Entre conte et roman, Agnès Desarthe tisse un récit où se mêlent l’intime, l’enquête policière et le récit érotique. Jérôme, son héros est en plein désarroi lorsque le petit ami de sa fille meurt. La douleur de celle-ci le déstabilise et le ramène à ses propres tourments et aux secrets de son identité.

Selon vous, un écrivain doit-il  » inventer des histoires pour exister  » ?

C’est inhérent à la condition humaine. Mon premier carnet n’était pas un journal intime, mais il répondait exactement à ce que j’avais besoin de dire. Je déteste, par exemple, subir la colère, mais il m’est possible de l’écrire.

Est-ce une façon de percer le mystère des êtres ?

Le mystère est l’un des angles sous lequel j’observe la vie. Stupéfaite, je suis incrédule devant la mort. L’écriture transcende les frontières physiques, chronologiques et psychiques. Elle permet de tisser un lien entre les vivants et les morts.

Avez-vous écrit un conte ou un roman ou les deux ?

Les contes rendent compte d’une réalité taboue, dont la littérature se fiche : la petite enfance, le rapport aux parents, les relations fraternelles. L’enfant humain est si peu armé, qu’il est à la merci de tout. À l’instar de Jérôme, on est tous des enfants des bois. C’est si difficile de devenir un être humainà

Pourquoi n’échappe-t-on pas à  » son enfant intérieur  » ?

Je l’ignore, mais l’enfant donne un éclairage précis sur ce qu’il deviendra adulte. Ces sensations premières nous influencent à jamais. L’enfance reste, il en existe une trace en chacun de nous.

à quel instinct animal n’avez-vous pas renoncé ?

Ma timidité farouche suscite une certaine méfiance et un besoin de renifler les choses. Je le sens ou pas ! Dans mon rapport aux enfants, je suis une louve protectrice.

Être parent, c’està

Accueillir un sauvage à la maison. On doit en faire un humain, mais on ne sait pas comment s’y prendre !

Pourquoi ce roman autour d’un duo père/fille ?

Quand les enfants sont petits, ils ont de gros chagrins, comme la perte d’un doudou. Ici, je me demandais comment rester un parent rassurant face à  » un vrai chagrin « , la mort d’un amoureux. Que doit faire ce père peiné avec sa fille endeuillée ? à quoi servent les parents quand les enfants deviennent grands ?

Quelle forme d’amour vous surprend le plus ?

L’amour qu’on ressent pour son enfant qui naît, alors qu’on ne le connaît pas et qu’il n’a rien fait de spectaculaire.

Quel goût a le premier amour ?

Le même que ceux d’après. Qu’on soit petit ou grand, c’est incroyablement fort et profond. Quand on a aimé quelqu’un, on l’aimera toute sa vie.

 » L’erreur est le plus sûr chemin pour atteindre la vérité.  » Quelle est la vôtre ?

La vérité n’existe pas. Heureusement qu’on ne sait pas tout, cela laisse la place au mystère, à la surprise et à l’inexplicableà

Dans la nuit brune , par Agnès Desarthe, L’Olivier, 213 pages.

Kerenn Elkaïm

L’enfance reste, il en existe une trace en chacun de nous.

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