Ils affichent le style de  » nos  » créateurs… mais ce ne sont pas des Belges. Portraits de Jens Laugesen, Gareth Pugh, Sharon Wauchob et Nicolas Andreas Taralis, quatre créateurs étrangers aux accents made in Belgium repérés par Weekend.

Le Danois Jens Laugesen et le Britannique Gareth Pugh, basés à Londres… L’Irlandaise Sharon Wauchob et le Canadien d’origine suédoise Nicolas Andreas Taralis, résidant à Paris…. A voir leurs collections, on pourrait croire que ces quatre créateurs sont sortis des deux grandes écoles de mode belge – La Cambre, à Bruxelles, ou l’Académie d’Anvers – tant leurs collections flirtent avec le style made in Belgium : minimalisme, jeux de superpositions, utilisation des couleurs minérales ou du noir gothique mais aussi sens du spectacle en font des disciples de l’école belge.

Jens Laugesen, formé au Central Saint Martins College of Art and Design de Londres, ne fait pas mystère de la filiation.  » Je me réclame d’un certain style belge, j’adore les créateurs anversois, et mon travail est un peu comparable à celui des Belges dans mon approche de la mode « , déclarait-il à Weekend lors de la présentation de  » Future Now 03 « , sa collection printemps-été 2007, dans son showroom parisien. Robes à la coupe rigoureuse et minimale, utilisation exclusive du noir et du blanc, jeux de superpositions… la mode de Jens Laugesen affiche cette étiquette propre à nos compatriotes.

Gareth Pugh, de son côté, baptisé  » l’enfant terrible de la mode anglaise  » par les journalistes britanniques, pourrait être tout droit sorti de l’Académie d’Anvers tant son style est expérimental, architectural, plus ludique que pratique avec un sens aigu du costume.  » C’est important pour moi de créer avant tout un spectacle « , confie-t-il. Lors de son défilé printemps-été 2007 – qui a fait l’événement à Londres -, ses modèles aux visages entièrement recouverts ont défilé dans des vêtements-costumes très graphiques dans une symphonie de noir et blanc. Rien d’étonnant à ce que Gareth Pugh ait tapé dans l’£il de Michele Lamy qui n’est autre que l’épouse de Rick Owens, créateur américain exilé à Paris et dont la mode minimaliste ressemble, elle aussi, à s’y méprendre à celle de créateurs formés à l’Académie d’Anvers.

Sharon Wauchob, quant à elle, défile depuis plusieurs saisons à Paris. Elle travaille le noir d’une manière gothique et ses superpositions un peu grungy, sa rock’ n’roll attitude poétique n’est pas sans rappeler la mode d’Ann Demeulemeester.  » Lorsque j’ai vu son défilé, j’ai immédiatement songé à la créatrice anversoise Ann Demeulemeester « , commentait un photographe de mode à la sortie du show. A Paris, la créatrice irlandaise est représentée par le bureau de presse Michèle Montagne, le même que celui d’Ann Demeulemeester et de Haider Ackermann. Eloquente coïncidence.

Nicolas Andreas Taralis, enfin, qui, comme son nom ne l’indique pas, est canadien d’origine (et qui se voit aujourd’hui confier la direction artistique de Cerruti Homme), propose également une mode aux accents très belges. Son défilé printemps-été 2007, présenté dans un garage en plein c£ur du Marais, le quartier bobo de Paris, mettait en scène, sous une belle lumière un peu blafarde, des vêtements aux coupes épurées et rigoureuses essentiellement dans une palette de noir et de blanc. Shorts en cuir, superpositions de débardeurs, pantalons d’hommes, jeux de transparence, le tout accessoirisé de bottes plates, constituent l’essentiel de sa collection estivale. Pas de superflu, la mode de Nicolas Andreas Taralis va à l’essentiel.

Car, qu’est-ce qui définit le style belge ? Sobriété, épure, utilisation de couleurs minérales, touches gothiques, un soin particulier porté à la mise en scène. Les défilés des Belges ont ceci de particulier qu’ils se situent au-delà de la mode. Lancé dans les années 1980 par la fameuse Bande des Six d’Anvers, le label belge s’est exporté à l’international comme un label de qualité. Dans le milieu fashion, on encense les Belges et cet engouement pour une mode à part, toujours fidèle à elle-même et qui n’est jamais vraiment victime des tendances, n’est toujours pas retombé. Aujourd’hui, la relève est assurée par des Haider Ackermann (voir aussi page 20), Christian Wijnants (lire aussi pages 34 à 38), Bruno Pieters (lire aussi pages 60 à 64) ou encore la toute jeune Cathy Pill (voir aussi page 32). Tous ont en commun de faire perdurer ce même style, rigoureux, poétique et inspiré. Cette belgitude que l’on nous envie à l’étranger, ce sens du concept, cette simplicité rigoureuse, cette androgynie qui révèle une femme moderne, certains créateurs qui n’ont rien de belge s’en réclament, consciemment ou inconsciemment. Portraits de quatre d’entre eux.

Agnès Trémoulet

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