Aujourd’hui, ce n’est déjà plus sa vieille ville que l’on visite mais ses nouveaux quartiers aux signatures prestigieuses. A croire que 300 jours de soleil par an, ça aide à pousser !

Montpellier est une ville singulière, qui a construit sa modernité sur un centre ancien remarquable.  » Née au Moyen Age, la ville a vivoté jusqu’en 1962 où elle a dû répondre à l’afflux massif des rapatriés d’Algérie « , explique en préambule Hélène Mandroux, son maire. Dès lors, Montpellier a de l’ambition. En 1977, l’emblématique Georges Frêche (1938 – 2010) fait un geste fort en choisissant l’urbaniste et géographe Raymond Dugrand comme premier adjoint. Ce dernier décide d’étendre la cité vers la Méditerranée en s’inscrivant dans le tropisme observé depuis les origines qui la pousse vers le sud.

Car après les rapatriés, ce sont les étudiants qu’il faut loger. Dans la capitale du Languedoc, un tiers des habitants ont moins de 30 ans. Cette politique volontariste produit l’effet escompté car Montpellier est la ville de l’Hexagone qui connaît la plus forte croissance avec 5 600 habitants en plus chaque année. Il faut dire qu’elle possède nombre d’atouts : située sur l’axe Milan-Barcelone et à quelques kilomètres de la mer, Montpellier est une ville où il fait bon vivre, où l’offre culturelle est imposante… et qui dispose d’un taux d’ensoleillement de 300 jours par an. Elle cultive de plus un art de vivre éminemment méditerranéen où la vie dehors joue un rôle central. Sous l’impulsion de sa municipalité, Montpellier a effectué une mue sans précédent, mûrie en trois décennies. Elle s’est donné les moyens de ses ambitions en accueillant les plus grands architectes, dont quatre Pritzker Prize : Nouvel, Portzamparc, Richard Meier et Zaha Hadid. Pour prendre la mesure de cette transformation, il suffit de se balader dans le nouveau quartier de Port Marianne. Dix fois plus étendu que l’Ecusson, le centre historique : le nouveau Montpellier s’étend sur 400 hectares et multiplie les bâtiments d’exception et les défis en termes d’urbanisme.

1. VISITER LE PLUS BEL ESPACE DESIGN EUROPÉEN

Pionnier du design dans le Sud, Franck Argentin a eu le nez creux lorsqu’il a commandé à Jean Nouvel le nouveau showroom RBC au coeur de Port Marianne, le nouveau quartier ultradynamique réalisé de toutes pièces par des architectes de renom. Plus qu’une boutique de design, le Design Center est un véritable lieu de vie de 2 000 m2. Car si Jean Nouvel a imaginé le navire amiral du groupe RBC, Franck Argentin, lui, a su transformer son showroom en véritable lieu de vie. D’abord en y installant un restaurant, le MIA, qui se prolonge par une terrasse sur le vaste parvis et une librairie. Ces espaces viennent compléter une sélection du meilleur du design contemporain sur huit niveaux. Quoi de plus agréable que de flâner autour de ces icônes signées Moroso, Knoll ou Vitra ? On peut même venir prendre conseil auprès de la  » lighting designer  » maison, qui propose son aide pour les projets d’éclairage. Une source d’inspiration en perpétuelle évolution.

RBC Design Center : 609, avenue Raymond-Dugrand.

Tél. : +33 4 67 02 40 24. www.rbcmobilier.com

2. S’OFFRIR UNE PAUSE MODERNE DANS LES VIGNES

Passer un week-end à Verchant, c’est découvrir le meilleur de l’art de vivre languedocien contemporain. A quelques kilomètres du centre-ville, ce domaine 5-étoiles propose une expérience hors du commun. Sa création remonte au haut-empire romain, en 69 après J.-C. Perdue dans un grand parc arboré, cette grande maison de maître du XIXe marie harmonieusement vieilles pierres et mobilier contemporain, à l’instar de la chambre Jean-Marie Massaud, entièrement meublée par le designer. Outre les chambres et le restaurant, c’est aussi le spa qui mérite le détour. Cerné par les vignes du domaine, cet espace ultramoderne joue les mariages de couleurs sombres pour inviter à la détente. A proximité de ce lieu enchanteur, vous pourrez profiter des golfs et des plages tout proches, pousser jusqu’au pont du Gard ou vous offrir une journée de bateau avec dépose sur les plages sauvages de la région.

Domaine de Verchant : 1, boulevard Philippe-Lamour, à 34170 Castelnau-le-Lez. Tél. : +33 4 67 07 26 00. www.domainedeverchant.com

3. ADMIRER SOULAGES AU MUSÉE FABRE

Il y a dix ans, apprenant que le musée Fabre allait être rénové, Pierre Soulages (né à Rodez, dans l’Aveyron) lui a légué vingt toiles réalisées entre 1951 et 2005. En guise d’écrin, il imagine alors deux salles, en collaboration avec l’architecte et le conservateur du musée. Le résultat est extrêmement réussi. Les noirs des tableaux vibrent et jouent avec la lumière naturelle des salles. Leurs façades en écaille de verre, doublées à l’intérieur de grands panneaux translucides, créent un éclairage zénithal mettant parfaitement en valeur ces oeuvres de  » l’outre-noir « . Le reste de l’accrochage se partage entre peintures classiques et espaces contemporains, notamment grâce à un dépôt du Centre Pompidou, à Paris. Si on se perd dans les étages, le parcours n’en est pas moins agréable, rythmé par des cabinets en wengé, où des bornes interactives permettent d’approfondir la visite. C’est aussi l’occasion de découvrir la cuisine des célèbres jumeaux Pourcel, aux commandes de l’Insensé, le restaurant du musée.

