La couleur, même pas peur! Visite d’un appartement inspiré par Frida Kahlo à Anvers

D'un logement tout blanc de l'entre-deux-guerres, Paulette a fait un nid douillet, faisant la part belle au bleu et au rouge vifs. Dans le salon, on reconnaît le fauteuil Rolf Benz rose qu'elle affectionne tant. © JAN VERLINDE

Alors qu’elle s’apprête à lancer sa propre marque, forte d’une boutique de décoration à Anvers qui fait accourir les passionnés de style bohème, Paulette Van Hacht nous reçoit dans son appartement aux allures de tableau signé Frida Kahlo. La couleur ne lui fait pas peur.

Un intérieur réussi doit être l’autoportrait de ses habitants. Cela peut être un nid douillet, mais également un endroit inspirant et stimulant, ou qui invite au voyage. Force est de constater que les nuances dignes de Frida Kahlo utilisées dans l’appartement de Paulette Van Hacht lui correspondent parfaitement. L’Anversoise, à la tête de la boutique de décoration Paulette in ‘t Stad, est un personnage haut en couleur tout aussi spontané que son chez-soi. Son enthousiasme est contagieux: à peine a-t-on mis les pieds chez elle que l’on veut repeindre chaque pièce de notre maison. « Je ne voulais absolument pas d’un intérieur sans saveur, explique-t-elle, mais quand tous les murs ont été recouverts de couleurs vives, avant que j’y place mes meubles, j’ai quand même eu un peu peur. J’adore le résultat. Je me sens bien chez moi. »

D'un logement tout blanc de l'entre-deux-guerres, Paulette a fait un nid douillet, faisant la part belle au bleu et au rouge vifs.
D’un logement tout blanc de l’entre-deux-guerres, Paulette a fait un nid douillet, faisant la part belle au bleu et au rouge vifs.© JAN VERLINDE

Ce penthouse des années 30 est la preuve que rien ne sert de vouloir tout rénover sous prétexte que les murs sont anciens. « La disposition des lieux était parfaite et j’ai trouvé quelques éléments originaux dans cet appartement. Et les couleurs l’ont véritablement transformé. » Le hall rouge sang est une entrée en matière assez modérée, comparé au plafond vert olive, au couloir aux rayures roses et au salon bleu Schtroumpf. Même son compagnon a eu quelques difficultés à s’y habituer. « Au départ, tout était blanc. Je ne me suis pas plongée dans la psychologie des couleurs, j’ai laissé place à mon intuition, comme si je peignais une aquarelle. J’aime puiser mon inspiration dans d’anciens magasines de décoration ou au cours de mes voyages. J’ai trouvé ce bleu très spécifique dans un château français, repris dans Haute Bohemians de Miguel Flores-Vianna. Je suis allée acheter la peinture avec le livre en main », précise la propriétaire des lieux.

Cet intérieur surprend par ses combinaisons audacieuses entre des tapis berbères, des objets anciens et des textiles colorés.
Cet intérieur surprend par ses combinaisons audacieuses entre des tapis berbères, des objets anciens et des textiles colorés.© JAN VERLINDE

Une sélection originale

L’appartement de Paulette n’est pas un showroom: les clients ne peuvent pas s’y présenter pour acheter ou contempler certaines pièces. Cependant, chaque objet a été choisi avec soin pour l’endroit. « Je ne me séparerai jamais de ce fauteuil Rolf Benz en cuir rose des années 80. Même si mon père le juge affreux. Dans ma chambre, vous trouverez un lustre « sac à perles » et un paravent italien, tous deux des héritages familiaux. Je rêve d’ouvrir un jour une boutique avec uniquement de telles antiquités. »

La jeune femme est d’ailleurs en train de réaliser un autre de ses rêves, en lançant sa propre marque de décoration, en collaboration avec sa mère, l’architecte d’intérieur Catherine De Vil. « Voici le nom de notre griffe en avant-première: May I Come In, nous annonce-t-elle avec fierté. Je fabriquais déjà des abat-jour sur mesure pour mes clients. Et Maman faisait produire du mobilier unique pour ses projets. Nous avons combiné nos forces pour créer notre propre label. Nous proposerons des abat-jour, entre autres, mais également des tables de salon et des rideaux. Ce n’est qu’un début, mais nous avons beaucoup d’ambition. »

Hormis les aplats bleu Majorelle, Paulette n'a rien changé dans sa salle de bains.
Hormis les aplats bleu Majorelle, Paulette n’a rien changé dans sa salle de bains.© JAN VERLINDE

