Le reggae rejoindra-t-il l’art de la pizza au patrimoine immatériel de l’Humanité?

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Le reggae de Jamaïque, l’art du parfum à Grasse, dans le sud-est de la France, ou les poteries des femmes de Sejnane, en Tunisie: ces traditions ancrées briguent la semaine prochaine une place sur la prestigieuse Liste représentative du patrimoine culturel de l’Humanité.

Le comité ad hoc de l’Unesco se réunit du 26 novembre au 1er décembre à Port-Louis, capitale de l’île Maurice, pour examiner 40 demandes d’inscription sur cette Liste de traditions et savoir-faire, forte à ce jour de 399 éléments (chants, danses, spécialités gastronomiques ou célébrations)… L’an dernier, il avait ainsi distingué la maestria du pizzaïolo napolitain ou l’originalité du zaouli, musique et danse des communautés gouro de Côte d’Ivoire.

« On voit comme tous les ans la belle diversité du patrimoine culturel immatériel. Des éléments qui sont étendus, avec beaucoup de participants, des éléments qui sont plus petits, avec des petites communautés », a salué mardi Tim Curtis, secrétaire de la Convention du patrimoine immatériel de l’Organisation pour l’éducation, la culture et la science des Nations unies.

A la différence de celle du patrimoine mondial, cette liste n’est pas établie selon des critères « d’excellence ou d’exclusivité », a rappelé Tim Curtis. Elle ne cherche pas à réunir le patrimoine « le plus beau », mais à représenter la diversité du patrimoine culturel immatériel, à mettre en lumière des savoir-faire portés par des communautés, rappelle-t-on à l’Unesco.

Cette année, cette inscription symbolique, mais qui confère une visibilité certaine, est notamment convoitée par Grasse, berceau de la parfumerie mondiale niché dans le sud-est de la France. Cette petite ville de la Côte d’Azur a vu s’épanouir la parfumerie à partir du 16e siècle, autour de ses tanneries qui réclamaient des matières premières aromatiques pour apprêter les peaux et parfumer les gants.

Un label Unesco lui permettrait notamment de mieux protéger ses champs de tubéreuses ou de jasmins, menacés par la pression foncière. « La démarche engagée depuis une dizaine d’années est en passe d’aboutir », espère le sénateur et ancien maire de Grasse Jean-Pierre Leleux. La candidature française est soutenue par d’autres pays – Inde, Chine, Argentine, Japon -, dont la production de plantes à parfum dépend aussi de la sauvegarde de ces savoir-faire.

Avec cette spécialité française, les deux tiers des dossiers (29) ont toutes leurs chances d’intégrer la Liste, ayant reçu un avis positif de l’organe chargé d’instruire les candidatures, le plus souvent suivi par le Comité du patrimoine immatériel.

– Reggae et chamamé –

Les autres candidats, tel le Reggae jamaïcain ou le chamamé – musique et danse d’Argentine – ont encore quelques jours pour fourbir leurs arguments et convaincre du bien-fondé de leur dossier.

Onze propositions émanent d’États d’Asie et du Pacifique, huit d’Europe de l’Est, cinq d’Europe de l’Ouest, les autres provenant d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes.

À Port-Louis, le Comité, composé des représentants de 24 États parties à la Convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de 2003, se penchera aussi sur le patrimoine culturel immatériel risquant de disparaître.

Il examinera sept demandes d’inscriptions sur la liste de sauvegarde d’urgence, notamment des rites de passage masculins de la communauté masaï au Kenya ou le théâtre d’ombres syrien.

A ce jour cette liste contient 52 éléments dont la pérennité est considérée comme menacée. Une inscription permet aux États parties « de mobiliser la coopération et l’assistance internationales nécessaires pour renforcer la transmission de ces pratiques culturelles en accord avec les communautés concernées », explique l’Unesco.

Egalement à l’agenda, une demande d’assistance internationale soumise par l’Albanie pour réaliser un inventaire de son patrimoine immatériel, « en vue de le sauvegarder et le transmettre aux générations futures ».

Le Comité, qui se réunit tous les ans, assure le suivi de la mise en oeuvre de la convention de 2003, un instrument juridique ratifié par 178 États ayant intégré la sauvegarde du patrimoine immatériel dans leurs législations nationales.

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