Musée Fabre : 39, boulevard Bonne-Nouvelle. Tél. : +33 4 67 14 83 00. www.museefabre.fr

4. REDÉCOUVRIR LA DANSE AUX URSULINES

Dans les années 70, Montpellier était une ville universitaire dynamique mais qui manquait cruellement de propositions culturelles. Le maire de l’époque, Georges Frêche, eut alors l’idée de créer un festival de danse. En 1984, cet événement se pérennisa sous la forme d’un des premiers centres chorégraphiques de France. A l’étroit sous les toits de l’opéra, le chorégraphe Dominique Bagouet, alors directeur du centre, rêvait d’un grand studio de création, de représentation et de répétition au coeur de la ville. Le couvent des Ursulines se posa alors en choix évident. Pour ce couvent désaffecté du XVIIe siècle, le duo d’architectes Lipsky + Rollet propose un projet architectural basé sur l’intégration d’une construction neuve aux bâtiments existants. Très fonctionnel, le hall d’accueil est inondé de lumière grâce à une verrière démesurée. La réhabilitation parfaitement maîtrisée a su allier innovation et fonctionnalité, respect de l’histoire des lieux et modernité. Un ensemble qui permet aujourd’hui à la chorégraphe Mathilde Monnier d’exprimer tout son talent.

Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon : boulevard Louis-Blanc. Tél. : +33 4 67 60 06 70. www.mathildemonnier.com

5. FILER DANS LES DUNES À 8 KILOMÈTRES

Depuis le Moyen Age, Montpellier semble vouloir s’étirer jusqu’à la proche Méditerranée. Il suffit de voir l’évolution de son agrandissement… Si on a prêté à l’ancien maire Georges Frêche la volonté de faire de Port Marianne un accès direct à la mer, Hélène Mandroux, qui lui a succédé, semble avoir tiré un trait sur ce fantasme ancestral. Pour autant, filer jusqu’aux dunes du littoral fait partie de la tradition montpelliéraine puisque les stations de la côte ne sont qu’à 8 kilomètres de la métropole et accessibles en tramway + vélo, bus ou piste cyclable… L’occasion de (re)découvrir la mythique Grande-Motte, en plein revival architectural, poser sa serviette sur la vaste plage de sable fin du Grand-Travers ou s’installer sur l’une des terrasses des restaurants de plage, des plus sobres (le sympathique et écolo Bihapi ou le mythique Windsurf) à la plus chic (le Carré Mer). Attention toutefois, la plupart de ces lieux valent surtout pour leur cadre, pas leur assiette…

Bihapi : La Grande-Motte, Grand-Travers. Tél. : +33 6 75 52 87 29.

Le Carré Mer : Villeneuve-lès-Maguelone. Palavas rive droite, direction abbaye de Maguelone. Tél. : +33 4 67 42 06 96.

Windsurf : Palavas rive droite, route de Maguelone. Tél. : +33 4 67 68 01 57.

6. SHOPPER DÉCO AU CENTRE-VILLE

Malgré sa réputation un brin bling-bling, Montpellier recèle des boutiques de décoration pointues. Pour les découvrir, il faut se perdre dans les ruelles blanches du quartier Saint-Roch et ainsi tomber sur De La Luce, la boutique Violette et Square. Chacune dans un esprit différent, ces trois enseignes font la part belle aux petits créateurs, aux séries limitées et aux objets poétiques et tendance. Chez Violette (photo), on retrouve une sélection de produits Caravane, Tolix, Lampe Gras, Sentou ou Angel des Montagnes. Un univers que complète parfaitement la boutique De La Luce, qui propose un design organique, scandinave avec notamment la griffe finlandaise Iittala. Une boutique au style apaisé où dénicher de petites raretés qui embelliront le quotidien. Dernière adresse incontournable, la boutique Square, un concept-store qui mixe marques de déco confidentielles, vêtements de créateurs et salon de thé. Un trio indispensable…

Boutique Violette : 2, rue du Petit-Saint-Jean. Tél. : +33 4 67 92 99 29.

De La Luce : 2, rue Saint-Côme. Tél. : +33 4 67 06 90 75.

Square : 5, rue du Petit-Saint-Jean / 4, rue des Teissiers. Tél. : +33 4 34 11 55 99.

