Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, de 9 à 10 heures, dans l’émission de Jean-Pierre Hautier sur la Première (RTBF radio).

Si je vous dis bobo, vous allez certainement m’expliquer, avec toute l’assurance de mon ami le Petit Robert, qu’il s’agit là d’une douleur physique dans le plus pur langage enfantin. C’est gentil mais vous avez tout faux. Du moins si vous voulez être dans l’air du temps. Car être bobo, c’est vachement in. Concrètement, il s’agit de se la jouer à la fois bohème et bourgeois, sans aucun complexe. Et comme par hasard, ces deux mots apparemment contradictoires commencent par les mêmes lettres, d’où ce néologisme plutôt tendance destiné à mieux souligner leur réunion inopinée. Mais rendons à César ce qui lui appartient : le terme est d’abord apparu sous la plume de l’Américain David Brooks, auteur d’un livre baptisé précisément  » Les Bobos  » (éditions Florent Massot) et qui décortique audacieusement ce nouveau phénomène de société. Qui est le bobo? Généralement un quadra qui fut plutôt baba cool à l’adolescence, avant de devenir jeune yuppie dans les scintillantes années 1980 et qui redécouvre, avec le siècle nouveau, les vertus conjointes de ces moments remplis de nostalgie. Aujourd’hui, il revendique toujours un certain esprit hippie gentiment contestataire sans bouder pour autant les avantages de l’e-commerce et des nouvelles technologies de l’information. Il est amateur de produits bio et se déclare adepte du feng shui, mais possède évidemment un agenda électronique et un téléphone portable dernier cri qui lui permet de consulter en permanence et en pleine forêt, les indices boursiers et ses multiples e-mails. Comme quoi on peut à la fois surfer sur le Web et sur sa trottinette par souci économico-écologique. Un peu rebelle, le bobo a horreur du look cravaté et s’exhibe volontiers dans une silhouette franchement décontractée, à l’instar de l’homme d’affaires trop cooool Richard Branson (le PDG de Virgin), pape du bobo par excellence auquel il aimerait vraiment ressembler. En attendant, il se sent plus proche des jeunes patrons de start-up à l’allure éternellement adolescente que des cadres engoncés dans leur traditionnel costume trois-pièces. Bref, le bobo adoooore ces délicieux mouvements de balancier entre ce qui est hype et ce qui est nature, entre l’authentique et le technologique, entre la fausse attitude révoltée et la vraie propension à se muer en une pathétique fashion victim. Rigolo, donc, mais pas trop. Il reste simplement à espérer que ce bobo-là ne se mue en une véritable plaie. L’infection serait disgracieuse…

Frédéric Brébant

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