VRAI/FAUX | Faut-il aérer les nouveaux meubles pour éliminer leurs substances toxiques?

Faut-il aérer les nouveaux meubles? Canva
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Isabelle Willot

Le mobilier neuf dégage une odeur particulière dont nous devrions nous méfier. Elle provient de composés organiques volatils qui se répandent dans l’atmosphère. Nos experts se veulent toutefois rassurants à long terme.

S’il y a bien une leçon que nous aurions dû retenir de la crise du Covid, c’est que l’on ne ventile jamais assez nos intérieurs. «L’air que l’on respire chez soi est souvent 7 à 10 fois plus pollué que celui de l’extérieur», note le designer d’intérieur Michel Penneman.

En cause: la multitude de substances chimiques contenues dans les produits et objets que nous manipulons au quotidien.

Nos meubles, surtout s’ils sont neufs, peuvent être tenus pour responsables d’une part parfois non négligeable de cette pollution. «Dans beaucoup de composants, à base de stratifiés notamment, on retrouve des solvants, des colles et des résines qui lorsqu’ils s’évaporent au moment du déballage peuvent provoquer des irritations des yeux ou des bronches chez les personnes particulièrement sensibles, pointe le professeur Alfred Bernard, toxicologue à l’UCLouvain. Pour être vraiment incommodé, il faudrait arriver à des concentrations de l’ordre de 200 microgrammes par mètre cube. On arrive rarement à cela, surtout si l’on prend la peine d’aérer la pièce. Ou si le temps le permet et que l’on dispose d’un jardin, en laissant ces objets dehors plusieurs heures, voire plusieurs jours idéalement.»

Comme le précise Michel Penneman, ces nuisances sont plus facilement évitées si l’on opte pour des matériaux les plus naturels possibles. «Mais un bois massif par exemple peut s’avérer moins stable à l’usage qu’un multicouche. Le prix et la fragilité sont des éléments qui vont souvent entrer en compte au moment de l’achat. Pour limiter les risques, il est toujours préférable d’opter pour un mobilier fabriqué à partir de matériaux biosourcés. Et idéalement en Europe  où la législation sur l’usage de composés chimiques est la plus stricte.»

Pour notre toxicologue, il est encore plus important d’aérer une table ou un canapé s’ils sont arrivés jusqu’à nous via des containers chargés de l’autre côté du globe. «Les contrôles sur ces produits sont plus aléatoires, regrette l’expert. Il faut aussi se méfier des fongicides utilisés pour les protéger de la dégradation lors du transport.»

L’achat d’un meuble vintage pourrait de prime abord être aussi un bonne alternative. «A condition qu’il soit en bon état, insiste notre scientifique. Des mousses en décomposition peuvent libérer des particules que de jeunes enfants jouant par terre risquent de mettre à la bouche. Elles peuvent également s’incruster dans les tapis. N’oublions pas non plus que les réglementations changent au cours du temps. Et que des matériaux utilisés il y a cinquante ans – prenez par exemple l’amiante dans les bâtiments – sont interdits aujourd’hui.»

Conclusion

L’odeur du neuf vient le plus souvent des solvants et des colles utilisés dans la fabrication des articles. Une bonne aération suffit pour s’en débarrasser. Les meubles vintage constituent une bonne alternative… à condition d’être en bon état.

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