La consommation engagée est en marche. Exemple avec Mecca-Cola, premier soda militant.

Retrouver Fréderic Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

« Bonjour M’sieurs, Dames, qu’est-ce que j’vous sers ? Un p’tit café MR, une grenadine PS ou une menthe à l’eau Ecolo ? J’ai aussi une nouvelle bière sans alcool CDH, vous m’en direz des nouvelles !  » Pourquoi diable n’y ont-ils pas encore pensé ? A quelques semaines des élections législatives, les partis politiques pourraient, sans rougir, aiguiser de nouvelles armes de séduction. Certes, on a déjà connu les bics, les briquets et les ballons siglés, mais cette approche  » gadgetisée  » ne concerne pas encore les besoins premiers de l’homme : la nourriture et la boisson. Pourtant, le phénomène est déjà en marche et il y a fort à parier qu’il se propage rapidement. La preuve : Mecca-Cola, premier soda idéologique, est disponible chez nous, à Bruxelles et à Anvers, dans quelques épiceries des quartiers immigrés (www.mecca-cola.com). Sur l’étiquette de cette bouteille qui ressemble étrangement à un Coca-Cola classique, on peut lire le message suivant :  » Ne buvez plus idiot, buvez engagé !  » De fait, 20 % des bénéfices des ventes sont versés à des associations caritatives (10 % à des £uvres humanitaires palestiniennes pour l’enfance et l’éducation ; 10 % à des organisations européennes militant pour la paix dans le monde). Du moins si l’on en croit Tawfik Mathlouthi, initiateur du projet. Ce Franco-Tunisien, qui a notamment participé au lancement de Radio Méditerranée à Paris, a eu l’idée lumineuse de s’investir commercialement dans la résistance des bulles. Histoire de briser la toute-puissance des sodas américains et surtout d’éveiller la conscience des consommateurs musulmans, il a imaginé un Mecca-Cola alternatif et délibérément propalestinien. Son produit a été lancé en France en novembre dernier et le succès ne s’est pas démenti depuis l’écoulement de deux millions de bouteilles en deux mois à peine. Mieux, le cola engagé a rapidement gagné les autres pays européens et le Moyen-Orient, avant de débarquer récemment sur les continents africain et asiatique. Et les Etats-Unis ? A priori, ce marché difficile n’est pas exclu par Tawfik Mathlouthi car certains pacifistes américains pourraient être séduits. Bref, le front économico-idéologique est ouvert et la mobilisation altermondialiste se gagne désormais avec les armes de l’ennemi. Mecca-Cola s’affronte à Coca-Cola et son inventeur pense déjà à développer une chaîne de restauration rapide baptisée Hallal Fried Chicken (en réaction au Kentucky Fried Chicken américain),  » hallal  » voulant dire  » autorisé par Allah « . L’évolution est intéressante. Avant, on affichait des produits blancs (et moins chers) en réaction aux grandes marques commerciales. Ensuite, la notion d’achat éthique est apparue, garantissant un respect des droits de l’homme lors de la fabrication du produit, mais aussi une rémunération équitable pour l’ouvrier situé à l’autre bout du monde. Aujourd’hui, on passe donc à la vitesse supérieure avec des biens de consommation courante politiquement engagés. Ne souriez pas : la grenadine PS et la menthe à l’eau Ecolo, c’est déjà demain.

Frédéric Brébant

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