C’est l’état des cow-boys et des indiens, des grands parcs nationaux et des espaces à perte de vue. 48e étoile du drapeau américain, il est sûrement celui qui fait le plus rêver !

U n soleil de feu s’élève sur le Bellota Ranch. Il est tout juste 6 heures et la chaleur envahit déjà l’atmosphère. Les collines environnantes, parsemées de cactus géants, les saguaros, se couvrent lentement de pourpre. Malgré l’heure matinale Kean, Maria, Pablo et les autres progressent lentement à cheval à la recherche des troupeaux depuis plus d’une heure déjà. Plusieurs fois par an, les cow-boys emmènent leurs vaches à la recherche de plus verts pâturages. Le métier de vachers reste rude : lever vers 3 heures du matin, £ufs et bacon à 3 h 30, attelage des chevaux à 4 heures et départ vers 5 heures à l’assaut des montagnes. Pendant plus d’une dizaine d’heures et des jours durant, ils partent à la recherche de leurs bêtes dans les moindres recoins du domaine. Une dure besogne certes mais qui offre une extraordinaire liberté. Coupés du monde, les cow-boys échappent non seulement aux excès du modernisme, mais vivent au c£ur de terres exceptionnelles, rustiques et sauvages. C’est ici aussi que la cavalerie américaine a mis fin à l’insurrection indienne en battant le chef apache Geronimo… et qu’est né le mythe du Vieil Ouest.

Au loin, Tucson s’éveille doucement. La deuxième ville d’Arizona, située à moins d’une centaine de kilomètres de la frontière mexicaine, mêle subtilement langue espagnole et américaine. Fondée en 1775, comme simple avant-poste affublé du surnom de  » old pueblo  » ( le vieux village), la petite bourgade s’est muée en trois siècles en une véritable petite cité américaine, conservant ici et là un soupçon de touche hispanique dans l’architecture de certains de ses quartiers. Consciente de la richesse de son héritage culturel, Tucson continue à cultiver non seulement son passé avec des festivals de mariachis, mais aussi le mythe indien avec de grands pow-wow, mêlant culture indienne et  » Vieil Ouest  » américain.

Pays de contrastes

Malgré ses quelque cinq millions d’habitants, l’Etat de l’Arizona n’est pas densément peuplé. En revanche, la mosaïque des peuples qui l’occupent est exceptionnelle : 20 % d’hispanophones, environ 320 000 d’indiens, dont 260 000 Navajos, propriétaires de pas moins de 110 000 km2 de réserve sur les 295 000 km2 constituant l’ensemble de l’Etat. Ce faible taux de population permet parfois de rouler des heures sans rencontrer âme qui vive, à l’exception de quelques aigles, hauts dans le ciel et, de temps en temps, un chacal ou un serpent sur le bord de la route. Au bout du ruban goudronné et au nord de Tucson, voici Phoenix, la capitale. Avec ses 3 millions d’habitants, elle réunit la majeure partie des habitants de l’Arizona. Etablie au c£ur du désert du Sonora, la ville n’aurait jamais connu un tel taux de croissance sans l’édification, en 1911, du barrage Roosevelt sur la Salt River. L’eau précieuse a favorisé une véritable explosion démographique. Aujourd’hui, on y admire les réalisations avant-gardistes des architectes Franck Lloyd Wright ou Paolo Soleri.

Direction plein nord, avec la traversée du Grand Canyon : l’aridité fait soudainement place à une immense forêt de conifères autour de la région de Flagstaff. Ici, d’immenses rideaux de sapins bordent la route qui rappellent le Canada ! Le vert soutenu fait, petit à petit, place à un dégradé de roses et d’ocres s’étalant telle une toile abstraite et modulable au gré des rayons de soleil. Nous voilà au c£ur d’une réserve indienne. Pas moins de vingt et une tribus vivent en Arizona dont certaines ont à c£ur, comme les artisans hotis, de perpétuer leurs traditions.

Septième merveille naturelle

Etape suivante : le plateau du fleuve Colorado qui file à l’horizon jusqu’à la phénoménale faille du Grand Canyon. Il y a environ 200 millions d’années, suite au mouvement des plaques tectoniques, une partie de l’écorce terrestre se souleva à cet endroit donnant naissance au plateau. Quand les mers et lacs intérieurs qui recouvraient une grande partie du sud-ouest américain se retirèrent, elles dégagèrent les dépôts d’alluvions qui s’y étaient déposés. Gypse, calcaire, grès, schiste argileux, fossiles d’animaux marins se superposèrent au gré de strates composant aujourd’hui ce site impressionnant. Tels des hiéroglyphes naturels, le décryptage des parois rocheuses nous révèle un pan de l’évolution naturelle de cette partie du continent. Les couches sédimentaires regorgent en effet d’informations précieuses sur les êtres vivants qui marchaient ou rampaient sur ces terres, il y a des millions d’années. La suite s’appelle érosion et continue de façonner la roche à la force du vent et des rivières, créant un autre phénomène naturel tout aussi grandiose : le Grand Canyon.

La faille la plus célèbre de la planète s’étend sur 445 km de longueur et les strates rocheuses qui la composent varient entre 250 millions et 2 milliards d’années. Dans son c£ur : le tumultueux fleuve Colorado qui peut déplacer des rochers de plus d’une tonne. Selon le Bureau d’études géologiques américain, l’imprévisible rivière emportait un million de tonnes de sédiments par jour, avant que la construction des barrages environnants ne freine sa course. Répertorié parmi les sept merveilles naturelles du monde, le Grand Canyon attire le visiteur comme un aimant. On peut le visiter à pied, grâce aux sentiers tracés le long des vertigineux ravins mais aussi, luxe suprême, en hélicoptère. Un pur moment de beauté à ne rater sous aucun prétexte !

Terre sacrée

En amont du Grand Canyon s’étend, telle une oasis en plein désert, le lac artificiel Powell alimenté par les rivières Colorado, San Juan, Escalante et Dirty Devil. Amarrées le long de ses rives, des centaines de maisons flottantes sont proposées en location. Une jolie façon de le découvrir et de profiter de la faune (dont le fameux condor de Californie) et des plages de sables ocre et blancs, bordées de falaises de grès gris et rouges parsemées d’arches et de pitons orangés. Situé à cheval sur les Etats de l’Arizona et de l’Utah, le parc du Glen Canyon est l’un des sites naturels incontournables de la région. Ici aussi, les différentes couches de sédiments s’étalent telle une fresque abstraite et chatoyante. Le contraste entre le minéral et cette terre aride aux tons flamboyants est tout simplement somptueux. A certains endroits, la concentration de roche rose et rougeoyante, soulignée par le bleu profond de l’eau, rivalise avec la beauté unique du Grand Canyon. Ces endroits magiques font partie des lieux spirituels des Navajos, comme le  » Rainbow Bridge « , le plus grand pont de pierre naturel au monde avec ses 82 mètres de longueur à 87 mètres au-dessus du sol. Lieu de culte important û les Navajos le nomment  » arc-en-ciel transformé en pierre  » û il importe au visiteur de ne pas trop s’en approcher et surtout de ne pas passer en dessous…

Reportage : Sandra Evrard

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