Des bordeaux peu connus mais de qualité… Pour accompagner avec grâce les repas de fête : les 10 choix de Weekend.

Hormis la promotion du Château Mouton-Rothschild, en 1973, dans les premiers crus, le fameux Classement de 1855 reste pratiquement inchangé, fiable et, en gros, accepté. Il n’en est pas de même des Crus Bourgeois classés en 1932. Encombré de propriétés disparues ou vouées à un second vin, il demandait un sérieux dépoussiérage. Ce fut fait en 2003. Désormais, Bordeaux retient 9 crus bourgeois exceptionnels, 87 crus bourgeois supérieurs et 151 crus bourgeois. Mais comme la perfection n’existe pas, 3 excellents châteaux ont refusé d’y participer : Bel-Air Marquis d’Aligre, Gloria et Sociando Mallet. Par ailleurs, 76 propriétés  » oubliées  » obtiennent, après jugement, le droit d’imprimer  » bourgeois  » sur leur étiquette, et le tribunal reconnaît un avis partial dans le dossier du Château Preuillac ! Que cela ne vous prive pas de savourer ces 10 crus bourgeois sélectionnés après de sérieuses dégustations à l’aveugle.

1. Haut-Médoc 2000, Château Cissac.

Une chartreuse du xviiie siècle construite sur le site d’une villa romaine et un cellier en bois centenaire attestent de l’ancienneté de ce cru bourgeois. Créé par un notaire, ce domaine réunit plusieurs propriétés sur la commune de Cissac. Les 50 ha de vignes accueillent 20 % de merlot, 5 % de petit verdot et, surtout, 75 % de cabernet-sauvignon. L’importance de celui-ci combiné à 18 mois en fûts (30 % à 40 % sont neufs) donnent des vins lents à se faire. Ce 2000 (petits fruits, cuir, réglisse) demande à être carafé et servi à 16 °C.

19,08 euros. Godaert & Van Beneden, tél. : 02 410 12 93.

2. Haut-Médoc 2001, Château d’Arche.

Du même propriétaire que le fameux Château Palmer (troisième cru classé margaux), cet excellent cru bourgeois supérieur plante 9 ha de cabernet-sauvignon (45 %), merlot (40 %) et cabernet franc avec un chouia de petit verdot et de carmenère. Après un an d’élevage en fûts (neufs pour un tiers), il séduit par ses notes d’épices et de fruits noirs compotés. Le tout revient en bouche dans une trame serrée et fraîche sur un fond réglissé. Les amateurs de vins jeunes l’apprécieront décanté à 16 °C.

18,80 euros. Route du Vin, tél. : 02 426 20 80.

3. Haut-Médoc 2003, Château Cambon La Pelouse.

Elu cru bourgeois supérieur en 2003, ce haut-médoc cultive 65 ha plantés en merlot (50 %), cabernet-sauvignon (30 %), cabernet franc (18 %) et petit verdot. La moitié de la récolte passe en fûts neufs. Remarquable, le 2003 déroule un agréable fondu de fruits mûrs. Porté par un boisé bien intégré, ce vin de plaisir souligne sa finale d’une jolie fraîcheur. On peut l’attendre 3 ou 4 ans, mais aussi le servir après une bonne aération en carafe.

13,75 euros. Colruyt.

4. Listrac Médoc 2002, Château Sémeillan Mazeau.

 » Le toit du Médoc  » : l’appellation Listrac-Médoc squatte le point culminant de la presqu’île du Médoc entre Saint-Julien et Moulis. Cabernet-sauvignon et merlot se partagent équitablement les 12 ha du vignoble. Le grenat chatoyant libère des fragrances de fruits rouges (fraise, framboise, cerise), vanille et chêne (léger). Suaves, les fruits se prolongent au palais avec équilibre et fraîcheur. Voué à la cave, il ne résistera pas à un passage en carafe pour, à 16 °C, acompagner dinde aux marrons, chapon rôti.

12,90 euros. Pirard, tél. : 067 77 31 01.

