Comment leur donner le goût de lire?

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La lecture peut offrir des sources de plaisir et de découvertes dès le plus jeune âge. Mais on ne devient pas lecteur par hasard. Qu’est-ce qui favorise le goût et l’attirance des plus petits vers les livres?

« J’ai de nombreux souvenirs d’enfance où mon père lisait Roald Dahl et Les Contes du chat perché en pleurant de rire, raconte Marie Desplechin. Lire, c’est l’histoire de ma vie », glisse la célèbre auteur jeunesse. Mais le lecteur boulimique est une espèce en voie de disparition. L’école semble impuissante à ramener les jeunes vers les livres, et les bibliothèques peinent à renouveler leur public. Rencontre avec des spécialistes de la littérature jeunesse.

« Il est important de lire aux enfants dès le plus jeune âge pour les familiariser avec des tournures de phrases sophistiquées », pointe Yvanne Chenouf, ex-chercheuse de l’Institut national de recherche pédagogique. Ainsi, en écoutant des histoires, les petits se frottent à la syntaxe, perçoivent la chronologie du récit. Au-delà même de la réussite scolaire, la lecture éveille la réflexion.

Dans tout itinéraire de lecteur, une rencontre a balayé l’image poussiéreuse des livres. Si l’enseignant peut jouer ce rôle, le goût de la littérature reste avant tout une histoire de famille. Quand l’adulte lit un album à son enfant à l’heure du coucher, il agrémente le rituel de gestes de tendresse. Le parent incarne les différents personnages, modifie sa voix, crée du sens avec ses intonations.

« Pour l’enfant, la lecture orale est une promesse d’autonomie : il rêve à d’autres lieux, voyage dans son imaginaire, réagit », rappelle Michèle Petit, anthropologue au CNRS (Centre national de la recherche scientifique français, NDLR). Par ailleurs, la discussion autour de l’oeuvre lui permet d’aiguiser son esprit critique.

Chaque expérience est différente. Le fait d’observer l’adulte se détendre, un livre à la main, attise la curiosité de l’enfant. Quelque chose lui échappe. « On transmet sa relation avec l’objet, insiste Michèle Petit. Malheureusement, l’ambivalence vis-à-vis de la littérature est aussi très contagieuse. » Et puis, on le sait, si certains écoliers entrent en maternelle avec un large répertoire de textes, d’autres n’ont jamais vu de livre à la maison. Mais il y a un remède à tout.

Arnaud Cathrine, lui, a l’habitude de rencontrer des classes pour conter ses propres histoires. « Quand les jeunes s’aperçoivent que l’écrivain est vivant, le livre apparaît plus accessible, observe l’auteur de Mon démon s’appelle Martin (L’Ecole des loisirs). Ce réalisme agit parfois comme un déclic, l’effet de miroir joue à plein. » Mais tous les enfants n’ont pas la chance d’avoir un auteur vivant ou un retraité auprès d’eux. Reste alors une solution : le théâtre, un remède qui se révèle diablement efficace pour les enfants fâchés avec la littérature. Car la lecture est avant tout une affaire de plaisir.

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