« La création est un aller simple », rencontre avec Konstantin Grcic

Dans le cadre du festival Design September, le designer Konstantin Grcic s’est offert un week-end prolongé dans notre capitale, dont il recommande d’ailleurs l’Atomium, « qu’apparemment si peu de Bruxellois ont réellement visité ».

Munichois d’origine, Konstantin Grcic débute dans la restauration de meubles avant de faire ses armes au Royal College of Arts de Londres, où il s’inscrit dans le sillage de Jasper Morrison. Créateur à succès pour nombre d’éditeurs de premier plan (Moroso, Magis, Flos), Grcic incarne aujourd’hui l’archétype du designer industriel moderne – en témoigne son titre de Designer de l’année 2010 – et figure logiquement parmi les plus prestigieux invités de cette septième édition de Design September.

Ce lundi soir sur l’estrade du Studio 1 de Flagey, il a parlé – entre autres ! – des grandes icônes du design depuis la 14 de Thonet, de son admiration pour Philippe Starck, du problème global des contrefaçons et de son combat juridique contre le géant américain Kmart. Le tout sans se départir d’un éternel sourire en coin et d’un impeccable accent londonien.

Nous avons saisi l’occasion de lui poser quelques rapides questions.

Quels sont les projets qui vous occupent pour le moment ?

Konstantin Grcic : Mon studio entre dans une période très productive de l’année. Enfin, on ne sort encore rien de nouveau pour l’instant, mais on espère présenter tout ça au printemps 2014. Je ne peux pas encore vraiment en parler, mais il s’agit de marques avec qui j’ai l’habitude de collaborer comme Magis ou Flos.

Des compagnies auxquelles avec qui vous travaillez depuis de longues années. Aucun problème pour vous renouveler ?

KG : Je ne dois pas nécessairement me réinventer à chaque fois, mais plutôt avancer, aller de l’avant. Et encore, parce qu’à certains moments, il faut pouvoir regarder en arrière aussi. La création est un aller simple, on embarque dans un projet et c’est à chaque fois différent, même s’il s’agit d’un type de produit déjà approché par le passé, et ce avec le même éditeur. De toute façon, les choses évoluent. Je change, l’entreprise change, c’est tout à fait naturel.

Que vous travailliez sur un projet anonyme pour Muji ou une vitrine glamour pour Hermès, c’est le même processus de travail ?

KG : Certaines choses sont probablement pareilles. Disons que je ne change pas nécessairement ma façon de travailler, mais que les conditions du boulot peuvent énormément varier suivant les projets. L’environnement, les moyens accordés, ça fait parfois une énorme différence.

Vous avez récemment déclaré qu’un nombre grandissant de marques engageaient des designers renommés pour leur nom plus que pour leurs talents…

KG : Oui, bien que je ne visais personne en particulier. C’est un fait et je ne prétends pas vouloir le changer, mais c’est quelque chose que j’ai constaté. Personnellement, je préfère m’investir dans des collaborations de longue durée avec les éditeurs. Devenir une marionnette marketing qui sert les ambitions d’une marque à court terme, très peu pour moi.

Mais vous êtes déjà un argument marketing…

KG : Bien sûr, d’une certaine manière, on est utilisés aussi et ça fait partie du deal. Mais c’est également un moyen de soutenir le projet et je suis heureux de le faire, du moins tant que le client me traite avec respect. Pas pour coller une étiquette à mon nom sur le produit, mais pour valoriser le travail réalisé.

Vous avez une image plutôt complexe, souvent vue comme logique et rationnelle, alors que votre discours insiste aussi sur l’importance de l’imprécision, du désordre. Comment vous voyez-vous ?

KG : A peu près comme ce que vous décrivez. Je suis tout ça à la fois, sans dénomination précise, notamment pour rester libre de changer. L’année prochaine, je peux très bien me tourner vers la déco, pourquoi pas ? Le besoin de catégoriser les personnes pour des raisons de communication, je ne m’en plains pas, mais je n’essayerai jamais de me catégoriser d’aucune façon. Je suis tout ce que vous avez dit, et bien plus.

A ne pas manquer, l’expo « Grcic Seated », jusqu’au 29 septembre à la Fabrika, 182 rue Antoine Dansaert, 1000 Bruxelles.

http://konstantin-grcic.com

www.designseptember.be

http://lafabrika.be

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