Le design en mode cadavre exquis

D’où vient une idée ? Comment un designer en vient-il à créer une lampe ? Bien plus que des tables et des chaises, le design est un langage, un mode de communication, et un moyen d’explorer la créativité, l’origine et le cheminement des idées, comme le montre l’exposition sérieusement ludique Design Exquis actuellement visible à Liège.

Le designer français Florian Dussopt et la journaliste belge, Géraldine Vessière, commissaires de l'exposition Design exquis
Le designer français Florian Dussopt et la journaliste belge, Géraldine Vessière, commissaires de l’exposition Design exquis© DR

Quand le design rencontre la technique du Cadavre exquis, méthode largement utilisée par les surréalistes, cela donne une chaîne créative des plus inattendues. Un stéthoscope peut ainsi aboutir à une Vénus de Google, impression 3D abstraite d’une image créée par un algorithme ; une vis à bois peut entraîner une querelle de designers autour des bienfaits et méfaits des bactéries et un bloc de savon peut mener par des voies détournées à la composition du son du marbre.

En créant la série d’expositions Design Exquis, le designer français Florian Dussopt et la journaliste belge, Géraldine Vessière, tous deux installés à Londres, ont cherché à faire s’entrechoquer des idées, provoquer un dialogue entre designers, en utilisant le design comme langage commun, créer une interaction avec le public et explorer le processus créatif.

Matthew Plummer Fernandez
Matthew Plummer Fernandez© DR

Un principe simple préside à chaque exposition: les commissaires choisissent un premier objet et demandent à un designer de s’en inspirer pour en inventer un nouveau. Sa création est ensuite transmise à un deuxième designer auquel le même exercice est demandé et ainsi de suite. « Les participants ignoraient tout des oeuvres antérieures ainsi que de l’identité des autres participants. On voulait que la seule source d’inspiration soit le dernier objet créé » explique Florian Dussopt. « Ils n’avaient aussi qu’un seul mois pour créer leur objet. Un mois pour avoir l’idée, la développer, et la matérialiser, » poursuit Géraldine Vessière. « Dans le monde du design, c’est très court. »

Afin d’expliquer le processus créatif, chaque designer est également chargé d’expliquer son cheminement, ou comment il est passé de l’objet reçu à l’objet conçu, sur un long tableau, également présenté au public.

Brethe, Plant & Moss
Brethe, Plant & Moss© DR

Trois expositions sont nées de cette collaboration. Elles ont eu lieu à Londres entre 2012 et 2013, dans le cadre des London Design Festival 2012 et 2013 et de la Clerkenwell Design Week 2013. Toutes ont utilisé le même concept, mais ont choisi des designers et des points de départ différents — la vis à bois, le stéthoscope ou le savon.

L’une de ces expositions est actuellement visible à Liège, dans le cadre de la triennale du design Reciprocity. Elle présente les oeuvres spécialement conçues pour Design Exquis par les designers James Plant, Dominic Wilcox, Georg OEhler et Matthew Plummer-Fernandez. Dans celle-ci, un stéthoscope a donné naissance à une lampe inspirée du rythme de la respiration. Elle-même a insufflé l’idée de créer une radio alimentée par un soquet de lampe. Elle a, à son tour, entrainé la conception d’un coffre qui, lorsqu’ouvert, laisse passer une douce lumière diffusée par des plumes d’oie. Et de ce coffre, le dernier designer de la chaîne a fait émerger la Vénus de Google, une impression 3D d’une image créée par un algorithme.

Design exquis, du 3 au 30 octobre 2015, dans le cadre de Reciprocity, triennale du design et de l’innovation sociale de Liège. Vernissage le 3 octobre de 17 à 19h. A la Halte, rue de la Casquette 4, 4000 Liège.

www.designexquis.org

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