et les luminaires.» Elle a ainsi composé un décor pour les parfums Gucci. «Une scénographe de défilés de mode installée à Bruxelles est aussi fan de mon style depuis des années, se réjouit-elle. Son intérieur comporte de nombreuses pièces qu’elle a acquises par mon intermédiaire. Récemment, elle m’a demandé d’aménager son bureau. Comme elle travaille avec vingt personnes, cette mission était un véritable défi.»

Dans la chambre, un tapis Goodmoods x Monoprix, une lampe d’Axel Chay et une table de nuit Lucky Teeth de Camille Menard.
Dans la chambre, un tapis Goodmoods x Monoprix, une lampe d’Axel Chay et une table de nuit Lucky Teeth de Camille Menard. © Jan Verlinde

Belles surprises

Hélène Rebelo a installé plein d’alertes sur des moteurs de recherche, car elle est constamment à l’affût de pièces de déco. Son père parcourt la France pour récupérer ses trouvailles. «Mais c’est de ma mère que je tiens mon sens de la couleur, précise-t-elle. Mon environnement était très eighties: salon vert, cuisine rouge et papier peint à motifs de fruits. Je suis issue d’une famille modeste qui m’a appris qu’un bel intérieur ne se compose pas nécessairement de meubles hors de prix.»

‘Je suis issue d’une famille modeste qui m’a appris qu’un bel intérieur ne se compose pas nécessairement de meubles hors de prix.’

Aujourd’hui, son œil affûté déniche chaque jour des perles design sur Internet. Peu importe qu’elles soient signées. «Je décèle immédiatement le potentiel, même si l’objet est en mauvais état. Un tissu neuf peut faire des miracles», s’enthousiasme-t-elle en montrant un siège vert dans son salon. Nous pensions qu’il s’agissait d’un Pierre Paulin. «Lorsque je l’ai trouvé sur Facebook, il était horrible. Il semblait drapé d’un jogging rose, mais sa forme me plaisait. Et il est magnifique avec sa nouvelle étoffe. Nous craignions qu’il soit impossible de trouver l’identité de son designer, mais par le plus grand des hasards, je suis tombée dessus dans un livre au Design Museum Brussels. Il s’agissait du Chépa de George Van Rijck, une pièce belge de surcroît!» Un petit bonheur parmi tant d’autres.

Hélène Rebelo (34 ans)

Française, originaire de la Loire, elle s’est installée à Bruxelles en 2019.

Elle est fondatrice du concept store en ligne Cool Machine, aujourd’hui fermé.

Elle se concentre sur des projets d’intérieur et de scénographie en tant que directrice artistique.

helenerebelo.com @helene_rebelo

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