Milan, le bilan: ce qu’on a vu et retenu de la Design Week et du Salone del Mobile

Des classiques de l’ameublement revisités façon pièces de mode à des luminaires balais, en passant par des urnes funéraires insolites: voici ce que notre journaliste design, Amélie Rombauts, a retenu de la Milan Design Week et du Salone del Mobile.
Nouveau cachet
Les dialogues entre les univers du design et de la mode font partie intégrante de la Milan Design Week. Le lancement de la collaboration entre Anthony Vaccarello chez Saint Laurent et Charlotte Perriand a été l’un des premiers temps forts de cette édition. «Sa modernité pure s’accordait parfaitement avec les créations d’Yves Saint Laurent. Celui-ci a collectionné ses créations tout au long de sa vie, tandis que Pierre Bergé a soutenu d’importantes rétrospectives de son travail dans le monde entier.»
Cette association s’inscrit également dans l’ambition de Saint Laurent de rendre accessibles à un public plus large (mais encore restreint) des pièces emblématiques bien qu’exclusives de l’histoire du design. Vaccarello a choisi quatre créations de Perriand qui n’existaient jusqu’à présent que sous forme d’esquisses ou de prototypes. Elles ont été reproduites avec le souci du détail et rééditées en éditions limitées, disponibles sur commande.
A la deuxième place: la chaise S64 et la table d’appoint B97 de Thonet, dans une version imaginée par Jil Sander. La styliste allemande avait fait ses adieux à la mode, mais sa créativité continuait à la titiller. «Même si je n’avais pas l’intention de réinventer ces classiques, je voulais affiner les pièces», a-t-elle déclaré lors de l’inauguration. Nous y avons découvert des détails en bois laqué brillant, des structures en tube d’acier mat, des sièges et des dossiers en rotin tressé ou en cuir bleu graphite, rouge rubis, blanc albâtre et «noyer brûlé». Parmi ses inspirations, l’artiste a cité le vernis des pianos à queue Steinway et le revêtement en cuir des anciennes voitures de luxe anglaises.
Repéré
Bien qu’elle soit toujours une simple inconnue ici, la Slovène Lara Bohinc s’est fait un nom année après année à Alcova, le paradis du design de collection à Milan. Cette fois-ci avec Betsy, une gamme de tables d’appoint de différentes formes et hauteurs, conçue pour Uniqka, une entreprise basée à Istanbul. Là-bas, les maroquiniers Kerem Aris et Merve Parnas fabriquent chaque exemplaire à la main, en appliquant soigneusement du cuir de selle épais mais souple, pièce par pièce, couche par couche, sur un cadre en bois. Le résultat? Un effet très doux au toucher. Le design est également bien pensé: les chutes de cuir sont réutilisées autant que possible pour minimiser les déchets. JL
L’équilibre parfait
L’architecture spectaculaire et les formes étonnantes ne parlent pas vraiment à l’architecte-designer Antonio Citterio. «Parfois, je me sens un peu comme un anthropologue. Je conçois pour des marques qui comprennent qu’un design ne doit pas seulement s’articuler autour d’une image forte, mais qu’il doit servir ceux qui l’utilisent», nous a-t-il confié. Voilà pourquoi il s’entend si bien avec Flexform.
Leur dernière création s’appelle Loungescape. Pour l’avoir essayée, on peut affirmer que l’équilibre idéal entre les proportions et l’inclinaison n’est pas un mythe. Une fois assis, on ne peut plus s’en relever. Mieux vaut prévoir une collation, une boisson… et une bonne excuse pour ne plus devoir bouger.
flexform.it
Lumière sur l’Europe
Tous les deux ans, Euroluce donne le ton au Salone del Mobile avec les dernières innovations et tendances en matière de luminaires design.
