Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, de 9 à 10 heures, dans l’émission de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

 » Bon, je te laisse, parce que je vais devoir jeter mon téléphone « . Surtout, ne riez pas. Cet argument très cavalier risque bien de chatouiller votre oreille dans les tout prochains mois. Jouez, hautbois, résonnez, sonnettes, le premier téléphone jetable est en effet annoncé pour la fin de cette année. Après avoir pris sous son aile les stylos, les rasoirs, les appareils-photo et même les lentilles, l’éphémère séduit désormais le monde de la communication mobile. Les fidèles adorateurs de la société de consommation sont déjà en extase : bientôt, ils pourront sacrifier leur GSM sur l’autel des modes et des envies. Et je parierai volontiers mon vieux talkie-walkie que l’acquisition des premiers modèles disponibles sur le marché sera assurément  » tendance « , du style :  » Quoi, t’as pas encore ton J?  » J pour jetable, après le G, évidemment. La compagnie américaine Dieceland l’a annoncé haut et fort : ses téléphones portables du XXIe siècle coûteront la bagatelle de dix dollars (un peu plus de 400 francs) et pourront être mis à la poubelle une fois l’heure de communication épuisée. L’idée aurait paraît-il germé dans la tête d’un ingénieur après qu’il ait eu l’irrésistible envie de défenestrer son mobile pour d’obscures raisons de pertes de réseau. Quand on voit le nombre d’employés de bureau qui ont déjà failli assassiner leur ordinateur, on se dit que, là aussi, il y a un marché à prendre. Sceptique pour le succès du téléphone jetable? Vous avez tort. Les oiseaux de mauvais augure avaient également prédit le flop de l’appareil photo à usage unique et, à l’heure du digital, celui-ci squatte toujours, avec force, les étalages des développeurs d’images. C’est sûr, le  » J  » est promis à un bel avenir. Tant pour son côté résolument pratique que pour le message qu’il renferme silencieusement : le principe même de la durée est de plus en plus dépassé. On zappe vite, on consomme très vite et on a encore plus soif de nouveautés. Franchement, qui a encore l’énergie, à l’heure actuelle, d’aller faire réparer une minichaîne stéréo de quelques milliers de francs tombée malencontreusement en panne? Et même si cette énergie dissipée émergeait tout à coup, qui vous garantit que la réparation ne coûterait pas plus cher que l’achat du même produit neuf? Oui, la société de consommation encourage l’ère des modes et du jetable. C’est peut-être moche mais cela a aussi ses avantages. Il reste simplement à espérer que l’homme, dans toute sa splendeur technologique, ne succombe pas à son tour, pour ses semblables, à cette même tentation. Mais c’est plutôt mal parti. Foi de clone averti.

Frédéric Brébant

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