Fondé en Angleterre en 1924, ce label, chéri des motards, a failli disparaître. Devenu italien, il revient sur le devant de la scène. Plus mode, plus high-tech, plus hollywoodien.

C’est le dernier conte de fées de la mode italienne. Son nom : Belstaff. Ou comment une vénérable marque de vestes de motard anglaise menacée de faillite s’est transformée en phénomène de mode, passant des podiums des courses à ceux de la Fashion Week milanaise, du torse de bikers anonymes à celui de George Clooney.

L’histoire de Belstaff débute en 1924 dans le Staffordshire (Midlands). Eli Belovitch et son beau-fils Harry Grosberg, les fondateurs, sont les premiers à proposer une ligne complète de vêtements en coton ciré. En 1951, quand Che Guevara s’apprête à parcourir l’Amérique du Sud sur une Norton 500, il emporte sa Trialmaster, une veste ceinturée à quatre poches, cousine des sahariennes que fournit Belstaff à l’armée coloniale britannique. Sammy Miller, champion de courses de moto, ou Steve McQueen l’immortalisent également. Quelques années plus tard, la Black Prince entre dans la légende (40 000 modèles seront produits chaque année jusqu’en 1993 !).

Pourtant, Belstaff manque de disparaître avec la crise de l’industrie textile qui touche l’Angleterre au début des années 1990. Contrainte de fermer sa fabrique historique, la société nomme à la tête de ses collections Franco Malenotti, un ancien champion de Superbike italien qui va changer son destin (au point de racheter la marque, en 2004). La renaissance du Phénix (l’emblème choisi par la griffe) est en marche, propulsée par la plus grande usine à mythes de tous les temps : Hollywood. Fils de producteur, Franco Malenotti redore la légende Belstaff en habillant une nouvelle génération de héros à l’écran. En quinze ans, il va collaborer à 70 films d’action, d’aventures, dont 10 pour la seule année 2008 ( Jeux de dupes, de George Clooney, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal, le dernier Batman…). Et il fait transformer ces modèles en cuir, transpirant le glamour et l’adrénaline, en succès commercial.

A choisir dans la collection Hall of Fame Belstaff : le blouson d’aviateur de Leonardo DiCaprio dans Aviator, inspiré des archives des années 1920 et 1930 (oscar du meilleur costume en 2005), le trench gothique de Johnny Depp dans Sweeney Todd ou la veste de motard de Tom Cruise dans La Guerre des mondes (20 000 exemplaires vendus).  » Bien sûr, au-delà du vêtement et de son aspect mode, nos clients achètent aussi un rêve, puisque Belstaff parle d’histoire en faisant référence aux icônes du passé, comme Lawrence d’Arabie ou Steve McQueen « , explique Manuele Malenotti (le fils de Franco), qui dirige la marque avec son frère Michele. Toutefois, la magie n’aurait pu opérer sans un sérieux coup de bistouri.  » Nous avons beaucoup travaillé sur la qualité des produits en termes de style et de matières « , poursuit-il. Made in Italy depuis 2000 (l’usine est située à Trévise), les collections sont à l’origine d’un nouveau chic biker, entre élégance rétro et coupes aérodynamiques, matières luxueuses (agneau, peau lainée, cachemire double face, pécari ou astrakan) et high-tech.

Car il ne faut pas oublier la vocation profondément innovante de cette marque (286 brevets déposés, à ce jour) qui pousse toujours plus loin ses recherches sur la protection et le confort.  » L’idée de fonctionnalité devient très importante dans la mode. Du fait que nous voyageons beaucoup, bougeons de plus en plus vite, les vêtements se doivent d’être à la fois confortables et techniques « , poursuit Manuele Malenotti. Au menu des dernières inventions : le Nylon le plus léger (200 g/m, à découvrir ce printemps), du cuir ergonomique ou un mélange de fibre de carbone et de Vectran, un tissage de polymère de cristal liquide qui résiste aux instruments tranchants et même aux balles ! Bien protégé, donc, Belstaff poursuit la construction d’un empire qui compte cinq lignes de prêt-à-porter homme et femme, des lignes enfant, accessoires et propose désormais même des soins cosmétiques. Côté boutiques, après Londres, Rome, Milan et Madrid, la marque va multiplier les ouvertures dans le courant 2009 : Tokyo, New York et Paris.

Charlotte Brunel

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