La lavande, « or bleu » de Provence très à la mode, mais fragile

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La lavande, qui fait la fierté de la Provence, connaît depuis de longues années une croissance colossale, mais ses champs et par ricochet son essor, sont fragilisés par une bactérie.

En France, la culture de la lavande « a connu une augmentation des surfaces de 47% en dix ans », souligne Philippe Roux, directeur régional du Gnis (interprofession des semences) Sud-Est, présent au 56e Salon de l’agriculture.

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La précieuse huile essentielle issue des célèbres champs de fleurs mauves « a vu sa demande exploser ces dernières années », confirme-t-il. Conséquence, une forte augmentation du cours mondial, « principalement du fait de la demande de cosmétiques et de produits naturels au détriment des huiles de synthèse », ajoute M. Roux, qui évoque également l’utilisation de la lavande dans… la protection des plantes.

Car les bienfaits de la lavande sont multiples, selon Céline Weber, responsable tourisme et pédagogie au Conservatoire national des plantes à parfum, médicinales et aromatiques (CNPMAI). « C’est une plante qu’on utilise depuis la nuit des temps. Les Romains s’en servaient pour parfumer les thermes et le linge », dit Mme Weber qui n’a de cesse de détailler les usages de cette belle des champs, de l’Antiquité, donc, au XXe siècle, avec le développement de l’aromathérapie, en passant par son usage contre la peste au Moyen-Age.

Placée sous l’oreiller pour favoriser le sommeil grâce à ses propriétés relaxantes, utilisée dans la lutte contre les poux, ou comme répulsif contre les mites, la lavande est la plante miracle, à en croire Mme Weber.

Elle a même la propriété de soutenir le tourisme de masse, indique dans un sourire M. Roux qui rappelle que de nombreux Chinois « viennent se marier dans les champs de lavande, tout ça à cause d’un feuilleton très populaire » en Chine, mettant en scène une histoire d’amour dans des champs de lavande.

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De nouveaux bassins de production

La demande très forte a même donné lieu à l’émergence de nouveaux bassins de production, dans le Sud-Ouest, principalement dans le Quercy, et jusqu’en région parisienne.

Cependant les surfaces n’y excèdent pas quelques hectares et la majeure partie des cultures restent concentrées dans le Sud-est, en premier lieu sur le plateau de Valensole, dans les Alpes de Haute-Provence, et dans les départements voisins de la Drôme, du Vaucluse et de l’Ardèche, principalement.

En tout, ce sont 25.000 hectares de lavande « vraie » et de lavandin (variété hybride de lavande « vraie » et de lavande aspic, plus productive et résistante aux maladies) qui font vivre 2.000 producteurs. « Malheureusement, il y a de petits insectes qui lui veulent du mal », ajoute Philippe Roux.

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En cause : de petites mouches aux yeux rouges, appelées cicadelles, qui transmettent une bactérie qui empêche la sève de monter dans la plante. « Depuis le début des années 2000, le dépérissement limite l’expansion et la longévité des cultures », déplore M. Roux.

Les planteurs demandent donc des plants sains: « La filière a mis en place une certification pour garantir la qualité des plants sains », afin de maintenir la culture qui représente, outre ses paysans, quelque 20.000 emplois induits, indique M. Roux.

Il y a désormais un à deux ans d’attente pour avoir des plants, ce qui limite l’expansion des cultures en France.

Outre les plants sains, « il y a également des techniques de lutte avec des produits à base d’argile », indique Odile Tassi, qui cultive une quinzaine d’hectares en Drôme provençale. Malheureusement, souligne Mme Tassi, cela n’a pas empêché la France de perdre il y a quelques années son statut de premier producteur mondial, au profit de la Bulgarie.

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