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FormaFantasma a conçu le SuperWire pour Flos. A travers le verre, on peut voir comment la lampe a été développée. flos.com
2/8
Le Belge Bertrand Lejoly rend un hommage subtil à Gio Ponti dans sa Belle Haleine pour FontanaArte. bertrandlejoly.com
3/8
Est-ce une brosse ou une lampe? Avec sa série Anachron, l’entreprise turque Studio Lugo associe l’artisanat traditionnel au minimalisme contemporain. studiolugo.com
4/8
La lampe d’extérieur Astral Trellis de Jan Van Lierde pour Platek projette une «sérigraphie» de lumière sur les murs et diverses surfaces. platek.eu
5/8
Dans cette lampe suspendue de l’Australien Articolo Studios, on peut orienter la lumière en faisant glisser le boîtier en cuir. articolostudios.com
6/8
Le Britannique Tom Dixon joue avec les formes coniques dans sa lampe de bureau Pose. Egalement disponible en version portable. tomdixon.net
7/8
Le sculptural lampadaire Axis est une coproduction du studio américain Unform et du concepteur d’éclairage londonien George Goodwill. L’acier inoxydable lui confère un aspect futuriste. unformstudio.com
8/8
Le maître de la lumière Michael Anastassiades a conçu ce lampadaire en pensant à l’agilité et à la transformation. Il fait partie de sa nouvelle collection de luminaires modulaires. michaelanastassiades.com
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FormaFantasma a conçu le SuperWire pour Flos. A travers le verre, on peut voir comment la lampe a été développée. flos.com
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Le Belge Bertrand Lejoly rend un hommage subtil à Gio Ponti dans sa Belle Haleine pour FontanaArte. bertrandlejoly.com
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Est-ce une brosse ou une lampe? Avec sa série Anachron, l’entreprise turque Studio Lugo associe l’artisanat traditionnel au minimalisme contemporain. studiolugo.com
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La lampe d’extérieur Astral Trellis de Jan Van Lierde pour Platek projette une «sérigraphie» de lumière sur les murs et diverses surfaces. platek.eu
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Dans cette lampe suspendue de l’Australien Articolo Studios, on peut orienter la lumière en faisant glisser le boîtier en cuir. articolostudios.com
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Le Britannique Tom Dixon joue avec les formes coniques dans sa lampe de bureau Pose. Egalement disponible en version portable. tomdixon.net
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Le sculptural lampadaire Axis est une coproduction du studio américain Unform et du concepteur d’éclairage londonien George Goodwill. L’acier inoxydable lui confère un aspect futuriste. unformstudio.com
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Le maître de la lumière Michael Anastassiades a conçu ce lampadaire en pensant à l’agilité et à la transformation. Il fait partie de sa nouvelle collection de luminaires modulaires. michaelanastassiades.com
Rien de plus normal
La demande de funérailles moins traditionnelles augmente, et avec elle, l’offre d’objets de deuil. En Belgique, on connaît déjà les urnes architecturales de Sanctuary et les objets commémoratifs personnalisés de Soulace. A Milan, c’est Alessi qui s’empare de la tendance. «Nous avons déjà réalisé des boîtes de de différentes formes pour d’innombrables usages», explique Alberto Alessi.
Depuis qu’il a repris l’entreprise de son père, il a mis sur le marché de nombreux produits iconiques. «Pourtant, il manquait une catégorie de design qui reçoit aussi étonnamment peu d’attention: l’urne.» Il a demandé à dix designers, dont David Chipperfield, Michael Anastassiades, Daniel Libeskind, Philippe Starck et Michele De Lucchi, d’en concevoir une. Le résultat est The Last Pot, une collection comprenant autant d’objets stylisés à la forme évoquant celle d’un livre, d’une larme, d’une maison ou même d’un os, tous destinés aux cendres des êtres chers comme des animaux.
Disponible en 2026. Prix conseillé: 500 euros. alessi.com
Repéré
La Californie des années 1960 continue de captiver. Elle a été le théâtre d’une révolution dans le monde du design. Comme œuvres emblématiques, on pense à la Stahl House de Pierre Koenig ou à la Chemosphere de John Lautner. Cette époque a inspiré la collection West Coast Aesthetics de Baxter. Le Ginevra, avec ses accoudoirs et son dossier ressemblant à des coussins à volants, dégage des vibrations grannycore ou cottagecore populaires sur TikTok. Une pièce intemporelle.
Ginevra, par Paola Navone, en cuir blanc brut. baxter.it
Repéré
D’un mouvement fluide, ce siège «deux en un» passe d’une assise droite à une position lounge. Une technologie brevetée, fruit d’une collaboration entre la start-up moveinBASE et Werner Aisslinger, qui a conçu le siège en aluminium et en liège. L’Allemand a travaillé auparavant pour Moroso et Cappellini et a vu ses créations exposées au MoMA et au Metropolitan Museum. Peut-être ce siège innovant y trouvera-t-il aussi bientôt sa place?
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Pour Anni
Bien qu’Anni Albers soit aujourd’hui reconnue comme l’une des fondatrices du design textile contemporain, l’artiste juive allemande a dû se battre toute sa vie pour que sa profession soit reconnue comme une forme d’art. Et même si son travail est exposé dans des musées du monde entier, il n’a jamais été commercialisé dans la même mesure que celui d’autres anciens élèves du Bauhaus tels que Marcel Breuer et Mies van der Rohe (à l’exception de quelques créations qu’elle a réalisées pour Knoll).
En collaboration avec la fondation Josef & Anni Albers, l’entreprise italienne Dedar lance une série de tissus jacquard créés par Albers elle-même, d’après cinq motifs qu’elle a imaginés entre 1936 et 1974. «Anni aurait été ravie, déclare Nicholas Fox Weber, directeur de la fondation. Nous rêvons depuis longtemps de voir ses tissus reproduits avec une fidélité maximale à leur apparence d’origine.» Les étoffes reprendront bientôt vie sous forme de tissus d’ameublement, de rideaux ou d’autres formes textiles. Le fil de la vie n’est donc jamais coupé.
Le mobilier de demain
Amenez un peu de Tomorrowland dans votre intérieur. Le festival présente divers objets de décoration intérieure, des pots de fleurs aux robinets de cuisine, conçus par Dieter Vander Velpen. Mais le clou du spectacle est Morpho, une collection de meubles créée en collaboration avec la marque belge Ethnicraft. Inspirés par l’univers naturel de Tomorrowland et par une interprétation contemporaine de l’Art nouveau, les meubles seront disponibles dès septembre. Un aller simple pour Boom sous la forme d’une chaise longue, d’un ensemble pour salle à manger ou d’un transat.
Dès 1.499 euros. morpho.world
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