Dans un monde où les talons de 12 cm et le regard hautain font souvent office d’uniforme, Prisca Courtin- Clarins s’inscrit à contre- courant. La petite-fille du fondateur de cet empire de la beauté, leader sur le segment du soin en Europe, arpente en effet les soirées mondaines sourire aux lèvres, toujours, et chaussée de simples mocassins, parfois. Non pas qu’elle ne soit pas férue de mode : celle qui dirige entre autres les spas du groupe familial a l’élégance des gens bien nés, un physique de mannequin hérité de sa mère et pose régulièrement en tenues griffées. Seulement, en digne représentante de sa génération – à 30 ans, elle fait indéniablement partie des digital natives, son compte Instagram le confirme -, elle estime sans doute que le luxe  » plutôt qu’un provocant étalage de faste  » peut être  » douillet, cossu  » et tendre  » vers le bien-être, les commodités et l’art de vivre « , comme l’écrivent Patrick Mathieu et Frédéric Monneyron dans leur dernier ouvrage.

Un état d’esprit qui explique la lame de fond  » sportswear  » qu’on retrouve dans les défilés depuis quelques saisons, justifiant que le training, jusqu’il y a peu réservé aux salles de gym (et encore), s’invite sur les podiums. C’est cette même tendance qui veut que, ce printemps-été, la sandale de curé accède au statut d’accessoire iconique, pourvu qu’elle soit déclinée dans des tons flashy, comme chez Paul Smith, ou carrément brodée d’or, comme chez Bottega Veneta. Et puisque la mode n’est jamais à une contradiction près, l’allure champêtre, façon fleurs et fruits tressés dans les cheveux, couronnera aussi les plus convaincues des fashionistas qui, influencées par le show de Dolce & Gabbana, auront du coup l’air… de parfaites paysannes. Pour être raccord, le teint sera très travaillé pour paraître plus que naturel, tandis que les paupières et la bouche devront être nude, avec toute la maestria que cela demande. Nombre de nouveautés en matière de make-up vont d’ailleurs en ce sens, tant dans leurs textures et leurs couleurs que dans leur communication, puisqu’il y est question de fluidité, de transparence ou encore d’invisibilité…

Si tout cela peut sembler risible, il n’en reste pas moins que derrière la futilité se dégage l’envie de mettre en avant d’autres valeurs, plus authentiques. C’est ainsi, notamment, que l’empreinte écologique d’un label de vêtements commence à entrer en considération au moment de l’acte d’achat, alors que seul le look ou le prix comptaient par le passé. La preuve que le luxe est également une affaire d’adéquation aux valeurs de l’époque. Nettement plus que de marque ou de hauteur d’escarpins.

DELPHINE KINDERMANS

LA SANDALE DE CURÉ ACCÈDE AU STATUT D’ACCESSOIRE ICONIQUE.

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