Visite d’une maison à la déco brute

La table est signée Vico Magistretti pour DePadova. Autour, des chaises Maye II vert d’Omarcity, Uragano de Vico Magistretti pour DePadova, Papillon d’Arne Jacobsen pour Fritz Hansen, un tabouret bleu de Hem et un exemplaire vintage de Robert Mallet-Stevens pour Ecart International. Le tapis vient du Pakistan et est fait sur mesure, la lampe grise est une création du Corbusier pour Nemo. © JONAH SAMYN

Les éléments bruts qui caractérisent la maison de l’architecte d’intérieur Toon Martens lui confèrent une dimension masculine. En procédant à des «expériences» concluantes, et en optant pour des matériaux abordables, l’ancien mannequin a réussi à respecter son budget.

Entre ses 16 et ses 26 ans, Toon Martens a séjourné en tant que mannequin dans les principales capitales de la mode. «Comme j’ai la peau claire et les cheveux roux, j’étais très demandé au Japon. C’était une belle période: je m’amusais, j’ai commencé à gagner de l’argent très tôt», se réjouit-il.

quelques emplois à temps plein en tant que top-modèle, l’homme a su qu’il voulait devenir architecte d’intérieur. Une fois son diplôme en poche, il avait l’intention d’acquérir de l’expérience au sein de plusieurs bureaux. «J’ai pu commencer immédiatement chez Contekst et cela m’a tellement plu que j’y suis resté. Pendant un an et demi, j’ai fait la navette, juqu’à ce que je me décide à quitter Hasselt, ma ville natale.»

Toon est ensuite devenu non seulement anversois, mais aussi un associé du fondateur, Sam Peeters. Et sa maison est le reflet de la philosophie de Contekst. «Nous insufflons la personnalité de nos clients dans leur habitation, et cela confère une certaine diversité et profondeur à leur intérieur. Nous y apportons aussi un côté funky, une touche rock’n’roll: tout ne doit pas nécessairement être lisse et simpliste.»

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Expérimentations

Il y a trois ans, il a jeté son dévolu sur une maison de maître: emplacement favorable, volume idéal, éléments d’origine charmants, comme la façade, les portes, l’escalier et les manteaux de cheminée. Mais c’était compter sans la surenchère d’un autre candidat acheteur. Toon a donc dû revoir le budget qu’il s’était fixé.

Il a découvert que les faux plafonds cachaient des rosettes et des moulures et a alors pris conscience de la valeur du petit bijou qu’il avait acquis. Aucune transformation structurelle n’était nécessaire, mais le fait que les toilettes se trouvaient encore «dans la cour» en dit long… Il fallait refaire le plafonnage, rénover l’électricité, arracher le carrelage du rez-de-chaussée… Bref: Toon se retrouvait dans une situation semblable à celle de tous les clients dont il avait coécrit l’histoire.

Les choix sont-ils plus difficiles à poser lorsqu’il s’agit de sa propre maison? «Non, au contraire, je voulais que les choses avancent vite, et mes décisions ne se faisaient pas attendre.» D’après lui, avant de débuter les travaux de rénovation, il n’était pas des plus habiles, mais il a réalisé lui-même tout ce qui était dans ses cordes. «De plus, j’avais une équipe de rénovation composée d’amis et de membres de ma famille et j’étais entouré de bons corps de métier qui m’ont aidé à respecter mon budget.»

Ainsi, son menuisier lui a proposé de travailler avec du placage en amazakoué, une essence moins onéreuse que le noyer. Ce matériau a été utilisé pour les meubles de cuisine et de rangement, les bibliothèques et les garde-robes, ainsi que pour les caissons des convecteurs. Le sol du rez-de-chaussée a été recouvert d’une polychape, un matériau aussi robuste que le polybéton, mais trois fois moins cher. Et le sol de la terrasse est en briques posées latéralement. Leur coût: 20 centimes pièce. Et le résultat est très réussi.

Le fait que sa maison comporte de nombreux éléments bruts qui confèrent une dimension masculine relève essentiellement du hasard. Ou, pour reprendre les termes de Toon: c’étaient des expériences. «Lorsque j’ai détapissé les pièces du premier étage, je suis tout de suite tombé amoureux du plâtre beige qui se trouvait en dessous, alors j’ai gardé çà et là un mur «sale». Dans la cuisine et la salle à manger, mon intention était de recouvrir les briques de blanc, mais je me suis arrêté après la couche primaire, car je voulais éviter un effet trop «clean». Idem pour les «vilaines» marches qu’il comptait repeindre après avoir terminé le reste de l’escalier. Et finalement, l’ensemble était tellement satisfaisant qu’il a décidé d’en rester là.

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Investissements

Ici, l’imperfection côtoie la perfection. Les éléments en Inox brossé que l’on voit dans presque toutes les pièces en sont un bel exemple. En effet, les poignées, les meubles de télévision, les porte-savons et les pieds de meubles sont apparents. «Je ne suis pas névrosé, mais je peux être maniaque pour ce genre de détails», ajoute Toon en riant. Même son mobilier et les œuvres d’art suspendues aux murs sont savamment réfléchis. C’est en partie à ses parents qu’il doit son intérêt pour la collection d’icônes du design. Ils lui ont transmis non seulement leur amour pour la qualité, mais lui ont aussi offert des meubles et des armatures. Et ils l’ont poussé à investir l’argent qu’il gagnait en tant que mannequin dans des pièces de valeur, par exemple le fauteuil Utrecht de Cassina. «Mon intérieur n’est pas éclectique, mais j’adore sa version light.»

Récemment, sa compagne Marte, qui partage sa vie depuis six mois, s’est installée chez lui. «Notre seul problème est que nous sommes des fans de mode tous les deux. Or, j’avais déjà sous-estimé ma propre garde-robe lorsque j’ai dessiné le dressing.» Celui-ci sépare la chambre à coucher principale de la salle de bains. La douche ouverte, le volumineux lavabo de récup’ et la porte en miroir lui donnent des airs de suite d’hôtel. Il n’est pas question de fabriquer un plus grand dressing. «Heureusement, la chambre d’amis nous a sauvés.»

Par Katrien Depoorter

Toon Martens (31 ans)

Toon Martens a étudié l’architecture d’intérieur à l’université de Hasselt.

En 2015, il commence chez Contekst, un studio d’intérieur anversois fondé en 2014 par Sam Peeters. Depuis un an, Toon est l’associé de Sam.

Les deux architectes d’intérieur se laissent guider par leur curiosité et créent des pièces d’apparence simple qui flirtent avec le passé et cadrent avec leurs habitants.

contekst.be

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