Brols en tous genres

Côté affaires, la Belge s’y connaît également puisqu’elle est diplômée ingénieure commerciale depuis 2014. Toutefois, à l’époque, elle n’avait pas de plan de carrière. Elle ne se voyait pas suivre les pas de sa mère immédiatement. « J’ai donc fait un tour du monde pendant un an. J’espérais rentrer à la maison avec une réponse claire. Cela n’a évidemment pas été le cas, raconte-t-elle. Je devais trouver du travail, mais après 6 mois dans le monde de l’entreprise, j’ai compris: je ne m’y sentais pas à ma place. Un jour, ma soeur et moi avons acheté quelques accessoires sur un coup de tête. De brols de toutes les couleurs. Pour gagner un peu d’argent, nous avons ensuite organisé une vente dans un bâtiment à Lierre. Comme je voulais aménager un peu l’espace pour le rendre plus accueillant, j’ai reçu un budget de la part de ma maman pour chiner quelques objets déco sur les brocantes et dans les magasins de seconde main. J’ai adoré. Et à ma grande surprise, nous avions presque tout vendu en un week-end. Aussi bien nos créations que les décorations. Je devais donc refaire mon stock le plus rapidement possible. Ce dernier n’a pas non plus résisté au week-end suivant. »

Cet intérieur surprend par ses combinaisons audacieuses entre des tapis berbères, des objets anciens et des textiles colorés. Les rideaux sont faits de vieux saris.
Cet intérieur surprend par ses combinaisons audacieuses entre des tapis berbères, des objets anciens et des textiles colorés. Les rideaux sont faits de vieux saris.© JAN VERLINDE

Ce succès inattendu a motivé Paulette Van Hacht à aller encore plus loin: en 2016, elle ouvre une mini-boutique à Anvers, Paulette in’t Stad, où elle met en vente ses coups de coeur éclectiques. « Mes petites trouvailles font leur effet. Gert Voorjans, célèbre décorateur belge, fait même partie de mes premiers clients. J’étais si fière, c’est l’un de mes modèles. La manière dont il arrive à transformer des espaces m’inspire énormément. Quand j’ai vu qu’il lançait une collection de tissus avec Jim Thompson, j’en ai directement commandé quelques mètres. J’en ai fait des rideaux et des abat-jour. »

Cet intérieur surprend par ses combinaisons audacieuses entre des tapis berbères, des objets anciens et des textiles colorés.
Cet intérieur surprend par ses combinaisons audacieuses entre des tapis berbères, des objets anciens et des textiles colorés.© JAN VERLINDE

Grâce à sa tante, Marie-Paule De Vil, Paulette a eu l’occasion d’ouvrir un pop-up à Knokke durant l’été 2017. Dans un endroit de choix: la galerie Geukens & De Vil sur la digue. « J’y ai rencontré beaucoup d’Anversois, qui n’avaient jamais entendu parler de ma boutique », raconte-t-elle. Depuis, Paulette a déménagé dans un magasin plus récent et beaucoup plus grand, à Anvers toujours, qui fait tout aussi impression que son appartement: la façade est couleur sable et jaune vif, l’intérieur mauve pâle avec des plafonds bleus et des murs roses. Dans ce livre à colorier, elle présente en toute simplicité des trouvailles exotiques, des tapis berbères ou du vintage sexy. Ainsi des fauteuils Ligne Roset des seventies, des coussins Kekke et des rideaux faits à partir d’anciens saris indiens.

En bref: Paulette Van Hacht

Les parois du coin bureau sont, elles, couvertes d'une peinture à la chaux rouge sang de boeuf, qui contraste avec la sculpture en béton de Jef Meyer.
Les parois du coin bureau sont, elles, couvertes d’une peinture à la chaux rouge sang de boeuf, qui contraste avec la sculpture en béton de Jef Meyer.© JAN VERLINDE

Elle est la fille de l’architecte d’intérieur Catherine De Vil.

Elle obtient son diplôme d’ingénieure commerciale, en 2014, à Gand.

Après un tour du monde, elle vend des accessoires et des objets de seconde main.

Elle ouvre sa propre boutique Paulette in ‘t Stad en 2016, à Anvers.

Elle tient les rênes d’une boutique pop-up à Knokke, pendant l’été 2017.

Elle emménage dans un espace plus grand, à Anvers.

Elle se lance dans la décoration d’intérieur en suivant son style bohème vintage.

Elle crée sa marque, May I Come In, en 2020, en collaboration avec sa mère.

pauletteintstad.com

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