Visite d’un loft aux accents vintage et industriels

Autrefois, on produisait ici des parapluies. Désormais, ce logement gantois, baigné de lumière et caractérisé par un sculptural escalier en béton, accueille une belle collection de meubles vintage magnifiés par le look industriel des volumes. Inspirant.
Dans le passé, usines et entrepôts étaient fréquemment orientés au nord pour profiter d’une lumière constante, jamais trop violente et idéale pour travailler… Et cette fabrique, située à un jet de pierre du béguinage de Gand et où l’on produisait, à une époque, des parapluies à la chaîne, ne déroge pas à cette règle. Mais si cet éclairage neutre convient très bien à un lieu de manufacture, il est néanmoins très froid pour une habitation, d’autant que dans ce bâtiment, seul le dernier étage, juste en-dessous du toit, capte de temps à autre un rayon de soleil. Plus bas, l’espace de vie en est complètement privé. Un grand mur blanc judicieusement placé devant l’immeuble permet toutefois de refléter une agréable lumière vers l’intérieur. » C’est ce qui offre à ce loft une ambiance chaleureuse, se réjouit son occupante Tosca Deslee, qui importe les tissus indiens pour le marché français, belge et néerlandais. Je descends d’une famille active dans le textile et j’ai toujours été fascinée par ce secteur, poursuit-elle. Dans le cadre de mon boulot, je suis amenée à beaucoup voyager, à assister à des foires et salons et à découvrir de nombreux projets d’aménagements, ce qui me permet de glaner des idées un peu partout. »
L’éclairage amplifié
C’est également ainsi qu’elle a fait la connaissance d’Ellen Van Laer et Arno Broeckhoven, deux jeunes architectes d’intérieur dont le bureau Æ Studio a notamment assuré la réalisation des boutiques Café Costume. Ils ont réfléchi ensemble au moyen d’exploiter à leur avantage le grand défaut du bâtiment, son orientation. » Comme toutes les fenêtres sont concentrées d’un seul côté et que la façade arrière est complètement aveugle, il fallait vraiment être attentif à ce que les espaces qui la bordent ne soient pas trop sombres. C’est pour cela que nous avons choisi d’inverser l’organisation des pièces : alors que l’entrée donne habituellement sur un couloir, ici, elle aboutit directement dans le salon ou dans la cuisine, illuminés par de généreuses fenêtres. Tout en bas, à l’arrière, nous avons plutôt installé le vestiaire et les toilettes « , explique Ellen Van Laer.
Les murs intérieurs ont été abattus et les grandes baies en acier laissent aujourd’hui entrer la lumière à flots. » Le fait que les espaces se fondent visuellement les uns dans les autres crée une belle impression de profondeur. Le service de conservation des monuments a exigé non seulement que les façades soient préservées, mais aussi que nous ne touchions pas à la structure du bâtiment et en particulier aux niveaux. Nous avons une hauteur sous plafond de quatre mètres au rez-de-chaussée et même un peu plus sous la toiture, mais l’étage intermédiaire, où se trouve la chambre à coucher, est beaucoup plus bas. Pour qu’elle soit lumineuse, nous avons donc choisi d’y placer des portes et fenêtres en fer, intérieurement. Même la salle de bains dispose d’une telle paroi en verre. »
Escalier flottant
Pour réchauffer davantage l’atmosphère et donner l’impression qu’il y a du soleil partout dans le logis, les murs ont été habillés d’une délicate patine à la chaux. » Pour les étages, nous avons choisi des sols en bois, avec un motif en arêtes de poisson, qui rendent l’espace moins rigide « , enchaîne Arno Broeckhoven. L’ensemble est soigné jusque dans ses moindres détails, des hautes portes pivotantes au magnifique escalier en béton qui s’élève du séjour. » Pour souligner le caractère industriel de cet endroit, nous avons non seulement conservé les plafonds en béton et les colonnes en métal, mais aussi coulé sur place cet ouvrage à la fois brut et raffiné, où l’on distingue encore les nervures du bois utilisé pour le coffrage. Il est aussi à moitié flottant car ses marches sont détachées du mur, ce qui lui donne presque l’apparence d’une oeuvre d’art. »
Côté déco, Tosca Deslee est fan de design vintage : » J’écume les marchés design de grandes villes et je vais aussi volontiers flâner aux puces de Saint-Ouen, à Paris, où on trouve parfois des merveilles à petits prix mais aussi et surtout une foule de bonnes idées, raconte-t-elle. Mais cela ne m’empêche évidemment pas de traiter également avec des vendeurs de Knokke ou de la capitale, qui ont parfois de très belles pièces. Autant dire qu’il n’y a pas grand-chose de neuf dans mon intérieur ! J’aime aussi y intégrer quelques détails ou matériaux plus bruts, comme les tissus en lin de Designs of the Time que nous avons utilisés pour les rideaux. Ils se marient parfaitement avec le style brutaliste et les teintes de l’aménagement… « , conclut-elle.
Æ Studio
Les architectes d’intérieur Ellen Van Laer et Arno Broeckhoven ont fait leurs études à l’Académie d’Anvers. Ils ont notamment aménagé les boutiques Café Costume d’Ixelles, d’Anvers et de Bruges, ainsi que la bijouterie Wouters & Hendrix, à Anvers. » Pour nous, chaque projet est conçu grâce à un dialogue entre notre équipe et nos clients, ce qui permet de dessiner des espaces qui répondent parfaitement à leurs besoins et leurs envies. Nous recherchons un équilibre entre la fonction, la forme et la personnalisation « , précise le duo sur son site Internet.
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