Plus rien ne presse.

Privé de son reflet cathodique narcissique, Pascal Sevran redevient authentique écrivain. Voici déjà le quatrième tome de son journal. Moins intime que les précédents? Voire. Plutôt, les cercles concentriques des confidences s’élargissent, accédant à un sens collectif. Saint-Simon ou Edmond de Goncourt? La Bruyère ou Sainte-Beuve? Peut-être un reflet de chacun, une touche de tous. Mais surtout l’élan naturel et la fluidité enviable d’une plume moins soumise aux urgences de la douleur. Bien sûr on ne changera pas Sevran; il continue de mordre les fâcheux ou de ronronner face à la ronde des garçons. Il accède en outre à la sérénité de celui qui n’affronte plus le temps mais consent à composer avec lui.

« Un amour d’outremonde », par Tommaso Pincio, Denoël, 278 pages.

Lifting conjugal.

Mariés depuis dix ans, Ariane et Hugo se sentent peu à peu submergés par la routine. Plutôt que de se transformer en écureuils prisonniers de leur roue, ils décident d’échanger leurs vies. Au lieu de diriger des balèzes, Hugo devient vendeur de bijoux à domicile, reçu par des clientes en déshabillés suggestifs; la frêle Ariane n’est pas du genre à remettre à plus tard les catastrophes qui pourraient lui tomber dessus tout de suite. Cela donne un roman cocasse et malicieux, non dénué de tendresse, bien dans un air du temps qui ne sait plus à quel saint se vouer lorsqu’il est question de couple.

« Un amour d’outremonde », par Tommaso Pincio, Denoël, 278 pages.

O rage, ô désespoir.

Enfant terrible de la littérature colombienne, Fernando Vallejo a entrepris une saga autobiographique en six volumes dans laquelle il n’épargne rien ni personne, à commencer par lui-même. Provocation et irrévérence sont des figures tutélaires d’une oeuvre résolue à tout bousculer sur son passage. Ce roman violent et révolté raconte le dernier retour de l’auteur à Medellin, où son frère se mourait du sida. Face à la douleur trop forte, aux mots trop faibles, le narrateur ne trouve plus refuge que dans l’injure, la démesure, l’humour dévastateur, la dialectique désespérée.

« Un amour d’outremonde », par Tommaso Pincio, Denoël, 278 pages.

Inclassable.

Homer, qui vend par correspondance de vieux jouets de science-fiction, ne dort plus car il craint d’être remplacé durant son sommeil par un extraterrestre. Il croise un jeune vagabond mélomane qui rappelle étrangement Kurt Cobain et l’entraîne dans un monde parallèle. Il capte, venue de nulle part, une question insistante: « et l’amour? » La réponse lui sera fatale. Un objet d’anticonformisme et d’étrangeté.

M.E.B.

« Un amour d’outremonde », par Tommaso Pincio, Denoël, 278 pages.

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