Elle fait souffler un vent nouveau sur la Fashion Week new-yorkaise, dont l’édition hiver 10-11 est lancée ce 11 février. Son style  » bohemian luxe  » séduit les Américaines les plus lookées : de la Première dame Michelle Obama à la rédactrice en chef du Vogue États-Unis, Anna Wintour.

« Allô, c’est Sophie Théallet.  » Surprise : la dernière coqueluche du Vogue américain répond en personne à votre demande d’interview. Elle est comme ça : nature. Originale aussi.  » Une créature rare dans le monde de la mode « , dit d’elle Anna Wintour, la rédactrice en chef du célèbre magazine de mode, dans son édito du mois de janvier. Un succès qui n’a absolument rien changé au style de vie de la styliste française qui vous reçoit chaleureusement, en jeans et tunique mexicaine brodée achetée aux puces, dans son mini-appartement et studio de création de Brooklyn.

Les premiers looks de l’hiver 10-11, matières douces et couleurs chaudes, sont suspendus sur un portant, près des croquis et des échantillons de tissus. La table à dessin où Sophie conçoit ses modèles et ses imprimés a la taille d’un bureau d’écolier. Est-ce le CD de chants bulgares, le glouglou de l’aquarium, l’odeur de la bougie parfumée ou les icônes religieuses signées de son frère, iconographe à Lourdes ? L’ambiance est zen, presque monacale.

Tout s’est subitement accéléré pour la Française installée depuis dix ans aux États-Unis. Sa griffe a moins de 2 ans quand elle découvre, en avril 2009, l’une de ses robes sur Michelle Obama.  » Du jour au lendemain, mon nom était connu partout.  » En novembre dernier, elle reçoit des mains de Nicole Kidman le prestigieux prix CFDA/Vogue qui récompense les designers émergents aux États-Unis.  » Oui, ça a été mon année. « 

Si sa notoriété est récente, Sophie Théallet n’a pourtant rien d’une débutante. Diplômée d’une grande école de mode parisienne, le Studio Berçot, elle a appris le métier aux côtés de Jean Paul Gaultier et d’Azzedine Alaïa. Repartie de zéro en arrivant à New York, pour suivre son mari, elle pense que sa longue pratique du métier est un facteur important de sa réussite. Maman d’un petit Léon de 4 ans, elle tient aussi à ses valeurs : l’amour du travail bien fait, les rapports humains, la longévitéà  » La mode est un métier où ça bouge beaucoup. Monter, mais doucement, c’est ce qui me plaît. Je n’aurais pas aimé que le succès m’arrive du jour au lendemain, car il n’aurait eu aucune signification. « 

Ses cheveux noirs tirés en queue de cheval, un rouge à lèvres bien rouge, Sophie affiche un air de danseuse de flamenco. Son enfance ? Elle a grandi entourée de cinq frères, était un garçon manquéà mais rêvait aussi de robes de princesse. Sa vocation ? Son grand-père avait une usine de textiles dans les Hautes-Pyrénéesà Elle dessine sa première robe à l’âge de 8 ans. Plus tard, elle s’intéresse à la scène punk rock et est inspirée par l’esprit rebelle de la styliste britanniqueVivienne Westwood.

 » Mes origines sont paysannes. En même temps, elles sont bourgeoises : mon père est bordelais. C’est ainsi que j’ai les pieds sur terre tout en étant complètement up there, lâche-t-elle en regardant vers le plafond. Une dichotomie qui se retrouve dans sa garde-robe. Simple. Poétique. Magique, un mot qu’elle utilise souvent.  » Il n’y a pas d’idée intellectuelle derrière mes vêtements. J’essaie simplement qu’ils soient beaux et portables.  » Avec un fini résolument couture. Sa première collection, présentée en septembre 2008, portée par des mannequins noires, fut un  » hit « . Cet été, elle fait virevolter des robes légères dans des tons vibrants chocolat et orangé.

Sa collection hiver 10-11 – qui sera dévoilée ce vendredi 12 février, à New York, au cours de l’incontournable Fashion Week – est une fois encore réalisée à domicile, par trois personnes : elle-même, sa fidèle couturière Emma ainsi que son mari et partenaire Steven Franc£ur. Et comme c’est maintenant la coutume, le couloir de l’immeuble Art déco qui abrite son QG a été transformé en catwalk le temps des répétitions. À deux pas de la chambre du petit Léonà

Elodie Perrodil

« J’ai les pieds sur terre tout en étant complètement up there. »

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