La maison de la sérénité

L’architecte bruxellois Jean-Marie Gillet marie avec talent les volumes justes et équilibrés, les jeux de lumière intimistes et une palette très contemporaine. Démonstration dans cette habitation XXL, à Bruxelles.

Guidé par un souci de perfection, l’architecte bruxellois Jean-Marie Gillet marie avec talent les volumes justes et équilibrés, les jeux de lumière intimistes et une palette très contemporaine. Démonstration dans cette habitation XXL, à Bruxelles.

On pousse la porte… Et nous voici au coeur d’une superbe demeure rythmée de lignes nettes et décisives, où les perspectives s’étirent à l’infini. Un univers fort, et cependant serein : on se sent immédiatement apaisé dans cette maison dont la rigueur est poétique, la géométrie chaleureuse, l’originalité tonique. « Mon idée première consistait à construire une fermette cossue, en briques et pierres blanches, tout ce qu’il y a de plus classique, confie le propriétaire. Les plans étaient finalisés lorsqu’une femme, éprise de modernité, est entrée dans ma vie. »


Notre hôte se convertit alors aux conceptions architecturales contemporaines de sa nouvelle compagne, renonce à la fermette et change d’architecte. Il se tourne vers Jean-Marie Gillet, déjà l’auteur de ses bureaux et réputé, aussi, pour ses habitations dans l’air du temps, vastes, aérées, fraîches où une touche d’audace n’est jamais absente. « Ma préoccupation première est le bien-être des occupants, souligne l’architecte bruxellois. Je ne dessine pas pour me faire plaisir ou pour la gloire, encore moins pour faire « un geste architectural ». J’apporte ma personnalité, mes expériences et ma maîtrise technique pour construire une maison harmonieuse, en phase avec le mode de vie des habitants et bien intégrée dans le site. »


Le site, justement. Depuis des années, le propriétaire convoitait cet immense jardin de 1 560 m², légèrement dénivelé, entouré d’arbres séculaires, jouxtant une petite maison. Coup de chance ! Il a pu acquérir l’habitation (qui sera revendue par la suite) et obtenir un permis de lotir dans le jardin. Mais Jean-Marie Gillet, lui, s’est ainsi trouvé face à des contraintes urbanistiques très rigoureuses et à une obligation de s’inscrire dans des gabarits extrêmement précis.
Le briefing ? « De l’espace et encore de l’espace, sans toutefois se sentir perdu dans le vide. » Le propriétaire a souhaité quatre chambres, quatre salles de bains, deux bureaux et un grand salon, confortable et intime. « Il y a des architectes qui imposent, note-t-il. Jean-Marie Gillet écoute et intègre. Notre collaboration a été un parcours sans faute, j’ai accepté le premier projet qu’il m’a présenté. »


L’architecte a opté pour une structure en blocs de béton coulés sur place. Les façades sont protégées par un isolant et un enduit teint dans la masse. Un vitrage très performant assure également une excellente isolation. La maison est chauffée par le sol, de façon traditionnelle, au gaz. A noter, deux dispositifs éco-friendly : une chaudière à condensation qui permet de brûler le gaz à deux reprises et un réservoir d’eau de pluie de 10 000 litres qui sert à la fois pour les WC et pour l’arrosage du jardin.


A l’intérieur, une importance particulière a été accordée aux zones de circulation et leur valeur symbolique de lieux de rencontre. Certes, les différents espaces sont séparés mais l’ensemble ne dégage aucun sentiment d’enfermement ou de cloisonnement. Au rez-de-chaussée, le passage est fluide entre les vestiaires, le salon, le bureau et la cuisine. Cette dernière séduit par un beau volume (3,50 m de hauteur sous plafond), largement ouvert sur le jardin. L’architecte a dessiné tout l’équipement intérieur, en privilégiant une grande simplicité et beaucoup d’ergonomie. Les plans de travail ont été remontés à 100 cm, au lieu des 90 cm habituels, pour s’adapter à la taille (2,05 m) du maître des lieux.


Les matériaux font la part belle à la nature. Le bois de wengé s’impose pour la table de la cuisine ainsi que dans le mobilier intégré du salon, de la chambre, de la salle de bains et du bureau. La pierre de lave envahit en partie le sol de la cuisine et les plans de travail. Partout ailleurs, le sol est entièrement recouvert de plancher en chêne huilé blanchi qui unifie l’espace.


La maison entière est une variation en teintes claires et poudrées, éclairée, çà et là, de taches plus sombres, avec quelques fonds blancs. Le salon est dédié au farniente et aux conversations entre amis autour de l’âtre de la cheminée. Pas d’objets superflus ni de bibelots, mais quelques oeuvres d’artistes et tableaux attentivement disposés de façon à s’intégrer dans la mise en scène générale, et à la souligner.


Les deux volées d’escalier, exploitées en demi-niveaux justifiés par la structure du terrain, ouvrent sur « le royaume » du propriétaire : trois espaces en enfilade qui accueillent la chambre, le dressing et la salle de bains. Une fois de plus, la décoration va à l’essentiel. Rien ne heurte le regard qui peut jouir à loisir de la nature foisonnante qui s’invite à travers les immenses baies vitrées.


Jean-Marie Gillet a soigné tous les détails. On remarque partout des faux plafonds désolidarisés qui apportent une plus-value esthétique et ouvrent davantage l’espace. Les « gorges » pour les rideaux cachent judicieusement les tringles encombrantes. Toutes les portes coulissent pour « disparaître » dans les murs. Les surfaces se font lisses et planes, douces pour le regard. Une unité harmonieuse règne partout.


Par Barbara Witkowska / Photos : Renaud Callebaut

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