Visite d’une maison d’hôtes exceptionnelle créée par des Belges, en Provence

piscine Calin Valreas
La piscine avec vue sur les vignes de Câlin © Piet Albert Goethals

Sur les collines de Valréas, dans le Vaucluse, cette luxueuse résidence de vacances, imaginée par des Belges, a ouvert ses portes. Un travail d’équipe qui place notre pays sur la carte internationale du design.

Un lieu sans adresse, tout juste épinglé dans Google Maps, peut évoquer deux visions différentes: un coin reculé incitant à rebrousser chemin aussitôt, ou un éden préservé où se perdre à jamais. Câlin fait partie de la seconde catégorie. Le domaine appartient à une riche famille anversoise qui depuis vingt ans se rend régulièrement à Valréas.

Le paysage magnifique et naturel, autour de ce logement d’exception. Photo : Burobonito

Le père est un mordu de vélo et cette propriété offre l’une des plus belles vues de la région sur le paradis cycliste du mont Ventoux. C’est ce qui l’a, en grande partie, convaincu d’acheter ce site à l’abandon. «Et ce, même s’il était entièrement clôturé par de hauts murs!», se souvient l’architecte d’intérieur Toon Martens du bureau Contekst, qui a pris en charge la rénovation.

Maison Calin valreas cuisine onyx
Dans la cuisine de la maison principale, le plan de travail en onyx rompt avec les couleurs douces de la pierre grise et du placage en chêne brun. Photo: Piet Albert Goethals © Burobonito, Piet-Albert Goethals et Hans Spooren

Un vaisseau fantôme

Lorsque le concepteur anversois est arrivé sur place avec son collègue Sam Peeters, la structure en béton était inoccupée depuis deux décennies. Tout était envahi par la végétation. «Trois volumes avec un toit par-dessus, c’était tout. Une sorte de vaisseau fantôme repris par la nature.»

La rumeur villageoise raconte que l’ancien propriétaire était un entrepreneur libanais. Un amateur d’art qui avait installé à proximité une résidence pour artistes ainsi qu’un espace d’exposition. La tour abritait l’atelier de sa femme. Mais suite à une condamnation pour escroquerie, l’homme aurait quitté le navire du jour ou lendemain.

Chemins de traverse

Depuis la voie carrossable, Câlin est invisible. Un portail anonyme sur une route de campagne ne trahit rien de ce qui se passe deux cents mètres plus bas. Nous nous engageons sur un chemin en gravier blanc et poussiéreux qui serpente entre les vignes. Un pavillon épuré de couleur sable nous accueille. Et ce n’est qu’en descendant l’escalier que l’on découvre, un étage plus bas, la somptuosité de cette résidence de vacances.

Maison Calin valreas
Le mystérieux pavillon d’entrée de Câlin est situé au sommet du domaine. Lors d’une première visite, on ne peut s’imaginer ce qui se trame un étage plus bas. Photo : Piet Albert Goethals © Burobonito, Piet-Albert Goethals et Hans Spooren

A gauche, un long couloir, flanqué d’une pièce d’eau, mène à la visite de la tour. A droite, un escalier conduit à l’espace bien-être souterrain. Tout droit, le salon majestueux de la maison principale s’ouvre sur une grande cour.

De nouveau à l’extérieur, un autre escalier rejoint la piscine, tandis qu’un sentier en pierre guide les curieux vers les vignes environnantes du Clos Bellane. «Les bâtiments étaient perdus dans le paysage. Nous avons reformé un tout», résume Toon.

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Contekst a ajouté une pièce d’eau minimaliste dans le long couloir qui relie la maison principale à la tour. Photo : Piet Albert Goethals © Burobonito, Piet-Albert Goethals et Hans Spooren

Design d’exception

Tant l’aménagement extérieur que celui des espaces intérieurs ont été dessinés par le studio Contekst. Il faut dire que Sam et Toon n’en étaient pas à leur coup d’essai. Ils avaient déjà été mandatés par ces maîtres d’ouvrage, pour d’autres missions à Anvers et Knokke. Mais une aventure à l’étranger d’une telle ampleur était une première pour le duo.

Maison Calin valreas
Une baie complètement ouverte sur le jardin. Photo : Piet Albert Goethals

Des terrasses ont été intégrées et des escaliers ajoutés, tout comme le pavillon d’accueil, la piscine et le pool house qui l’accompagne. Un certain nombre de fenêtres typiques de ces constructions rustiques ont été élargies pour apporter plus de lumière. Cela crée aussi des ouvertures et des vues vers le mont Ventoux.

