La mode, la déco et les parfums aiment raconter des histoires merveilleuses. Cet été, plus que jamais, magie, rêverie et surnaturel sont au programme.

Dans les collections, les stylistes ont usé et abusé de potions magiques pour créer un effet conte de fées. Une atmosphère sophistiquée et précieuse règne ainsi chez Patrizia Pepe (21.) avec des transparences, des volumes aériens et des jeux chromatiques irréels. Des éclairs fluo violet ou turquoise font vibrer les jupes à plis ou à ruches. Usant d’effets graphiques, de touches d’ombre et de lumière et de coloris poudrés, Sonia Rykiel (3.) dessine quant à elle des silhouettes de princesses modernes. Elle les accessoirise de pochettes en peaux précieuses ou de sacs en plumes. Manoush, la toute jeune marque française, dessinée par la styliste Frédérique Trou-Roy, est habitée par l’esprit gipsy et l’allure girly. Couleurs sucrées et tissus chatoyants pour une élégance poétique et libre, très manoucheà Paris Hilton et Vanessa Paradis adorent. Chacok met en avant une héroïne de contes de fées mâtinée d’icônes glamour et sculpturales de l’âge d’or hollywoodien des années 1940 et 1950. Bouscule avec élégance les classiques pour laisser éclater la couleur, s’amuse avec les pastes et les teintes vives, adopte des imprimés et crée des mariages inattendus. La collection Les Hommes Femme (5.), elle, puise son inspiration dans le xviiie siècle pour marier une géométrie rigoureuse à des drapés fluides, des formes amples et ultraféminines, le tout richement travaillé. Un esprit qu’on retrouve dans la pièce phare de la collection, cette tenue spectaculaire noire ponctuée de touches argent et or qui combine à merveille jeu d’opacité et de transparence, rigueur architecturée et sensualité. Des robes de contes de fées dignes du iiie millénaire aussi chez Miss Sixty(7.). Des matières high-tech y côtoient des fibres naturelles, des tableaux abstraits voisinent avec des imprimés psychédéliques et des photos en noir et blanc.

Enfin, Manish Arora (12.), l’étoile montante de la mode indienne, fraîchement débarquée à Paris, nous émerveille avec cette robe en Technicolor dont la jupe est construite comme un manège à l’ancienne.

Des accessoires magiciens

Avec sa collection Paris-Moscou, Karl Lagerfeld nous convie à la cour du tsar Nicolas II : les ors de la Russie impériale et les traditions du folklore russe se mêlent ici aux codes Chanel. Les souliers se hissent, par exemple, sur des talons sculptés en forme de clocher à bulbe (14.). Les sacs ressemblent à des £ufs de Fabergé ornés de riches broderies ou à des poupées russes parées de camélias et de logos au double  » C  » (17.). Abondantes, les broches byzantines, larges manchettes et tiares, entremêlées de cascades de perles et de pierres, émerveillent. Marc Jacobs, chez Louis Vuitton , célèbre l’African Queen. Côté accessoires, les sandales juchées à 11 centimètres s’ornent de poney, de veau, de résine, de python imprimé léopard, de glands, de perles ou de plumes (8.)à Les sacs s’affichent en cuir or ou en bronze bruni, osent l’imprimé léopard, et les pochettes sont ceinturées par un cordon en passementerie brodé de perles ou de plumes.

Sergio Rossi brouille les pistes et les matières et réalise cette sandale étonnante en python brodée de lacets multicolores. Sonia Rykiel opte, elle, pour des volumes arrondis et voluptueux et les pare de patchworks graphiques (19.). Lorenz Bäumer aime les serpents car  » leurs formes sinueuses semblent épouser les méandres de l’imagination « . Dans la bague Délicieux Interdit un serpent scintillant de rubellites, de saphirs, de tsavorites et d’émeraudes s’enroule autour d’anneaux en or jaune rhodié noir. La bague Poisson met en scène un camaïeu de saphirs bleus, mauves, fuchsia et bleu ciel (11.). Plus architecturales et ludiques, les boucles d’oreille Lustre s’ornent de pierres aux nuances pastel. Poursuivant la tradition mérovingienne, le joaillier parisien Philippe Tournaire crée, aussi sur mesure, des bagues d’inspiration architecturale. Paris (9.), villages moyenâgeux, châteaux ou, pourquoi pas, votre  » villa de rêve  » ?

