L’univers Sarah Lavoine débarque à Bruxelles: rencontre avec la plus parisienne des décoratrices
Sarah Poniatowski, fondatrice de la Maison Sarah Lavoine, ne cesse de rajouter étages et annexes à la marque de design qu’elle a bâtie. Dernier grand chantier en date : l’ouverture d’une première boutique à l’international. Et c’est Bruxelles qu’elle a choisi pour ce déploiement, comme une évidence.
On a encore le mauvais réflexe de l’appeler Sarah Lavoine. Son nom est pourtant Poniatowski. C’est sous ce patronyme aux accents de noblesse polonaise – adopté aussi par sa mère, décoratrice d’intérieur – qu’elle a grandi entourée de belles matières, d’objets chinés, avec « un œil que l’on ouvre à l’esthétisme ».
Pourtant, ce n’est pas tant ce nom-là qui l’a encombrée à une époque où l’on reprochait aux filles bien nées de décorer pour s’occuper. « Les femmes de ma famille ont travaillé, de génération en génération, jusqu’à mon arrière-grand-mère. Les femmes au foyer, ce n’est pas du tout dans nos gènes, s’amuse-t-elle. En revanche, j’ai dû me faire un prénom et affirmer que ce n’était pas un passe-temps d’épouse de chanteur. »
Identité et voyages
Car quand elle monte son studio d’architecture d’intérieur, Sarah Poniatowski est mariée depuis quelques années avec Marc Lavoine. Avec lui, elle a mis en commun une vingtaine d’années partagées, trois enfants et un nom de famille qu’elle utilisa pour créer son identité professionnelle puis son label Maison Sarah Lavoine. « Après le divorce, ça a été très compliqué, schizophrénique. Au début on ne savait plus comment faire. La marque avait grandi, bien plus que ce que j’imaginais que ça deviendrait. Moi-même j’étais touchée dans mon identité, je ne savais plus comment me présenter. Désormais Sarah Lavoine – la personne – n’existe plus ; la marque demeure. »
Notre échange se glisse entre un retour de Rome et un départ pour une mission humanitaire avec la Fondation Air France. Elle parle des patines, des couleurs et du jardin de la villa Médicis, comme nourrie par une rencontre. On devine qu’une part de ces détails et sensations finiront sur un mood board, à l’image de la découverte de la maison de Frida Kahlo à Mexico qui a inspiré des éléments de la dernière collection. Parmi les destinations d’ancrage de la voyageuse, on trouve le Maroc, où elle a passé de nombreux moments avec son père, Jean Stanislas, ancien directeur de Vogue, et le bassin d’Arcachon, écrin de famille où elle va se reposer avec ses enfants et son compagnon.
Le pouvoir de la visualisation
Du repos, parfois, un bain chaque matin (son « plaisir coupable »), jamais de café, toujours beaucoup de projets. Elle affiche une ambition certaine, mais surtout un enthousiasme, un déploiement d’énergie tout en gratitude. Elle fait ce qu’elle aime, « et ce n’est pas donné à tout le monde ». Elle perçoit un sens, une importance, dans cette tâche consistant à « aider les gens à se sentir bien chez eux ».
Sa recette : beaucoup de travail et un recours à la loi de l’attraction : « J’y crois beaucoup, Edouard, mon directeur général, également. Je suis vraiment dans cette démarche de visualisation pour appeler les choses à moi. Il ne s’agit pas de rester dans mon canapé à me dire que j’ai envie de ça. Il faut se donner du mal, il faut bouger, mais ce sont des énergies positives que l’on envoie. »
“Je suis vraiment dans cette démarche de visualisation pour appeler les choses à moi.”
La méthode semble payer. Il y en a eu des chantiers, des nouvelles références en boutiques depuis ce moment où elle a décidé de révéler les lieux de vie des autres plutôt que de se contenter de déménager et réorganiser sans cesse son propre appartement. Logements particuliers, sièges d’entreprises, hôtels, restaurants (dont le Café Joyeux, récemment ouvert à Bruxelles), zones de repos en milieu hospitalier ; elle façonne de nombreux univers, collaborant avec d’autres marques ou des musées comme le Louvre. « Il n’y a pas un univers dans lequel je suis plus à l’aise, car tout part de la rencontre avec les clients. Ce dont j’ai besoin c’est d’une connexion. Dans ce que je n’ai pas encore fait, j’aimerais bien travailler sur la montagne ou la mobilité ; les trains, les bateaux, les avions. »
Une maison dans toutes ses dimensions
Dans ses boutiques, qui accueillaient au départ ses coups de cœur déco, elle propose désormais également des pièces de mode, des bijoux, des produits de beauté. « Hermès a commencé avec des selles de cheval et finalement on se retrouve avec de l’horlogerie, des parfums, etc. On a envie d’être ce genre de maison-là », projette-t-elle.
Hermès a son orange. La Maison Sarah Lavoine a son bleu, nommé Bleu Sarah. Un peu de la teinte des saris indiens, un peu du chatoiement du paon ; « Il change de couleurs selon le ciel, c’est un bon compagnon, résume la créatrice. Il s’est imposé par lui-même. Au départ c’était la couleur de mon logo, puis on l’a mis sur une assiette en céramique, la brillance était très belle. Puis sur du velours, sur un mur…et c’est devenu ma signature. »
Dans sa déco, elle mêle le bleu à l’ocre, à l’aubergine. Sur elle, peu de couleurs. Plutôt des jeans, du noir. Avec parfois l’audace d’un costume rouge, d’un pantalon doré « pour bousculer un peu les choses », quand elle se sent « bien ». Comme aujourd’hui, à l’aube d’une cinquantaine qu’elle a accueillie de manière festive, en parallèle des 25 ans de son aînée et alors qu’elle ouvre sa première boutique hors de France, chez nous. « Nous vendons beaucoup de mobilier donc le développement de la marque à l’international devait passer par les pays limitrophes. Et très logiquement, c’est Bruxelles et surtout la Belgique, qui a une sensibilité très forte et aime la maison, qui s’est imposée. Je travaille depuis toujours avec des fournisseurs et des fabricants belges. Ils ont un goût fou », affirme la businesswoman.
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Après deux ans de recherches, son choix s’est porté sur une adresse élégante, place Brugmann. Elle voulait un lieu qui ait une âme, son obsession pour la lumière l’a fait craquer pour la verrière du fond. « Mon rêve serait que Paris soit à Marseille. La lumière naturelle est très importante pour moi, j’ai besoin de ça. Et j’aime multiplier les sources de lumière. C’est ce qui fait l’ambiance, mais aussi le succès d’un lieu », résume-t-elle. D’ailleurs quand on lui demande de nommer une de ses obsessions déco qu’elle est certaine de ne jamais renier, celle qui s’appuie pourtant sur de nombreux choix intemporels n’hésite pas. Elle reparle de jeux de lumière et de ces bougies qu’elle allume par grappes à la première occasion.
Sarah Lavoine, en bref
Elle naît le 3 mars 1973 à Neuilly-sur-Seine (France).
En 2002, elle crée son studio d’architecture d’intérieur.
L’ouverture de la première boutique Maison Sarah Lavoine, à Paris, date de 2011.
En 2018, elle divorce du chanteur Marc Lavoine, au terme de vingt-trois ans de mariage.
En juin 2023, elle ouvre sa première boutique à l’étranger, au 8, place Brugmann, à Bruxelles.
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