Adidas by Stella McCartney, Fred Perry-Comme des Garçons shirt, Puma by Philippe Starck… Les frontières entre les mondes de la mode et du sport tombent. En tête de cette course au co-branding, les baskets.

Carnet d’adresses en page 96.

Cet été encore, c’est l’accessoire incontournable. Tant qu’on tient la bonne paire de baskets, tout est permis : porter une jupe bulle avec des Converse, assortir les trois bandes de ses Adidas à sa robe en satin, mettre ses Puma pour aller au yoga et enfiler, en ville, ses Coq Sportif avec une jupette de tennis. De nouveaux imprimés, de nouvelles teintes viennent colorer nos tenues. On sort, toutes griffes dehors, arborant la marque de nos chaussures de sport mais aussi, et de plus en plus, le nom du créateur qui en signe l’ultime customisation. Entre la basket et la mode, c’est bel et bien une histoire qui dure…

Tout commence au milieu des années 1980 lorsque la basket fait son entrée dans les défilés. En 1984, on note son apparition sur le catwalk de la créatrice britannique Vivienne Westwood. L’été 1992, le tailleur haute couture Chanel se marie avec des tennis à crampons. Revue et corrigée, la chaussure de sport entre dans la collection Bazar hiver 95-96 de Christian Lacroix. Au défilé automne-hiver 1997-1998 prêt-à-porter de Jean Paul Gaultier, un ensemble manteau et robe longue est associé à des baskets à plate-forme. L’été 1998, le créateur belge Walter Van Beirendonck, connu pour ses extravagances, fait défiler ses modèles chaussés de baskets montées sur des échasses. Bref, sur les podiums, la chaussure de sport devient le fruit de tous les délires créatifs.

La fin des années 1990 marque un autre rebondissement dans la saga des baskets et une nouvelle étape dans le rapprochement des mondes du sport et de la mode. Les grandes marques font de plus en plus appel à des créateurs pour relooker d’anciens modèles. Dès 1994, dans le cadre de la semaine de la mode à Paris, Puma confie au styliste Xuly Bët la conception d’une ligne de vêtements et de baskets à plate-forme. En 1998, la marque féline s’associe avec Jil Sander. En 2003, le créateur japonais Yohji Yamamoto signe sa première collection avec Adidas sous le nom de Y-3 (Y pour Yamamoto) et 3 pour les trois bandes. En 2004, c’est au tour de la styliste britannique Stella McCartney de dessiner une ligne de sport (running, gym/work out, swim et cover ups) baptisée  » Adidas by Stella McCartney « . La même année, Jean-Charles de Castelbajac lance une collection de tennis pour le Coq Sportif. Pour les grandes marques de sport, qui surfent sur la vague vintage, c’est l’occasion de ressortir des modèles phares et, au passage, d’alléger, de moderniser ou de féminiser les lignes. Quant aux créateurs, ils ont l’opportunité d’exercer leurs talents sur des accessoires grand public. Dans cette myriade de modèles, chaque tribu urbaine se retrouve dans une marque bien précise. Si Converse est devenue ces dernières années la pièce basique de toute fashion-addict qui se respecte, Adidas a récemment grimpé d’un échelon dans l’échelle du hype. Surprise de cet été aussi : le retour de la ballerine Bensimon revue et corrigée par Jean Paul Gaultier mais aussi par APC ou encore par la créatrice belge Annemie Verbeke. Dans cette course au co-branding, petit tour d’horizon des principales associations de basketteurs.

Adidas, le chef de bandes

Les trois bandes bleues apparaissent pour la première fois en 1960 (lire aussi notre dossier en pages 28 à 32). En 1970, Adolf Dasler produit la première Superstar avec l’embout en plastique en forme de coquillage. Celle qui, cette année, fête ses 35 ans. Chez Adidas, les associations avec créateurs, artistes, plasticiens sont monnaie courante. Soit la marque fait appel à des designers en interne pour relooker ses modèles cultes, soit elle s’associe avec des créateurs de renom pour proposer des modèles uniques.

H L’Adidas Superstar : c’est la vedette de l’été 2005. La célèbre basket à trois bandes est le nec plus ultra de la branchitude. Trente-cinq modèles de la Superstar ont été édités à l’occasion de son trente-cinquième anniversaire. La Adi Dasler est le modèle culte et vintage. Pour le reste, chaque paire porte l’empreinte soit du monde de la musique (la Red Hot Chili Peppers est rouge et noire, la Missy Elliott, orange et noire), soit de la peinture (la Andy Warhol arbore des imprimés à l’effigie de l’artiste), ou encore de villes mythiques (la Tokyo, la London, la Paris, la Buenos Aires, la Berlin, la New York City et la Boston). Mention particulière aussi à la Disney qui remet Mickey à la pointe.

