Pour le chef du restaurant bruxellois Bon Bon, couronné cette année d’une deuxième étoile au Michelin, ce qui prime en cuisine, c’est le produit. Et la façon dont on le sublime. L’artisan-cuisinier le démontre au fil d’un beau livre proposant des préparations volontairement accessibles au plus grand nombre.

Son année 2014 sera immanquablement à marquer d’une pierre blanche. C’est que si le talent de Christophe Hardiquest n’était déjà plus à démontrer, il est aujourd’hui consacré. Alors que le Michelin a attribué un deuxième macaron à son restaurant de Woluwe-Saint-Pierre, Bon Bon, cet automne, le guide Gault&Millau a décerné un 19,5/20 à l’établissement, lui permettant de rejoindre le fameux Hof van Cleve de Peter Goossens au rang des restaurants les mieux cotés de Belgique. Deux récompenses de taille qui saluent un travail de près de quinze ans axé avant tout sur l’artisanat – le maître parle d’ailleurs de son  » salon d’artisan-cuisinier  » quand il évoque sa table, installée depuis 2011 avenue de Tervueren, à l’orée de la forêt de Soigne. Pour lui, les produits se façonnent comme des matériaux naturels, à la façon d’un ébéniste ou d’un ferronnier, pour en tirer le meilleur dans leur strict respect. Face à la surenchère de techniques, plus pointues les unes que les autres, à laquelle succombent nombre de ses confrères, le jeune Bruxellois préfère  » aller à l’essentiel  » pour rester  » au service du goût et de l’émotion « .

S’il ne fallait toutefois retenir qu’une qualité pour évoquer Christophe Hardiquest, c’est son envie de faire bénéficier les autres de son don. Une générosité soulignée par le Gault&Millau qui salue  » une brigade désormais plus que rodée où chacun s’épanouit et contribue à sa façon à la perfection tout en s’abreuvant au quotidien des paroles du chef qui aime partager son savoir « . Dans cette même optique, cet homme rassembleur s’est attelé à la composition de My kitchen alphabet, aux éditions Stichting Kunstboek, un livre qu’il voit comme  » un objet solide, une matière qui puisse traverser le temps, la somme d’hier pour mieux cheminer vers demain « . Il y a compilé  » de vrais morceaux de Bon Bon « , soit quarante recettes qui ont fait sa renommée, mais avec une idée derrière la tête, celle de les rendre lisibles par tout un chacun, et ce même si  » lorsqu’elles sont servies au restaurant, elles sont mises en forme par une équipe d’une dizaine de personnes plutôt bien outillées « . De A comme  » asperge « , un grand classique printanier, à Z comme  » zaatar « , un mélange d’épices orientales ; en passant par H comme  » huître « , Q comme  » quinoa  » et V comme  » vin jaune « , celui qui estime se retrouver  » dans la chanson de geste de Passard  » – allusion au grand chef parisien qu’il élève au rang de héros dans son bouquin – donne à tous les amoureux de bonne chère, et pas seulement aux as des fourneaux, l’envie de se lancer dans l’aventure gastronomique. Et de conclure lui-même, dans l’intro de cet ouvrage, par un souhait :  » Puissiez-vous dans ces pages et ces images trouver des brins d’inspiration, des éclats de saveurs et une nouvelle source de partage.  » L’art de transmettre le Bon (Bon) en somme.

My Kitchen Alphabet, par Christophe Hardiquest (Bon Bon), publié par Stichting Kunstboek, 49,90 euros. Sortie ce 15 décembre.

Bon Bon, 453, avenue de Tervueren, à 1150 Bruxelles. www.bon-bon.be

PAR FANNY BOUVRY

 » Aller à l’essentiel pour rester au service du goût et de l’émotion.  »

 » Des brins d’inspiration, des éclats de saveurs et une nouvelle source de partage. « 

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