Barbara Witkowska Journaliste

Les maillots de l’été 2005 hissent la fantaisie au goût du jour et font la part belle au mélange des genres : les couleurs vives et fraîches, les coupes rétro, les accessoires ludiques, les impressions exubérantes, florales et graphiques. En un mot, l’été sera show.

Carnet d’adresses en page 72.

Tout comme dans la haute couture et le prêt-à-porter, l’envie de couleurs et d’imprimés est au beau fixe dans les collections balnéaires de l’été. L’intensité de la couleur, souvent saturée, vibrante et généreuse surfe sur les tendances et les émotions fortes. Deux familles de teintes arrivent en tête : la palette des verts empruntée à l’univers végétal et les rouges orangés solaires. Suivies des fuchsia, turquoise, parme et jaune. Les effets décoratifs, très présents, cristallisent les rêves d’évasion et de féminité et offrent une vision du paradis ou du jardin d’Eden aux mille enchantements. Des bouquets de fleurs exotiques et toniques, des orchidées tropicales, des oiseaux de paradis, une flore hawaïenne exubérante, des paysages de cartes postales au charme désuet nous convient à des voyages lointains où séduction et sensualité sont au rendez-vous.

L’autre tendance forte ? Des collections très star qui nous plongent dans des atmosphères dérobées aux Fifties et aux Seventies. Des pin-up pulpeuses et des Pink Ladies font leur cinéma en affichant des pois mini et maxi, des ruches voletantes et des rayures vintage dans les tons pastel. Mais les maillots ont aussi envie de fête et d’insouciance et annoncent un été vitaminé et haut en couleur, dans le style des Seventies, accessoirisé de boucles en métal, d’anneaux blancs ou dorés en version macro, de liens, de lacets et de jeux de nervures graphiques. Cette débauche de tons et de fantaisie transcende le luxe et la féminité et colle à notre époque avec une vision gaie et percutante de la séduction. Enfin, fait nouveau, la beach attitude s’offre une nouvelle dimension, en mêlant maillots et accessoires d’été plus urbains. L’esprit balnéaire bouscule les frontières entre la plage et la ville, la piscine et la croisière : il est synonyme de bien-être, de fête et de vacances.

Chez Dior, les couleurs explosent. Les maillots empruntent à l’arc-en-ciel les rouges sanguins, les jaunes et oranges vitaminés, les verts hawaïens et les bleus acides, pour multiplier des propositions en version bikini ou maillot une pièce aux découpes coquines et audacieuses. Les accessoires n’échappent pas à ces jeux chromatiques. Boucles d’oreille surdimensionnées, colliers et ceintures agrémentées de breloques et de grigris affichent des goûts de luxe. L’autre modèle phare ? Cet imprimé patchwork bleu, vert et jaune, envahi de logos de la maison, déjà largement exploité dans le prêt-à-porter et les accessoires et détourné avec humour dans le balnéaire. Chanel explore deux pistes avec talent : l’une plus couture, l’autre plus sport. Cela dit, les frontières entre les styles s’estompent : l’allure sport se féminise tandis que la sophistication glamour tend à se simplifier. Les maillots des sportives, tout en affichant la rigueur des coupes, le graphisme des lignes et la simplicité des coloris, s’enrichissent de détails fantaisistes et féminins, généreusement accompagnés de codes de la maison : le logo, le double  » C  » ou le camélia. En version plus couture, on épingle une matière noire abondamment parsemée de taches roses. On croirait que le peintre Jackson Pollock avec son inimitable style  » dripping  » est passé par là. Ce motif s’invite sur des maillots une pièce, sur des bikinis faisant un clin d’£il aux années 1950 et sur des deux-pièces plus insolites, mêlant une culotte et un tee-shirt. Cet imprimé pétillant sera de plus bel effet, accompagné d’une panoplie d’accessoires urbains coordonnés : large ceinture, sac, casquette, sandales et bijoux.