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Les chambres offrent une vue imprenable sur la piscine, les vignes et le mont Ventoux. Photo : Burobonito © Burobonito, Piet-Albert Goethals et Hans Spooren

Chaque bâtiment est doté d’une atmosphère distincte. La tour affiche un charme rassurant, tandis que la maison principale se caractérise par sa grandeur et une touche de brutalisme. Tout cela a demandé un an et demi de conception!

Face aux éléments du Vaucluse

«En Belgique, on est habitué à disposer rapidement des éléments de base comme l’eau et l’électricité. Ce n’est pas le cas ici. Il a fallu une longue étude préliminaire pour que cela soit possible, racontent les créateurs. On nous disait souvent que cela ne marcherait pas, mais on continuait quand même à chercher une solution. Il n’était pas question d’abandonner.»

L’agence a également dû prendre en compte les éléments naturels: le mistral qui souffle parfois violemment et les trombes d’eau qui s’abattent sur la région. L’apprentissage par la pratique. «En tant qu’agence travaillant surtout à Anvers ou dans la région plate qui l’entoure, nous sommes sortis de notre zone de confort», s’amuse Toon.

Riche ensemble

Pour habiller cette enveloppe de caractère, les propriétaires ont fait appel à la décoratrice Bea Mombaers. Elle a choisi l’ensemble, du mobilier vintage aux petites cuillères dans les tiroirs de la cuisine. Comme elle sait si bien le faire, elle est parvenue à dénicher des objets uniques. Auprès d’antiquaires et d’artisans en Belgique, mais aussi dans cette région qu’elle connaît sur le bout des doigts.

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Dans chaque bâtiment règne une atmosphère différente. Les pièces de l’Île, le volume qui relie la cour à la piscine, sont modernes et minimalistes. Photo : Piet Albert Goethals © Burobonito, Piet-Albert Goethals et Hans Spooren

A une quarantaine de kilomètres de là, elle vient d’ailleurs elle-même d’ouvrir les portes de Mas-en-Scène, la chambre d’hôtes qu’elle tient avec des amis et qu’elle a bien sûr aménagée. A terme, elle créera également une collection de vêtements d’intérieur avec des serviettes et des caftans spécialement conçus pour Câlin.

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Au cours de la rénovation, la charpente et les plafonds en bois de la maison principale ont été soigneusement préservés. Ils soulignent la grandeur du salon. La décoratrice Bea Mombaers a habillé l’ensemble de sa patte. Photo : Piet Albert Goethals © Burobonito, Piet-Albert Goethals et Hans Spooren

Rien que du Belge (ou presque)

Sam, lui, a personnellement sélectionné les œuvres d’art, dans des galeries émergentes et établies d’Anvers et des environs. Le système domotique ultramoderne de Loxone permet de contrôler la lumière, la température ambiante et le système audio depuis n’importe quelle pièce. Il est aussi 100% belge.

L’union fait décidément la force… A ce cocon parfait s’ajoute encore le service exceptionnel de l’hôtesse Ilhem et du chef privé Michael. Le luxe à l’état pur.

Le séjour chez Câlin, en basse saison, coûte entre 200 à 271 euros par nuit, avec un minimum de 3 nuits pour 4 personnes. En haute saison, de juin à septembre, il faut louer l’ensemble du domaine à la semaine, soit un hébergement pour 13 personnes réparties dans 7 suites. Prix sur demande.

Plus d’infos

Sam Peeters et Toon Martens

Ils dirigent ensemble Contekst à Anvers.

Ils ont créé leur studio d’architecture d’intérieur il y a dix ans. Aujourd’hui, Contekst compte sept collaborateurs.

Dès le départ, le tandem a décidé de ne pas se spécialiser dans un créneau particulier. Il réalise autant des transformations résidentielles que des projets horeca ou de bureaux, voire même des créations design. Leur bâtiment le plus connu est probablement le boutique-hôtel Pilar, à Anvers, qui compte 17 chambres et suites, un bar, un magasin d’intérieur et une salle de réunion.

Le nom de ce bureau exprime bien le fait que le duo travaille avant tout sur le contexte et l’implantation – «Nous recherchons la connexion avec l’environnement, sans pour autant renoncer aux préoccupations des occupants.»

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