Sous le sapin, une girafe qui prépare les enfants au monde d’après

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Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

A l’heure de la perte de l’empathie et de la compétition généralisée, un cadeau à l’attention des enfants de 5 à 11 ans mise sur la connaissance de soi et l’ouverture aux autres. AMA la Girafe prépare au monde d’après.

Pas encore totalement bouclé sa liste de cadeaux ? Ceci pourrait vous intéresser qui va à l’encontre des formats habituels d’émulation et de consumérisme caractérisant les jouets proposés aux enfants en cette période de fêtes. Initiative permettant d’accéder à une plateforme reliée à une communauté solidaire, AMA la Girafe prépare à ce type de citoyenneté dont le monde a plus que jamais besoin.

Une telle approche ne pouvait voir le jour que dans la tête de quelqu’un se situant loin des circuits commerciaux consacrés. Anthropologue de formation, Séverine de Sadeleer (1978) s’est inspirée de son expérience sur le terrain, en Afrique (Niger, Mali, Burundi), pour mettre sur pied un projet différent nourri à la positivité.

Séverine de Sadeleer et sa girafe AMA
Séverine de Sadeleer et sa girafe AMA© SDP

« En Afrique, j’étais en contact avec des enfants qui me bluffaient par leur joie de vivre. Je me suis dit qu’un jour il faudrait faire remonter cela vers nos latitudes. Parallèlement, j’étais fasciné par l’idée de la chaîne vertueuse, celle de gestes de bienveillance qui incitent ceux qui les reçoivent à les transmettre à leur tour. Enfin, j’ai réalisé à quel point un enfant qui n’obtenait pas une dose d’amour inconditionnel se préparait à des brèches gigantesques dans sa vie d’adulte« , explique la fondatrice.

Ayant tout cela en tête, Séverine de Sadeleer comprend l’absolue nécessité de fonder une communauté pour les enfants dans laquelle ils seraient moins dépendants du regard des adultes et où, surtout, ils pourraient échanger de la bienveillance entre eux.

« L’idée est de leur faire réaliser que le monde est vaste, qu’il ne s’arrête pas à ce qu’ils en connaissent, et que l’on peut se nourrir des différences », précise cette anthropologue qui a vécu avec les Touaregs à l’occasion de son mémoire.

« L’idée est de leur faire réaliser que le monde est vaste, qu’il ne s’arrête pas à ce qu’ils en connaissent, et que l’on peut se nourrir des différences »

En quoi consiste ce projet rafraîchissant qui a été élaboré en compagnie de deux psychologues, Diane Drory et Brigitte Broquelaire, qui en assurent la caution scientifique ? En un « set », comprenant AMA, une girafe en peluche (pour rappel, cet animal est celui qui parmi les mammifères possède le plus grand coeur), et une bande-dessinée qui est la porte d’entrée d’un univers offrant de mieux se connaître à travers l’échange avec des correspondants.

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« Que ce soit au niveau d’associations, d’écoles – par le biais de classes entières – ou de familles, AMA met en contact, des enfants avec d’autres sur une plateforme ludique afin de générer des binômes enrichissants. Pour le moment, le projet a la francophonie pour horizon, les pays concernés sont le Niger, le Burundi, le Congo, le Bénin, la Suisse, la France et la Belgique. Le but est d’étendre par la suite le projet à d’autres langues », commente l’intéressée.

Du sens, de l’ouverture, de la connaissance de soi, de l’empathie, de la solidarité… rien ne s’oppose à adopter cet animal au long cou

La bande-dessinée, qui porte la patte expressive de l’illustrateur jeunesse Nicolas Viot, met en scène une petite fille qui se sent incomprise des adultes. « Un jour, elle reçoit une girafe qui change sa vie en l’ouvrant au monde, notamment à travers des échanges avec un petit garçon qui partage son quotidien avec elle, raconte Séverine de Sadeleer. A la façon d’une mise en abyme, le récit met en scène le lien social qui est créé par la plateforme. »

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Le choix du digital ne risque-t-il pas d’enfoncer les petits un peu plus dans le virtuel ? L’initiatrice d’AMA s’en défend : « L’application est un peu comme une boîte aux lettres. On y partage des émotions, des espoirs, ainsi que des aventures porteuses de sens et d’actions concrètes positives, ce sont souvent des petits reportages sur le quotidien et l’environnement le plus immédiat… mais il n’est pas question d’y passer des heures ou de s’engager dans d’interminables discussions instantanées. Je suis maman moi-même, je me méfie du pouvoir de sidération des écrans. » Pourquoi y avoir recouru dans ce cas ? « C’était le seul moyen de créer une communauté, surtout quand on veut connecter des pays lointains », se défend l’enthousiaste instigatrice de ce cadeau pas comme les autres.

AMA est-il un projet commercial nourri à la persuasion clandestine? « Non, explique Séverine de Sadeleer, c’est avant tout un projet inclusif. Il n’y a pas d’autre objectif que créer du lien en pérennisant la structure pour agrandir la communauté. Il n’y a aucun partenariat publicitaire. » Du sens, de l’ouverture, de la connaissance de soi, de l’empathie, de la solidarité… rien ne s’oppose à adopter cet animal au long cou.

Le set Ama la Girafe est vendu au prix de 59 euros (pour 5 vendus, un kit est offert à une association, un orphelinat, une famille qui ne peut pas l’acheter ou un hôpital).

Disponible dans plusieurs magasins de jouets (Chouchou à Uccle, Luxiol à Ixelles, le Zèbre à Pois au Shopping de Nivelles et à Louvain-la-Neuve, La Parenthèse à Liège et Chaudfontaine…), hôpitaux (Chirec Delta Tasty, CHwapi à Tournai, CHC MontLégia Tasty…), librairies (Filigranes, Cook & Book) et sur le site www.amagirafe.org

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