Depuis 2005, MaxMara, en collaboration avec la Whitechapel Gallery de Londres, décerne le Max Mara Art Prize for Women, un prix bisannuel destiné à valoriser le travail d’une jeune artiste britannique. Récompense : pas d’argent, mais du temps, six mois en résidence à Rome pour réaliser une £uvre acquise ensuite par la collection Maramotti. Ainsi, en octobre dernier, There was no Red, la vidéo conçue par la  » sound artist  » Hannah Rickards, lauréate en 2007, intégrait une salle de la collection. Elle restera visible pendant deux ans.

On constate que de plus en plus de marques de mode s’associent avec le monde de l’art. Qu’est-ce qui vous a particulièrement convaincue, en tant que directrice d’une institution publique, de collaborer avec MaxMara ?

Habituellement, au musée, nous participons à l’issue du processus artistique. Le travail a été fait, nous l’exposons. Dans le cas de ce prix, dont la récompense est une résidence de six mois à Rome avec la réalisation d’une £uvre au final, nous avons l’opportunité de suivre le travail d’une artiste dès le début du processus créatif. Aussi, la chose la plus importante que vous pouvez offrir à n’importe qui, c’est du temps. Du temps pour oublier la pression, et, dans le cas d’un artiste, pour uniquement penser à son travail sans être pollué par les petits tracas du quotidien. Par ailleurs, le prix est destiné à une femme. Cela a toujours fait partie des engagements de la Whitechapel d’encourager les artistes femmes et souvent à un moment ou personne ne les exposait. Je pense à Barbara Hepworth, Frida Kahlo, Cindy Sherman, et tant d’autres. Enfin, MaxMara est encore une entreprise familiale qui ne fait pas partie d’un grand conglomérat international, ce qui facilite la qualité du dialogue, la qualité de la relation.

Des livres comme Femmes artistes, artistes femmes (éd. Hazan) paraissent, des expos comme Elles@CentrePompidou sont montées. La question de la présence des femmes dans l’art fait débat ces derniers temps. Pourquoi marquer cette différence ?

Parce que les femmes ont été absentes pendant 2000 ansà Cela ne fait pas très longtemps qu’elles ont commencé à être reconnues, il a fallu attendre les années 1960 pour que la situation change réellement. Les artistes féminines, à l’époque, étaient encore largement méconnues des galeries, des musées et même des académies. Elles se sont alors dit : ok, les gars, si on n’a pas le droit de peindre et sculpter on va faire autre chose, de la performance, de la photographie, de la vidéo. Exclues des  » grandes disciplines « , elles se sont retrouvées à l’avant-garde en creusant des formes d’expression différentes. Regardez Louise Bourgeois : elle s’empare de la broderie par exemple, pour en faire au final du très grand art. Depuis les années 1990, on sent qu’il y a une nouvelle prise de conscience, mais c’était un long combat. Qui n’est pas terminé, du reste. Ce prix supporte cette cause.

Comment choisissez-vous la lauréate du MaxMara Women Art Prize ?

Le jury réunit toutes les composantes du monde de l’art. Une galeriste, une critique, une collectionneuse, une artiste et moi-même. Nous débattons longuement et passionnément pour choisir la lauréate d’après la qualité de son travail, son innovation bien sûr. Mais nous tenons également compte de son profil : a-t-elle besoin de sortir de son atelier pour gagner en créativité ? Va-t-elle profiter des retombées du prix en termes de réputation, c’est-à-dire, a-t-elle besoin d’un coup de pouce pour sortir de l’ombre ou est-elle déjà bien lancée ?

Femmes artistes : le combat n’est pas terminé

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