Depuis sa mort il y a cinq ans déjà, le photographe américain Richard Avedon (1923-2004) fait l’objet de nombreux hommages. Après l’épatante exposition itinérante, qu’on avait pu voir entre autres au Jeu de Paume à Paris l’année dernière, l’International Center of Photography de New York présentait cet été une série d’£uvres du maître. L’angle d’approche :  » Richard Avedon et la mode « , moins panoramique, mais embrassant a fortiori toute la longue carrière de celui qui révolutionna les lois de la pose (chez Harper’s Bazaar et Vogue principalement). Vous n’étiez pas à New York cet été ? Pas de souci. Grâce aux éditions de la Martinière qui publient le très beau catalogue de l’expo, accompagné d’une brochure comprenant les traductions des textes en français, la séance de rattrapage est assurée. Au fil de ce gros volume alimenté de près de 250 clichés, on survole l’£uvre riche, intelligente, toujours moderne de cet esthète sagace. Il y a l’après-guerre en premier lieu, les fondements de son art, quand le jeune Américain, pétri de désir pour le Paris libéré, ses clubs, ses couturiers, ses raffinements, son élégance, décide, comme les impressionnistes en leur temps, de sortir des ateliers, du studio en l’occurrence, pour aller capter la réalité sur le vif, à même la vie. La photo de mode en extérieur gagne ses galons à ce moment précis. Déjà, Avedon grave son nom dans l’histoire de l’iconographie fashion et de la photographie en général. Au-delà des vêtements, qu’il aime pour leur symbolique théâtrale, attributs de la comédie humaine, il capte avec une énergie,  » une électricité  » comme l’écrit Philippe Garner dans cet ouvrage,  » la vanité et l’émouvante tristesse des ambitions et des rêves humains « . Avec en point d’orgue, le magistral éditorial de mode intitulé  » In Memory of the Late Mr. And Mrs Comfort  » publié en 23 tableaux dans The New Yorker en 1995. Où l’on croise Nadja Auermann, mannequin star de son état, en héroïne d’un conte maléfique où la Grande Faucheuse lui fait l’amour, l’emprisonne, la flatte, l’ensorcelle. Une série paroxystique pour celui qui remarquait, avec une implacable mélancolie, que  » la beauté tient à l’écart « .

Avedon Fashion 1944-2000 par Carol Squiers, Vince Aletti et Philippe Garner, éditions de la Martinière, 372 pages + une brochure de 40 pages en français.

Baudouin Galler

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content