Les lunettes ? Chez Roberto Cavalli, les branches se parent d’un serpent à la tête de strass et aux écailles en émail ou bien encore le même reptile interminable s’enroule autour du logo de la marque. Le même animal s’invite aussi en guest star dans le modèle de montre Snake Flower (4.). Valentino, lui, agrémente les branches de n£uds (23.), de papillons et de roses, Gucci les frappe de clous dorés (22.), Pucci y interprète ses imprimés mythiques et psychédéliques (15.), Michael Kors y intègre des gourmettes dorées (1.). L’idée ? Les lunettes se portent aussi en diadème.

Des senteurs qui ensorcellent

 » Les couturiers sont les seuls à pouvoir transfigurer le réel depuis que la marraine de Cendrillon n’existe plus « , disait Christian Dior, lecteur assidu, dans son enfance, des Contes de Perrault. Depuis lors, les contes et légendes appartiennent à l’ADN de la marque. Lancée en 1985, la saga Poison réinterprète La Belle et la Bête. Quant à l’histoire de Midnight Poison, elle s’appuie sur la relecture de Cendrillon. Elixir (24.), sa dernière version, réussit l’alchimie des pétales de rose, des feuilles de patchouli, de l’ambre, du caramel et de la vanille. Au pays des merveilles, Nina se fait encore des illusions et convoite la pomme que Nina Ricci lui a offerte : larmes de citron vert Caipirinha, lichettes de pomme d’amour et de praline (20.). Il y a près de vingt ans, Thierry Mugler rêvait d’une fragrance de petit prince qui sentirait la barbe à papa, les souvenirs de fête foraine, la guimauve, le chocolat et les amandes grillées. Angel (25.) était né !

Lorsque Eugénie de Montijo rencontre Napoléon III, Pierre-Pascal-François Guerlain est tellement impressionné par sa beauté qu’il crée pour son mariage, en 1853, l’Eau de Cologne Impériale (6.). Fraîche, aromatisée et tonique, elle allie les senteurs de la fleur d’oranger, de la bergamote, du citron, de la lavande et du romarin. Un flacon prestigieux, orné de 69 abeilles (symboles de l’Empire) et d’alvéoles rehaussées d’or fin, lui sert d’écrin. Enfermé dans un flacon boule papillon délicatement nacré, Un matin d’orage d’Annick Goutal (13.) évoque une brassée de fleurs blanches et fraîches (gardénia, jasmin, magnolia, champaca) dont l’odeur se déploie après la pluie. Les feuilles de shiso vert, un aromate japonais, y épaulent le citron de Sicile et le gingembre.

Déco : l’art de l’inattendu

Chez soi, il s’agit d’intégrer objets et meubles pour rajouter une touche de magie. Comme ce miroir de Matali Crasset, appeléà Alice au Pays des Merveilles ou encore le miroir en forme de plume Xenorhabdus, imaginé par Olivier Peyricot et Sylvie Chanchus, dans la collection Narcisse (2.), éditée par Domestic. La même maison a eu la bonne idée de rafraîchir le concept des papiers peints panoramiques, très en vogue dans les années 1970. Revisités par une équipe de jeunes designers et graphistes, édités à 100 exemplaires, ces panoramiques (370 x 300 cm) s’inscrivent dans l’air du temps. L’illustrateur new-yorkais Ryan Cox a imaginé Wrinkle in Time, un décor ludique et haut en couleur aux accents pop, les graphistes Mike et Katie du label Tado créent des personnages un peu fous (panoramique Flower), tandis que l’atelier +41 séduit avec Down the Rabbit Hole, un escalier dans un tunnel en noir et blanc (18.), qui ajoute une perspective vertigineuse à tout intérieur exigu. Fauteuil sorti tout droit d’un conte de fées : le modèle Feltri de Gaetano Pesce (10.), dans la collection Cassina, inspiré par le col de la reine dans Blanche-Neige ou, en version plus futuriste, le modèle Lofty (16.), dessiné par Piergiorgio Cazzaniga pour MDF Italia.

Barbara Witkowska

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