Terre fertile: une maison semi-enterrée, baignée de lumière, aux Pays-Bas
Hasard, chance ou regard d’experte? La décoratrice d’intérieur Petra Hoogland a en tout cas l’oeil pour repérer ce qui sort de l’ordinaire. Qu’il s’agisse d’objets ou de mobilier de seconde main, jusqu’à cette maison semi-enterrée et éco-conçue qu’elle occupe aujourd’hui avec sa famille.
En rendant visite à Petra Hoogland de bon matin, la probabilité est grande de la trouver devant son écran d’ordinateur. Non pas pour trier ses e-mails, mais pour faire défiler des images d’objets vintage qu’elle déniche sur des sites de vente en ligne tels que Marktplaats ou Catawiki. Avec une patience d’ange et un regard affûté, elle se concentre sur les designs originaux, les pièces qui ont une belle patine ou suffisamment de potentiel pour être restaurées par ses soins. « Je n’aime pas trop les aménagements où tout est neuf, où l’on a l’impression d’être dans un showroom, explique-t-elle. Un intérieur doit avant tout raconter une histoire. Mais aussi surprendre ou titiller la curiosité de celui qui le découvre. Il faut que la personne se demande: « Tiens, qu’est-ce qui se passe ici? » Or on y arrive plus facilement avec des opus soigneusement choisis, qui ont déjà vécu. »
Savoir se défaire des choses
La maison de Petra se niche à Bergen, un village d’artistes idyllique caché derrière les Schoorlse Duinen, le plus haut ensemble dunaire des Pays-Bas. La Néerlandaise a conçu sa demeure comme un lieu d’expérimentation. A l’exception de quelques créations signées Dutch Design, d’une table de Piet Hein Eek ou d’une chaise de Dirk Vander Kooij, la décoration est composée de trouvailles chinées ici et là. Des banquettes en cuir de Sede aux chaises cannées de l’architecte autrichien Josef Hoffmann dans la salle à manger, en passant par cet étonnant grand miroir de circulation jadis accroché dans une rue de Varsovie. Repérés en ligne ou dénichés auprès d’un des galeristes spécialisés dans le vintage chez lesquels Petra essaie de passer depuis qu’elle a lancé, voici deux ans, Interior Cowboys. Elle sait ainsi à qui s’adresser pour répondre aux attentes de tel ou tel client. « Mais je ne veux être liée à personne, souligne-t-elle. Je tiens à garder une liberté totale en matière d’achats. » Ce qu’elle fait également depuis son atelier à domicile. « Il y a des pièces que je ne peux tout simplement pas laisser passer, même si je n’ai pas de client ou de projets pour elles dans l’immédiat. Je préfère encore les entasser chez moi, jusqu’à ce qu’un visiteur les remarque et les achète. Mais me séparer de meubles ou d’objets après un long laps de temps ne me gêne pas: je sais que d’autres belles créations croiseront mon chemin tôt ou tard », assure-t-elle en riant.
Double coup de chance
Détail cocasse: Petra a même trouvé sa maison en ligne. Sur Funda, l’équivalent aux Pays-Bas d’Immoweb: « Le prix demandé dépassait notre budget, mais l’architecture de la maison était si particulière qu’on a décidé d’aller la voir quand même. » Il semblerait que ce soit une réalisation de 2011 signée du cabinet Origins, un bureau d’architecture néerlandais spécialisé dans la construction eco-friendly et basse énergie. Comme le projet avait été contesté à l’époque par les habitants des environs, les architectes ont revu leur copie et transformé le bâtiment de deux étages plus toiture en une maison semi-enterrée. Un retournement de situation qui présentait un autre avantage: l’habitation consomme très peu d’énergie grâce à sa pompe à chaleur, à ses boilers à énergie solaire, à sa ventilation contrôlée à sonde CO2 et à son excellente isolation par le sol.
Maison semi-enterrée ne veut pas dire habitation sombre. L’association d’un long bandeau vitré et de fenêtres coulissantes allant jusqu’aux plafonds, d’un atrium et de plusieurs puits de lumière permet de faire ruisseler la lumière du jour jusqu’au sous-sol. Les architectes ont pu conserver une parcelle très verte, grâce à une vaste toiture végétalisée. Le bureau d’architecture Origins n’a pas été couronné pour rien d’un Green Good Design Award international, en 2008 – une première pour les Pays-Bas!
Dès qu’on entre, c’est une impression de loft qui se dégage. Les différents espaces de vie sont reliés par des recoins cosy accueillants. Le Bergerbos tout proche s’invite littéralement à l’intérieur grâce aux généreuses parois vitrées et offre aux habitants un incroyable camaïeu de verdure, été comme hiver.
« Ce n’étaient pas les candidats à l’achat qui manquaient. L’agent immobilier s’est efforcé de tempérer notre enthousiasme dès notre première visite, se souvient Petra. Notre offre a pourtant été acceptée, contre toute attente. Sans doute grâce à un trait d’humour: sur notre offre d’achat, nous avions écrit « plus un euro ». »
Le design de ce logis a tout de suite séduit Petra, ainsi que la situation, extraordinaire, et l’aspect très écologique du bâtiment. « Quand je dis que nous avons trouvé la maison idéale, je n’exagère pas. Déjà tournée vers l’avenir, mais meublée en seconde main… J’adore cette tension entre le neuf et l’ancien! »
Elle vit avec son mari Cees (61 ans), son fils Miel (14 ans) et leur chien Mike dans cette maison, à Bergen, au nord d’Alkmaar (Pays-Bas). Leur fille Flore (24 ans) s’est récemment installée à Amsterdam.
Elle a créé, voici deux ans et en solo, sa société, Interior Cowboys. Le nom évoque les deux années que Petra a passées au Texas, où elle a eu l’occasion de se familiariser avec l’esprit des cow-boys: oser explorer et penser « out of the box », ce qu’elle applique dans son travail.
Elle est active dans le coaching et le conseil pour ses clients, dans l’architecture d’intérieur et la déco.
Elle travaille surtout avec du mobilier vintage et des objets de facture artisanale.
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