7. LÉZARDER SUR LES TERRASSES

Très minéral avec ses vieilles demeures en pierres blanches, le centre historique de Montpellier est organisé en ruelles étroites ponctuées de places comme autant de respirations. Au gré de vos promenades, vous vous poserez sur les terrasses de la microscopique place Saint-Ravy. A quelques encablures, l’église Saint-Roch abrite la place éponyme tout autour de laquelle se pressent les tables, qui se prolongent jusqu’à la rue de l’Ancien-Courrier et la rue des Soeurs-Noires où s’est installé le gourmand Sister’s Café. Sur la festive place Saint-Côme, pubs et bars étalent leurs terrasses. Dernier spot très prisé, la place de la Canourgue, plus chic, où se dressent le Don Peppino et Le Comptoir de l’Arc (photo), adresse incontournable où il faut être vu. Le chef y propose une cuisine du marché, mais c’est surtout à l’heure du brunch gourmand ou de l’apéro que Le Comptoir de l’Arc affiche terrasse pleine !

Sister’s Café : 3, rue des Soeurs-Noires. Tél. : +33 4 67 66 15 95.

Le Comptoir de l’Arc : 2, rue de l’Hôtel-de-Ville. Tél. : +33 4 67 60 30 79.

Don Peppino : 13, rue Sainte-Croix. Tél. : + 33 4 67 52 89 75.

8. DÉAMBULER DANS LE MONTPELLIER DE DEMAIN

Pour comprendre l’évolution de la ville, il faut partir de l’emblématique place de la Comédie, puis rejoindre en tram le quartier Antigone imaginé par Bofill à partir de 1977. Depuis 1988, c’est Port Marianne qui assure la continuité et invente le Montpellier de demain. Habitat, universités, bureaux et commerces y cohabitent aux côtés des bâtiments des plus grands architectes. Jean Nouvel et François Fontès ont pensé l’hôtel de ville comme la pierre angulaire et le Design Center de RBC comme son brillant contrepoint. Edouard François y a construit son fascinant  » Immeuble qui pousse « , Christian de Portzamparc, la résidence de la Lironde, et Massimiliano Fuksas, le flambant neuf lycée Georges-Frêche (photo) où Matali Crasset intervient avec Emulsion, une ligne originale de mobilier et de luminaires. Quant à Philippe Starck, il planche sur l’immeuble Nuage, un lieu conceptuel qui mélange club de sport et nouvelles attentes des urbains. Au total, 25 000 logements sont en cours de réalisation et, en 2022, 50 000 personnes vivront dans ce Montpellier qui sort de terre à vue d’oeil. De l’autre côté de la ville, c’est Zaha Hadid qui propulse le quartier de la Paillade dans le XXIe siècle avec  » la cité des savoirs et du sport pour tous « .

9. PROFITER D’UN HÔTEL FLAMBANT NEUF

Côté cour, c’est un espace très minéral, une façade dont les terrasses s’ouvrent sur le parvis de l’hôtel de ville de Montpellier. L’hôtel Marriott, conçu par Arago (Thierry Cazals et Laurent de Fouchecour), s’intègre dans la composition du quartier de la nouvelle mairie imaginée par Jean Nouvel et François Fontès. Côté jardin, l’établissement donne sur le Lez, cours d’eau arboré et verdoyant. Au centre, se trouve un îlot de fraîcheur formalisé par la piscine. A l’intérieur, cette agréable sensation se poursuit dans le lobby et les chambres, modernes, toniques et conviviales. En fil rouge, les tonalités pistache apportent un côté à la fois apaisant. Le Marriott propose également un restaurant aux belles proportions, lumineux et très méditerranéen tant dans l’assiette que dans le cadre. Les fans de Jean Nouvel opteront pour une chambre avec vue et terrasse sur le parvis pour profiter de la vue imprenable sur l’hôtel de ville, particulièrement impressionnant de nuit.

Courtyard Marriott : 105, place Georges-Frêche. Tél. : +33 4 99 54 74 00. www.marriott.fr/mplcy

10. S’INITIER AUX ARTS APPLIQUÉS À LA FENÊTRE

C’est dans un lieu très graphique aux accents new-yorkais que Christian Gros a ouvert La Fenêtre il y a presque deux ans. Quand cet anthropologue a hérité d’un vieux garage dans le quartier en mutation de la gare, il a décidé de réaliser son rêve et d’y promouvoir les arts appliqués. Dans ce vaste espace qui accueillera bientôt des artistes en résidence, il organise des expositions de photo, architecture, design, urbanisme et arts numériques. Très sensible à la dimension éducative du lieu, Christian Gros invite également des élèves de la métropole à présenter leur travail. Ce sera le cas du 4 avril au 11 mai prochain à l’occasion de Parure, nature, culture, une exposition autour des métiers de la mode, mettant notamment à l’honneur le processus de création au travers de photos grands formats, réalisations et croquis préparatoires. La Fenêtre est donc un espace en prise avec la cité dont l’ambition est de trouver sa place  » dans cette ville très dynamique sur le front de la culture « , se réjouit Christian Gros.

La Fenêtre : 27, rue Frédéric-Peyson. www.la-fenetre.com

PAR MARIE GODFRAIN / PHOTOS : GILLES LEFRANCQ

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