L’été sera de paille

L'influenceuse Alexandra Lapp portant une mini robe aux manches bouffantes Alexandra Miro, une ceinture Diornatural en toile de jute beige, les boucles d'oreilles Dior Tribales, le chapeau de paille et le sac de Sensi Studio, le mini sac Le Chiquito de Jacquemus le 12 juin 2020 à Dusseldorf

Partout on opère un retour à la nature, y compris sur les catwalks. Cette saison, les créateurs tissent à qui mieux mieux la paille, le jonc et le raphia. Cette tendance éco épouse aussi le revival des techniques artisanales séculaires. Une épure de slow fashion.

Cet été, ce sont les maisons Dior et Dolce & Gabbana qui remportent les lauriers pour leur usage des matières naturelles. Le raphia tressé confère à leurs collections estivales un charme fou teinté d’exotisme. Pour ces créations en raphia, Maria Grazia Chiuri, directrice artistique chez Dior, a fait appel à une jeune créatrice anglo-jamaïcaine, Grace Wales Bonner, qui aime lancer des ponts entre ses deux cultures, africaine et occidentale. Le raphia, issu des fibres de la palme du même nom, est intrinsèquement lié à l’Afrique et à Madagascar, où ce type de palmier est endémique. Dior et Dolce & Gabbana ne sont pas les seules griffes – loin de là – à céder à l’appel du raphia. Chez Natan, Edouard Vermeulen fait travailler le raphia dans un atelier de Madagascar afin de l’intégrer à une collection capsule au sein de la ligne estivale.

L'été sera de paille

Mais les vêtements en raphia véritable restent des pièces rares. La plupart des marques se contentent de fibres « raphia like » ou limitent l’usage de la précieuse palme à des accessoires, parfois décliné en paille, en jonc ou en sisal. On a ainsi vu des sacs à anse en bambou chez Miu Miu, des chapeaux et des cabas en paille chez Anteprima, des panamas chez Blumarine et des sacs en paille tressée chez Missoni, Oscar de la Renta, Valentino, Simone Rocha, Stella McCartney et bien d’autres. De quoi largement confirmer une tendance que l’on sentait poindre depuis plusieurs saisons : le retour de la nature, des techniques artisanales et du fait main. Slow is beautiful ! On jurerait un flash-back Seventies, lorsque la mode se plaçait sous le signe de la naturalité et que tout le monde voulait s’inscrire à un atelier de macramé…

L'été sera de paille

Un beau chapeau de paille

S’il est un accessoire qui évoque immédiatement les grandes vacances, c’est le chapeau de paille: le genre de couvre-chef que l’on achète traditionnellement dans les pays du Midi, mais qui se fait désormais omniprésent sous nos latitudes plus septentrionales, et ce à tous les prix. Le chapeau de paille est un intemporel qui surfe depuis toujours sur les flux de la mode. Certains modèles sont au-delà de la fashion, comme l’authentique panama, un grand classique. Il doit son nom à Panama, la ville portuaire qui faisait déjà commerce de chapeaux au XVIIIe siècle. La Rolls Royce des panamas est le Montecristi Superfino, baptisé d’après la petite ville de Montecristi en Equateur, berceau des artisans chapeliers. Ces chapeaux qui demandent de nombreuses heures d’un minutieux travail manuel sont en paille toquilla ultrafine et peuvent être roulés dans la valise sans perdre leur forme. Et comme il prend si peu de place, le Montecristi est très vite devenu l’accessoire de voyage des happy few au début du XXe siècle. Sa popularité a reçu un autre coup de pouce, grâce à Theodore Roosevelt qui portait un Montecristi en 1906, lors de son inspection du canal de Panama. Dans les années, le panama (le chapeau) a vu son aura croître encore, arboré par des vedettes de cinéma telles que Humphrey Bogart et Gary Cooper que l’on a vus sur grand écran coiffés du couvre-chef iconique.

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Le canotier est un autre de ces chapeaux de paille riches d’une longue histoire. Associé au canotage (comme son nom l’indique), il plonge ses racines dans le terreau européen. De la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle, il a connu son heure de gloire comme « chapeau des dimanches d’été », tant pour les hommes que pour les femmes. En Belgique aussi, il s’en écoule des brassées. Ceux-ci apparaissent par ailleurs sur plusieurs toiles signées des peintres impressionnistes français, d’Auguste Renoir à Berthe Morisot. Le canotier est également l’accessoire fétiche du chanteur et comédien Maurice Chevalier. En Angleterre, le canotier a fait partie, jusque dans les années 60, de l’uniforme scolaire imposé dans les écoles privées. Côté mode, cet été, vous en trouverez chez les meilleurs modistes, notamment la très parisienne Maison Michel. Question popularité, il doit désormais s’avouer vaincu devant les modèles à large bord, les coquettes cloches, les fedora et autres casquettes hype colorées ou non. Mais, quoi s’il en soit, il n’y a que la paille qui vaille !

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Par Lut Clincke

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