La vague glamour

Gianni Stracquadanio, créateur de la griffe italienne BGN invente une sensualité qui a de l’esprit. Les maillots et les bikinis se révèlent au grand jour ou jouent, le soir, le rôle de la lingerie. Une véritable ligne de prêt-à-porter, composée de robes, tuniques et paréos accompagne les tenues de plage en version coordonnée ou contrastée. La couleur est la grande gagnante. Elle oscille entre l’intensité des faux sombres précieux tels que le violet, le bleu cobalt, le turquoise ou encore le jaune vif et la douceur des tons clairs et sucrés, comme le vert pistache, le parme, le lavande, le fuchsia et l’orange. Exotiques, les imprimés délavés et patinés évoquent les plages des Caraïbes. De somptueux motifs floraux soulignent la joie de vivre et la féminité de la collection.

Explosive et sensuelle, Malizia Mare explore le style  » Lolita  » en interprétant avec maestria ses images-symboles : le c£ur, les pois et les fleurs. Le c£ur se décline en version multiple sur Lycra uni, se pose sur une boucle de ceinture ou s’anime de paillettes pour faire la fête. La vague florale s’épanouit en petits bouquets romantiques, avec des maxi-marguerites stylisées ou encore avec des petites fleurs brodées de paillettes. La pièce maîtresse ? Sans aucun doute le modèle  » Baco « , un bikini rembourré à coques en Lycra avec son ruban d’organdi qui invente un n£ud inattendu et spectaculaire. Une exubérance à fleur de peau éclate dans les collections de La Perla Mare. Broderies denses, dentelles en filigrane et macramés malicieux puisent dans l’inspiration végétale des graphismes organiques et baroques à la fois, empreints de mystère. Tout aussi raffinés, les drapés bijoux, les tulles plissés, les jeux sensuels de liens et de bretelles, affichent sans complexe leur sculpturale architecture pour des lignes ultraféminines placées sous le signe du luxe et de la séduction. L’esprit lascif, nonchalant et un brin aristocratique saupoudre les collections Givenchy. Jeux de boutons, lisérés graphiques et découpes audacieuses se glissent sous des vestes, gilets et tops parfaitement assortis. Le total look très couture est de rigueur. Surfant sur le look graphique, Oceano sculpte les corps avec des découpes design. Les modèles déclinent les propositions énergiques et éclectiques en teintes unies ou chamarrées. Les bikinis sont sillonnés de bords fluo jaune, fuchsia, orange et vert.

Le charme rétro

Happé par le courant  » néostalgique « , Gottex revisite le passé pour dessiner une féminité moderne et très sophistiquée. Cet esprit rétromoderne se révèle avec chic à travers les dos nus, les drapés, les extrémités nouées, les anneaux métalliques, les n£uds, les franges et les volants. Les maillots osent des clins d’£il coquins sous forme d’éléments transparents. Les bikinis adoptent les formes d’autrefois, les slips dévoilent les hanches sans fausse modestie. Effet maximal pour le noir éternel,  » la  » couleur de la séduction qui met si bien en valeur une peau dorée. Il s’associe à des teintes vives, le rose ou le rouge, voisine avec des nuances plus sourdes, le beige et le bronze, ou choisit encore le contraste vigoureux du blanc, dans des imprimés psychédéliques qui évoquent les dessins informatiques des années 1970. Pour pousser à l’extrême le sens du raffinement, la collection s’accompagne d’une mini-ligne de vêtements après-plage assortis : petites blouses et pantalons larges transparents, paréos et ponchos. Dans le même état d’esprit, Aquasuit saupoudre, lui aussi, ses modèles contemporains de subtiles touches rétro. Des petits clous et des boucles métalliques flirtent avec les motifs couture des années 1970 : des patterns géométriques ou des fleurs en version XXL.

Une féminité flamboyante se révèle également au c£ur de drapés sensuels, de superpositions fluides, de fronces et de nervures très graphiques. Motifs rétro, pois ou rayures Fifties et coloris vintage annoncent une fantaisie coquette et pimpante de la collection Huit. Les pin-up prennent la pose dans des bikinis rayés bicolores, soulignés d’une ceinture d’une teinte contrastée. L’esprit Seventies est interprété à travers une microfibre nacrée turquoise, menthol ou noir et accessoirisé d’un maxi-anneau laqué blanc. En version plus glamour, le modèle Trench est un clin d’£il au classique  » trench coat « , coupé en microfibre peau de pêche. Le must ? Ce nageur agrémenté d’un col tailleur et d’une ceinture surpiquée. En Australie, c’est la marque Seafolly qui règne sur toutes les plages. Les bikinis laissent s’exprimer une multitude de motifs, conçus dans les mêmes palettes chromatiques. Tous les mélanges sont donc permis. En vedette : les pois et les rayures version Fifties que l’on associe en toute liberté. Elégante et distinguée, la collection Anna Club navigue sur le thème Navy en rayures stylisées et multicolores. Tout aussi raffinés, les modèles vintage revisitent avec nostalgie et poésie la sophistication des imprimés couture des années 1970.