5. Médoc 1999, Château Potensac.

Ce cru bourgeois exceptionnel appartient à la famille du célèbre Château Léoville-Las-Cases. L’encépagement des 70 ha de la propriété sollicite les classiques cabernet-sauvignon (60 %), merlot (25 %) et cabernet franc (15 %). Vendanges manuelles, cuverie thermorégulée, élevage dans du chêne neuf français et les talents du vinificateur propulse ce 1999, à la fois élégant et fondu, souple et bien construit, au niveau d’un cru classé. Mûr et prêt, il ne devrait guère poser de problème à table.

17,23 euros. Colruyt.

6. Médoc 2001, Château Haut-Maurac.

Bien à l’aise sur une croupe de graves dominant l’estuaire de la Gironde, les 28 ha de la propriété bénéficient d’un microclimat. Cabernet-sauvignon (60 %) et merlot (40 %) génèrent un cru bourgeois peu connu, mais de qualité. Petits fruits, tombée d’épices, touche de chocolat décorent un vin jeune dans ses expressions, un rien austère, mais bien campé dans des tanins équilibrés et sans arrogance. De quoi envisager de le carafer avant de le marier à une belle viande flanquée de cèpes.

10,28 euros. Les Tourinniers, tél. : 010 86 72 15.

7. Pauillac 2002, Château Pibran.

S’il avait eu ses propres chais (et ainsi ne pas dépendre du très célèbre château Pichon-Longueville-Barton), Pibran aurait été classé cru bourgeois exceptionnel. Il se contente du titre de bourgeois supérieur. Ce voisin de Mouton-Rothschild, Pontet-Canet et Lynch-Bages cultive 17 ha en cabernet-sauvignon (60 %), merlot (30 %), cabernet franc (5 %) et petit verdot sur une belle croupe de Pauillac. Après 12 à 15 mois en tonneaux (neufs pour la moitié), ce 2002 développe un nez profond de réglisse noire, baies de sureau et fruits dans un léger boisé. La bouche y ajoute une certaine suavité. Jeune, mais déjà accessible après une oxygénation en carafe.

20,44 euros. Catulle, tél. : 02 426 61 00.

8. Saint-Estèphe 2001, Château de Pez.

Dans le giron du Champagne Roederer depuis 1995, ce cru bourgeois exceptionnel de Saint-Estèphe provient d’un beau vignoble de 26 ha répartis en cabernet-sauvignon (45 %), merlot (46 %), cabernet franc (8 %) et petit verdot. Des fruits, une note toastée due à l’élevage en barriques neuves, du tabac blond et des épices animent un bouquet élégant. Souple et rond sur des tanins bien enrobés, il évolue avec équilibre et charme. Un décantage facilite ses relations gastronomiques.

28,80 euros. De Coninck, tél. : 02 353 07 65.

9. Saint-Estèphe 2003, Château Bel Air.

Des crus classés tels Cos d’Estournel, Montrose, Haut-Marbuzet et Tronquoy-Lallande entourent les 5 ha de ce petit domaine. Le cabernet-sauvignon fournit les trois quarts des vignes. Le merlot comble le reste. Bien constitué, il supporte aisément 14 mois de fûts. Coloré, il associe notes empyreumatiques (brûlé), réglisse, épices, cassis à une touche d’eucalyptus. Charnu, concentré avec mesure sur des tanins goûteux, il a besoin d’être mis en carafe pour plaire à table.

19,70 euros. Leymarie, tél. : 081 81 14 02.

10. Saint-Julien 2002, Château La Bridane.

La bridane, un ancien sentier muletier, donne son nom à cette propriété de 16 ha. Les cabernet-sauvignon (47 %), merlot (36 %), cabernet franc (13 %) et petit verdot passent de 9 à 16 mois en barriques (deux tiers sont neuves). Un joli nez de cassis, poivre et fumé s’évadent d’un vin séduisant dans sa robe rubis soutenu. Riche, fruité, gainé par de bons tanins, il assure un confort de bouche, pour, à 16 °C, escorter agneau, pigeonneau…

14,89 euros. Tricot, tél. : 071 35 88 00.

Serge Tonneau

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