Julian Klausner, le nouveau directeur artistique de Dries Van Noten, raconté par Tony Delcampe, directeur de la Cambre Mode(s)
Julian Klausner succède à Dries Van Noten. Il connaît la maison pour y avoir travaillé aux côtés du fondateur depuis 2018. Avant d’y entrer et de bosser à Anvers, il a fait ses armes chez Margiela, à Paris, épaulant John Galliano durant deux ans. Avant encore, le jeune belge aux racines américaines a étudié à La Cambre Mode(s), à Bruxelles.
En 2016, il était diplômé de cette école que le monde entier est en droit de nous envier. Tony Delcampe est son directeur depuis 1999. Il a formé des générations de créateurs et de créatrices qui brillent au firmament, dans la lumière mais aussi dans l’ombre, aux postes les plus importants des maisons de mode à Paris et ailleurs, comme Anthony Vaccarello chez Yves Saint Laurent, Matthieu Blazy chez Bottega Veneta (la rumeur veut qu’il débarque bientôt chez Chanel), Julien Dossena chez Paco Rabanne, Nicolas Di Felice chez Courrèges, Marine Serre ou Ester Manas pour leur propre label… la liste est loin d’être close. On dit bravo.
Quel sentiment vous anime face à la nomination de Julian Klausner, en digne successeur de Dries Van Noten ?
Je suis très heureux, forcément. J’espérais vraiment que ce soit lui. Et je pense que c’est une bonne continuité pour la maison, avec sans doute un vent nouveau parce qu’il est plus jeune que Dries Van Noten et qu’il n’a pas le même parcours. Mais en réalité, Julian a beaucoup de point de commun dans son élégance et son humilité, dans son goût certain pour les belles choses. Il a le don pour les belles matières, les drapés, le construit.
Ceux qui le connaissent savent combien il est posé… C’est vraiment un homme élégant, ce pourrait être le fils de Dries !
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Quels souvenirs avez-vous de Julian Klausner étudiant ?
Sa dernière collection en fin d’études était très particulière. Il est sorti diplômé de La Cambre en 2016, c’était une année assez exceptionnelle pour moi, avec Marine Serre et Mariam Mazhmishvili, notamment, c’était une année très forte. C’était aussi l’anniversaire de notre atelier, pour nos 30 ans, on avait organisé un défilé avec des confettis blancs et argentés sur le podium…
Dans sa collection vraiment particulière, il avait travaillé sur les gens après ou avant le spectacle, c’était assez androgyne, à la fois féminin et masculin, cela mélangeait du tailoring avec des draps de bains drapés, des turbans, avec des franges aussi appliquées sur des fonds transparents. C’était une très belle collection, magnifique même, qui annonçait son parcours puisqu’après, il est entré chez Margiela où il a été le bras droit de John Galliano pour le prêt-à-porter Femme.
C’était un bon début. Et curieusement, quand je repense à cette collection de deuxième Master, je me dis qu’après coup, on pourrait y voir des images des débuts de Dries Van Noten, dans les années 80, entre l’Inde et le hammam, oui, il y a quelque chose de proche…
Il faut souligner et applaudir cette volonté de continuité et cette nomination « anti-star » d’un jeune homme de l’ombre ?
Oui et pour moi, c ‘est l’exemple que devrait suivre d’autres maisons… C’est sûr, c’est la preuve que Julian est jugé sur son travail pas sur la notoriété, ce qui me parait logique pour faire durer un ADN, pour peu que ce mot ait encore quelque chose de signifiant, parce qu’aujourd’hui, on se demande parfois s’il est question d’ADN créatif ou d’ADN marketing…
La pédagogie que vous avez mise en place au cœur de la Cambre Mode(s) porte ses fruits…
On est forcément très fier, c’est stimulant ces dernières années parce qu’en effet, nos étudiants ne briguent pas tous les postes de directeur artistique de toutes les maisons, mais il y en a de plus en plus… Cela veut dire que notre façon de penser la mode aujourd’hui est sur le bon chemin, qu’elle se trouve aussi dans l’humilité et surtout dans l’intelligence d’un savoir-faire, dans la volonté de proposer de nouvelles choses et d’être dans le bon siècle et non pas sur une image de la mode d’il y a dix, quinze ou vingt ans. Je suis très content.
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