H La signature Stella McCartney :  » Adidas by Stella McCartney  » est une nouvelle ligne de vêtements de sport dessinée par la jeune créatrice britannique. Côté baskets, cela donne des modèles relookés pour le jogging ou encore la gym. Ils ne seront disponibles en Belgique qu’à partir de l’hiver prochain.

H Le modèle Y-3 : l’association de la marque de sport avec le créateur Yohji Yamamoto a été baptisée Y-3. Très prisée par les amateurs de streetwear branché, Y-3 est devenue une marque à part entière qui présente sa collection à la semaine de la mode de Paris. Le modèle de baskets à scratch et à pois est en vente chez Colette, à Paris.

H La Stan Smith inspire Paul Smith : modèle culte, la Stan Smith, née en 1965, porte le nom d’un célèbre joueur de tennis. Avec ses trois bandes vertes, elle a connu un revival dans les années 1980 et fait aujourd’hui un nouveau come-back. Le créateur britannique Paul Smith s’inspire de la Stan Smith pour proposer une version toute personnelle de sa sublime  » Paul Smith « .

Puma, la féline

Fondée en 1948, la marque au félin bondissant n’en est pas à sa première association avec un nom de la création. Fin 2003, Puma a nommé Neil Barrett comme directeur artistique. Depuis, ce dernier a lancé le concept de la  » 96 hours « .

H  » 96 hours  » de Neil Barrett : le concept  » 96 hours  » met en avant, pour l’été 2005, les sports mécaniques. Neil Barrett a ainsi dessiné des chaussures d’inspiration Formule 1. La Trazione M est un modèle emprunté à la course automobile dans ses aspects les plus techniques et avant-gardistes. La Rastrello s’inspire de la forme des bottes de moto des années 1950 mais est réinterprétée et actualisée pour la mode sport.

H L’association avec Philippe Starck : suite au succès de la première collection de chaussures née de la collaboration Starck-Puma à la saison automne-hiver 04-05, l’évolution des modèles griffés Starck continue avec des nouveautés en matière de coloris, de tissus et même d’imprimés. La collection Starck-Puma reste fidèle à l’esthétique minimaliste de Starck. Pour exemple, la sandale qui est un incontournable de la saison.

H La Puma de Mihara : dévoilée en 2002, la collection de chaussures Puma by Mihara a progressivement atteint le statut de culte parmi les collectionneurs qui se sont épris des influences du créateur de mode japonais. Pour cet été, Puma by Mihara présente les MY-11, des chaussures sabots sport. Les MY-16 s’inspirent, quant à elles, des chaussures de football ou de rugby avec des semelles à crampons.

H La Nuala de Christy Turlington : fruit d’une collaboration avec le mannequin Christy Turlington, Nuala est la collection yoga de haute technologie de Puma. A noter : des baskets souples, idéales pour la pratique des exercices physico-spirituels.

L’étoile Converse

Mythique chaussure que cette Converse montante inventée en 1908 aux Etats-Unis, par le marquis Mill Converse. En 1917, les fameuses All Star voient le jour. Mais c’est un jeune basketteur, Charles Chuck Taylor, qui les rendra populaires. Engagé par Converse en 1921, il parcourt les Etats-Unis en faisant la promotion des All Stars dans les écoles et les universités, un dévouement qui lui vaudra de voir son nom rejoindre le logo de la marque en 1923. Aujourd’hui, on estime à 750 millions, le nombre de paires de Chuck Taylor All Star vendues depuis leurs débuts en 1923. Dès 1960, c’est au tour du joueur de badminton Jack Purcell de se faire l’ambassadeur de la marque. Un modèle relancé aujourd’hui : basse, en daim ou en cuir, la Jack Purcell est une des baskets les plus trendy de la collection. Converse propose diverses variations sur le même thème : des chaussures aux imprimés graphiques ou customisées, le plus souvent réalisées par des équipes en interne.

H Le modèle griffé John Varvatos : l’actuelle collaboration extérieure est celle du styliste américain John Varvatos qui dessine des vêtements pour hommes. Il a conçu un modèle de Converse hautes dont l’esprit et les coloris rappellent les chaussures de l’armée.

H La Converse revue par Paul Smith : la basket culte a aussi inspiré le créateur britannique. Paul Smith n’a pas résisté à la tentation d’y apposer fleurs et rayures.

