Le vélo, bouffée d’air et bouée de sauvetage dans New York confiné

Coney Island, au sud de Brooklyn

Indispensables aux livreurs de supermarchés ou de restaurants qui sillonnent la ville, précieuse soupape pour les habitants confinés, les vélos règnent en maître en ces temps de pandémie dans les rues de New York.

Réparateurs et vendeurs de bicyclettes ont été classés comme activités essentielles et ont donc pu rester ouverts depuis le début du confinement dans la plus grande métropole des Etats-Unis. « Les affaires vont bien », reconnaît Sal Bellitte, co-propriétaire de Bellitte Bicycles, magasin de cycles détenu depuis longtemps par la même famille. « Mais on est aussi là pour rendre service aux gens », dit-il dans son échoppe de Jamaica, à l’est du Queens, ouverte par son grand-père il y a plus de 100 ans, en 1918.

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Les livreurs viennent faire réparer leurs vitesses ou leurs freins, très sollicités en ce moment, tandis que des amateurs débarquent pour acheter un engin ou donner une nouvelle jeunesse à un vieux vélo. Les salles de sport fermées, la petite reine permet de rester en forme, mais aussi d’éviter un slalom fastidieux pour les piétons, distanciation sociale oblige. En outre, dans une ville où 29 cyclistes ont été tués dans des accidents de la route en 2019, pouvoir rouler dans des rues quasi-vides a de quoi séduire.

« C’est bon pour votre organisme, bon pour votre esprit », vante Peter Storey, président du New York Cycle Club, club cycliste qui compte plus de 2.000 membres. « Il n’y a rien de tel qu’un peu d’espace ouvert, c’est magique », se réjouit Robin Lester-Kenton, qui apprend à ses deux fils de 5 et 7 ans à faire du vélo sur un terrain de basket vide.

« Le business est en plein boom », confirme Paris Correa, qui vient juste de commencer à travailler pour la boutique Bike Stop à Astoria. « J’ai été engagé parce que le propriétaire savait que ça allait devenir dingue ».

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« Continuer à gagner ma vie »

Au chômage après avoir perdu son emploi de chauffeur du fait de l’arrêt des activités non essentielles dans l’Etat de New York, Oliver Bucknor a acheté un vélo d’occasion 250 dollars. Il l’a fait remettre en état chez Bellitte, avant de prendre une place de livreur de nourriture. « Un vélo, c’est une bouée de sauvetage pour plein de gens », dit cet homme de 50 ans, originaire de Jamaïque. « Ca me permet de continuer à gagner ma vie ».

Le réseau de vélos en partage Citi Bike a mis gratuitement à disposition ses engins pour les soignants ou agents des transports publics. Assistante sociale en milieu hospitalier, Emily Rogers s’est mise à pédaler entre son domicile et l’établissement où elle travaille, pour éviter de prendre le métro.

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« C’est bien d’être un peu à l’extérieur sans se sentir coupable », dit cette femme de 27 ans de ses deux demi-heures de trajet quotidiennes, qu’elle prévoit de poursuivre après la fin de la distanciation sociale.

Depuis le début du confinement, les stations les plus prisées ne sont plus celles proches des gares ou arrêts de bus, mais des hôpitaux, ce qui indique que le personnel soignant utilise bien les vélos de la flotte Citi Bike.

L’avènement du vélo à New York ne profite cependant pas à toute l’industrie, comme le constate amèrement John McKee, propriétaire de Brooklyn Giro, qui organise des randonnées cyclistes un peu partout dans la ville. Son activité est à l’arrêt, victime de l’arrêt des activités non essentielles et de l’absence de touristes.

« L’an dernier, l’ambiance était à la fête et on allait au restaurant », dit-il. « Mais cette année, on est passé aux bons d’alimentation », attribués aux familles modestes par le gouvernement. Malgré sa situation favorable, Sal Bellitte se sait à la merci d’un coup du sort en cette période d’incertitude. « Si l’un de nos gars a des symptômes » du coronavirus, prévient-il, « nous devrons fermer ».

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