Dans votre dernier roman,  » La Femme de sa vie « , Julia, l’héroïne, est  » une garce « . Quelle définition en donnez-vous exactement?

C’est une femme qui prend les hommes puis les jette. Elle est très romantique au début, mais plus du tout lorsqu’elle décide que la liaison l’ennuie et que l’amourette est donc terminée. Une garce enfin, c’est une femme qui trompe son mari mais sait se montrer une mère merveilleuse et pleine d’attention.

Les hommes assurent que l’espèce n’est pas menacée d’extinction.

Je pense qu’il y en a beaucoup moins aujourd’hui. Les femmes n’ont plus le même tempérament. Elles mettent leur énergie ailleurs que dans le commerce des sentiments: elles travaillent, elles font carrière. Or être une garce exige du temps. Les femmes ont pas mal perdu dans l’aventure. Je trouve que leur vie est plus dure.

L’autre sexe n’y est donc pour rien ?

Au temps des garces, les hommes étaient pareils: un peu coureurs, mais ils restaient chez eux, assumant leur rôle de chef de famille. Aujourd’hui, les femmes sont libres; du coup, eux aussi. Là aussi les femmes ont perdu. La preuve: elles demandent la séparation plus souvent que les hommes.

Un de vos personnages assure qu’il faut être libre pour aimer.

Si l’on a du temps et de l’argent, il est plus facile de tomber amoureuse. Le contexte social est également déterminant. Pendant les périodes de crise, les gens s’aiment beaucoup plus. Par toutes les incertitudes qu’elle implique, la guerre a engendré de folles passions. En revanche, si l’atmosphère est feutrée, les sentiments sont atténués. Pour ma part, je me consacre beaucoup à l’amour maternel. Je ne suis pas une grande amoureuse. En tout cas je ne l’ai pas encore prouvé; je me le reproche. Grâce à mes romans, je vis des aventures par procuration.

Et pour divorcer, faut-il être libre ?

Le divorce est partout, dans toutes les catégories sociales. Moi, je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette pratique, car elle est terrible pour les enfants. La société que je raconte – la grande bourgeoisie industrielle d’il y a un siècle – ne concevait pas le divorce; le mariage y était donc terriblement long, mais les maisons étaient suffisamment grandes pour que les gens vivent relativement séparés. On se supportait donc plus facilement qu’aujourd’hui dans 80 m2 avec 3 enfants.

Vous vivez tout de même une histoire d’amour…

Oui, avec… Bruxelles. J’y suis venue le jour où mon frère, qui y avait repris une usine, m’a demandé de l’aider à la gérer. Lorsque l’entreprise a commencé à bien tourner, il est reparti à Paris et je suis restée ici parce que, après des débuts difficiles – je ne connaissais personne – j’ai noué des amitiés précieuses, supérieures en qualité à celles que l’on peut trouver en France. J’écris en semaine à Bruxelles et je passe les week-ends à Paris, puisque mes amis belges se consacrent à leur propre famille.

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