H La Converse Tim : Timothée Verrecchia est un jeune directeur artistique et consultant parisien qui travaille notamment auprès de la marque Jean-Charles de Castelbajac. Connu pour avoir créé le label Scratchie Records à New York, Tim est un artiste touche-à-tout de la hype parisienne. Il propose sa version des Converse hautes. Un modèle supertrendy en vente chez Colette, à Paris.

Fred Perry couronnée

Fred Perry ? Une marque britannique historique, fondée en 1935. Son emblème : la couronne de lauriers. Un logo choisi après la triple victoire de Fred Perry à Wimbledon et son titre de champion de la Coupe Davis. La couronne de lauriers Fred Perry a traversé les époques, résisté aux modes et est associée à des valeurs d’authenticité.

H Le co-branding Fred Perry-Comme des Garçons shirt : lancée à l’été 2004, cette association en est à sa troisième saison au masculin.  » Fred Perry est une marque qui a de l’authenticité, de l’histoire et du style, déclare Rei Kawakubo de Comme des Garçons. Travailler ensemble avec elle est une synergie intéressante et plein de belles opportunités.  » Des tee-shirts, des polos, des pulls, des pantalons mais aussi des baskets constituent l’essentiel de la garde-robe Fred Perry-Comme des Garçons shirt.

Le Coq Sportif rechante

Fondé par Emile Camuset en 1948, le Coq Sportif a assis sa réputation notamment grâce à des sportifs de haut niveau comme le joueur de tennis Yannick Noah. Au début des années 2000, la marque fait un come-back, en sortant des ballerines souples, sportives et féminines et des baskets bicolores. Aujourd’hui, un grand nom de la mode se soucie du sort du Coq…

H Jean-Charles de Castelbajac relooke Le Coq Sportif : JCDC se penche depuis 2004 sur le Coq en lui taillant des costumes sur mesure, pour hommes et femmes. Dans sa collection printemps-été 2005, qui respecte l’esprit  » tennis  » de la marque, il signe aussi de rutilantes baskets.

Vans dans le vent

Cette marque californienne, connue à l’origine pour ses chaussures de skate-board, est fondée par plusieurs partenaires : Paul et Jim Van Doren (d’où le nom Vans), Gordy Lee et Serge D’Elia. A la demande des skate-boarders, en 1976, Vans entreprend la production de chaussures spécifiques et en confie la création à deux skaters, Tony Alva et Stacy Perlata.

En 1979, le modèle sans lacet remporte un réel succès dans le sud de la Californie. Au début des années 1980, la firme se diversifie dans le basket-ball et le football. A partir de 1996, Vans se concentre également sur le snow-board et développe avec succès son marketing fondé sur la musique, le sport et les célébrités.

Aujourd’hui, la marque appartient au groupe VF Corp.

H La version de Marc Jacobs : Vans, la chaussure du skater, revient aujourd’hui à l’avant-scène. En témoigne ce modèle très exclusif aux imprimés  » off the wall  » rouge et bleu, signé Marc Jacobs. En vente à la boutique Colette, à Paris.

Au nom de Bensimon

Issue d’un commerce de surplus militaires, la marque française se tourne vers la mode au début des années 1980. Des tennis de l’armée française, teintes dans une dizaine de coloris, seront à la base de la ballerine souple.  » Je n’ai jamais vendu mon âme. Moi je n’ai jamais été victime de la mode, c’est pour cette raison que la tennis Bensimon est restée un classique. En revanche, si Jean Paul Gaultier avait envie, par exemple, de faire une tennis compensée pour nous, alors, oui, c’est tout autre chose « , affirme Serge Bensimon, le propriétaire de la marque.

H Jean Paul Gaultier rhabille la ballerine : le créateur français s’est emparé de la célèbre ballerine, tennis basse ou montante à la semelle souple pour y ajouter sa touche. Des rayures bleues ou rouges sur la tennis basse, des imprimés japonisants sur le modèle montant. Distribués dans le réseau Jean’s Paul Gaultier.

H L’association avec APC : très proches dans leur esprit et dans leur démarche, les deux marques françaises, Bensimon et APC s’associent au c£ur de la collection printemps-été 2005. La tennis Bensimon-APC est proposée en trois couleurs, une kaki, une beige, une noire.

H La version de la créatrice belge Annemie Verbeke : la créatrice belge Annemie Verbeke, spécialiste de la maille et des vêtements sobres et féminissimes, se penche, elle aussi, sur la Bensimon pour offrir sa propre version de la ballerine customisée. Un modèle très raffiné, en fine dentelle noire et fermé par des petits n£uds en guise de lacets.

Agnès Trémoulet

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