Motif mania

Le melting-pot multicolore s’exprime à travers une foule de motifs Liberty, Hawaï, pop et graffitis. Les envies de voyage se devinent chez Christian Lacroix. On y retrouve des imprimés aux couleurs vives, acidulées ou pepsies, ainsi que des motifs patchwork, si chers au couturier. Souvent, les modèles sont accessoirisés de bijoux ou de liens strassés. Pour respecter la beach attitude, toutes les lignes peuvent être mixées et coordonnées avec des robes, tuniques, paréos et débardeurs assortis. Tout aussi dépaysante, la tendance africaine renouvelle l’inspiration exotique de Kenzo à travers ses lignes Boubou et Dakar. Clin d’£il à la fameuse tunique d’Afrique, la première s’amuse à faire chahuter, en une harmonieuse dissonance, rayures, carreaux et fleurs, tandis que la seconde est une ligne sculpturale aux coloris intenses. Un travail de jacquard à micromotifs vient sublimer ce maillot uni  » à la Kenzo « , décoré d’une boucle animalière et zébrée.

Plus à l’est, Occhi Verdi nous emmène sur les routes de l’Orient avec le thème Ethnic Chic, délicatement nostalgique, personnalisé par une passementerie multicolore qui coule avec souplesse sur le corps. Le soutien-gorge bandeau ose une nouvelle coupe sophistiquée et se laisse tenter par un décolleté à caftan. Enfin, les marques Livia et Banana Moon déclinent à gogo les imprimés de fleurs tropicales ou de rayures diverses qui nous plongent dans l’ambiance hot, entre salsa et sex-appeal, des îles Hawaï et des Caraïbes. Pigmentaires et solaires, les rouges, les fuchsias, les oranges et les bleus épicent abondamment les collections. Folie des grigris oblige, les maillots s’agrémentent d’anneaux strassés, de broderies délicates et de ceintures ornées de perles de bois ou de pierres.

Esprit girly

Une bouffée de fraîcheur, d’insouciance et du raffinement chic s’exprime également dans la mode balnéaire légère, coquine et un brin audacieuse. Ainsi, Cacharel mise sur l’indémodable esprit jeans, bordé d’un rose vif et de petits n£uds roses dans un style pin-up très junior. Les bikinis minimalistes se laissent conter fleurette en Liberty, en motif cachemire bicolore ou encore en mythique vichy rose. Le tout est romantique à souhait, pour prendre l’eau en toute féminité. Davantage graphique, Jenna de Rosnay dessine des formes minimales, parsemées d’imprimés multicolores aux dessins quasi hypnotiques : papillons fantastiques, fleurs étranges, oiseaux de paradis, poissons exotiques. L’hawaïen rétro se mêle à la pop des années 1970 et aux influences multiethniques dans des combinaisons de couleurs explosives et toniques. Des petits pois et des rayures flirtent aussi dans un méli-mélo graphique chez Björn Borg. L’esprit noué et imprimé voisine avec des accents ludiques très marqués. Les références sont multiples. Les modèles affichent des gammes chromatiques cohérentes et se combinent donc à volonté. Enfin, la marque belge de lingerie La Fille d’O a imaginé, pour sa toute première expérience balnéaire, une ligne sexy, minimaliste, à priori très simple, mais d’une originalité étonnante. La collection est en effet réalisée avec deux couches de tissus : du coton jersey blanc à l’extérieur et du coton Lycra rayé à l’intérieur. Le tour de magie se révèle quand on plonge dans les flots. Mouillé, le tissu blanc devient transparent, laisse apparaître l’autre bikini, à rayures noires et blanches, et intensifie la beauté des corps dévoilés. De quoi donner la fièvre à plus d’un vacancier…

Barbara Witkowska

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