L’année 2022 d’Antoine Wauters, écrivain doublement récompensé

Chemise oversized en coton baptiste imprimé, Dries Van Noten @ Stijl. Pantalon de costume, Jean-Paul Knott. © LALO & EVA
Kathleen Wuyard

Malgré un contexte bousculé, le plat pays qui est le nôtre a encore atteint des sommets cette année. Notamment en littérature, avec Antoine Wauters. Deux de ses écrits ont été récompensés cette année. Son dernier roman a été récompensé du Prix Inter et son Musée des Contradictions, lui, a décroché le prix Goncourt de la nouvelle.

Recevoir deux des récompenses les plus prestigieuses dans le milieu littéraire français, qu’est-ce que ça change?

Forcément, on se demande un peu ce qui vient après. D’ailleurs, j’ai obtenu les deux prix coup sur coup et mon agent m’a recommandé d’attendre avant de publier mon prochain livre, qui est déjà prêt, pour laisser une respiration au public. Ceci étant, je suis déterminé à continuer à faire mon travail comme avant, c’est-à-dire en écrivant des textes qui me semblent justes et en accord avec ce que je suis. Mais en m’autorisant aussi à savourer le fait que mes textes ont désormais une vie en dehors du territoire francophone, Mahmoud ou la montée des eaux ayant été traduit dans douze pays.

Recevoir le Goncourt était incroyablement émouvant, parce que l’écriture est une activité très difficile, solitaire, qui demande des sacrifices permanents. Soudain, ce prix était comme l’aboutissement de toutes ces années passées à construire quelque chose qui soit recevable tant pour le public que pour le jury de prix littéraires.

Si vous deviez décerner un prix, ce serait à qui?

Ma compagne, Hélène Lhoest, qui vient de terminer son premier scénario de BD, que je trouve incroyable. Elle a travaillé pendant dix ans dans le cinéma, sur les plateaux de Patrice Leconte ou de Leos Carax, et elle a mélangé cette expérience aux univers de l’écriture et de la mode pour rédiger quelque chose de vraiment beau.

Recevoir le Goncourt était incroyablement émouvant, parce que l’écriture est une activité très difficile, solitaire, qui demande des sacrifices permanents. Soudain, ce prix était comme l’aboutissement de toutes ces années passées à construire quelque chose qui soit recevable tant pour le public que pour le jury de prix littéraires.

Antoine Wauters

La lecture, c’est un cadeau pour vous?

J’aime offrir des livres à mes proches, parce qu’au pire, ils n’accrochent pas, mais dans le meilleur des cas, l’histoire va les accompagner très longtemps. C’est un peu comme quand un ballon d’hélium échappe aux mains d’un enfant et se retrouve 200 kilomètres plus loin: on ne sait jamais où le roman va se retrouver.

Un livre est un objet matériel qui implique aussi la transmission de toute une part d’invisible: c’est comme si on offrait un monde qui ne pourra jamais être reproduit à l’identique, parce que chaque lecteur va avoir sa propre expérience de l’histoire. C’est un cadeau unique, même si, cet hiver, j’ai déjà acheté un bouquin en trois exemplaires, La Scierie, parce que je viens de le finir et je l’ai adoré.

Les fêtes sont une période paradoxale pour moi, parce qu’elles ont quelque chose de très nostalgique, et en même temps, je refuse de me laisser bouffer par les ombres: je suis quelqu’un pour qui la recherche de la joie est très importante.

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