Recycler la paille de riz, la solution d’Ikea pour lutter contre la pollution

© SHIV AHUJA
Mathieu Nguyen

« Sustainability Manager » pour Ikea en Asie du Sud, Helene Davidsson nous parle de Förändring (« changement »), une collection d’objets en paille de riz recyclée, née dans le cadre du projet Better Air Now. Nous l’avons rencontrée lors des Democratic Design Days du géant suédois.

Pourquoi avoir choisi de vous attaquer au problème de la paille de riz?

A Delhi, où j’habite avec mes enfants, nous avons connu des pics de pollution d’une extrême gravité, l’état d’urgence a même été décrété. Et quand on en a cherché les principales causes, on a identifié le trafic, l’industrie, mais aussi le brûlis de paille de riz.

C’est-à-dire?

Après avoir récolté le riz, les paysans se retrouvent avec une quantité importante de paille résiduelle, dont ils veulent se débarrasser au plus vite. Alors ils la brûlent, tout simplement.

Pollution dûe à la combustion de pailles de riz
Pollution dûe à la combustion de pailles de riz© Getty Images

Ont-ils d’autres choix?

Pas vraiment, c’est la solution la plus rapide et la moins chère – or ils n’ont que très peu de moyens. On s’est dit: « Pourquoi ne pas essayer de mettre sur pied une nouvelle chaîne d’approvisionnement qui donnerait de la valeur à ce déchet? » Alors on a décidé de l’acheter pour créer un nouveau matériau. Nous sommes toujours à la recherche de matériaux renouvelables, c’était l’occasion.

Helene Davidsson
Helene Davidsson© SHIV AHUJA

Les agriculteurs vendent donc ce qu’ils auraient brûlé?

Exactement, notre démarche a évidemment été accueillie de manière très positive. Et pas seulement par les fermiers, mais aussi par les universités qui nous ont accompagnés dans les recherches sur le matériau, et les autorités locales. Tous sont conscients qu’il y a un gros problème à résoudre, mais sa complexité demande plusieurs solutions. En voilà déjà une.

Comment avez-vous composé la collection?

On s’est demandé ce qu’on pouvait faire de cette paille et, en fait, les possibilités étaient variées: on peut la tisser et la transformer en tapis, on peut la mouler, notamment pour les abat-jour, ou en tirer des produits « papier », comme les sacs et les posters. C’est notre designer maison Akanksha Deo qui a étudié la question de la couleur, et elle s’est orientée vers, d’une part, le gris du smog que l’on voit aujourd’hui, et d’autre part, le bleu clair du ciel, qui est ce à quoi nous aspirons tous. Tout en gardant aussi la teinte naturelle de la paille, pour rendre hommage au matériau de base.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content