A quelques jours de la sortie du film  » La Vérité si je mens 2 « , le comédien français Bruno Solo nous ouvre son carnet d’adresses bruxellois, en hommage à sa ville d’adoption depuis trois ans déjà.

C’est bien connu : nul n’est prophète en son pays. De Jacques Brel à Jean-Claude Van Damme en passant par Maurane et Hooverphonic, les célébrités belges ont dû souvent s’exporter outre-Quiévrain avant de trouver véritablement la gloire à domicile. Pas étonnant, dès lors, que certaines (futures) grandes pointures choisissent d’emblée l’exil à Paris en guise de tremplin ou de base stratégique de leur réel talent. Marie Gillain, Amélie Nothomb, Natacha Régnier, Maureen Door… Les artistes belges squattent désormais la Ville lumière alors que les Parisiens médiatiques se font plutôt rares à Bruxelles, si ce n’est l’espace d’un concert ou d’une soirée théâtrale.

L’exception, toutefois, confirme la règle : au coeur de notre capitale, un seul Français résiste, à l’image d’Astérix, contre la normalité ambiante qui voudrait que Paris soit le centre obligé du succès établi. Comédien de son état, Bruno Solo a en effet choisi de vivre depuis trois ans à Bruxelles, dans une ancienne menuiserie du centre-ville transformée en loft, même s’il avoue avoir toujours son  » bureau  » à Paris. En exclusivité pour Weekend Le Vif/L’Express, le joyeux luron de  » La Vérité si je mens  » a accepté d’ouvrir son carnet de bonnes adresses bruxelloises entre restos, bistrots, bowling, musées et autres magasins fétiches. Histoire de montrer, photos à l’appui, que les Français peuvent aussi dénicher de charmants petits endroits parfois ignorés des autochtones. Mais avant de procéder à ces révélations, il a tenu à poser devant sa vue panoramique préférée de Bruxelles depuis l’esplanade du Palais de Justice.  » Cette vue me fait penser, aujourd’hui, à la chanson « Le Plat Pays » de Jacques Brel : « Avec un ciel si bas qu’un canal s’est pendu… », récite Bruno Solo. De cette esplanade, on aperçoit la Grand-Place, quelques édifices religieux dont l’église de la Chapelle, l’Atomium au loin, mais aussi des immeubles affreux qui jurent dans le paysage et qui sont le témoin de l’urbanisme sauvage qui a défiguré la ville dans les années 1960 et 1970, poursuit-il. C’est un mélange de styles, de beauté et de laideur pour certains, mais cela fait partie, pour moi, du charme bruxellois. On est obligé de s’y habituer. Ce sont les contradictions et le côté surréaliste de Bruxelles. Et c’est peut-être ce qui me touche en définitive. J’ai découvert cette ville avec mon père à l’âge de 11 ans. J’y suis revenu très souvent par la suite pour passer des week-ends dans la famille d’un copain belge. Et, finalement, j’ai décidé de m’y installer avec ma femme en septembre 1997, après un tournage difficile. Je voulais quitter Paris. Bruxelles s’est imposé. On a choisi de vivre au centre pour mieux sentir battre le coeur populaire de la ville et, aujourd’hui, je peux dire que j’ai un attachement sincère et profond pour Bruxelles. « 

Le snack  » Au Suisse « 

 » J’ai découvert cet endroit par hasard. Il est fréquenté par des Bruxellois typiques et l’on y trouve peu de touristes. C’est une espèce de no man’s land, une zone neutre créée par un Suisse, il y a longtemps déjà et où l’on déguste, en revanche, d’excellents sandwichs typiquement belges. L’endroit ressemble un peu à un hall de gare avec, en prime, un côté montagnard un peu kitsch. J’aime beaucoup le personnel qui y travaille. On dirait des vieilles filles indignes. Elles sont très rigolotes et elles n’arrêtent pas de se lancer des vannes. Je viens souvent manger un bout ici, mais lorsque je reçois des amis à Bruxelles et que j’ai un peu plus le temps, je les invite soit au  » Falstaff « , à  » La Taverne du Passage « ,  » Aux Armes de Bruxelles  » ou aux  » Brasseries Georges  » qui sont des valeurs sûres, soit dans des endroits plus inattendus comme  » La Grande Porte « ,  » Les Petits Oignons  » ou  » Le Bleu de Toi « .

(73-75, boulevard Anspach, à 1000 Bruxelles. Tél.: 02-512 95 89.)

La bouquinerie  » Evasions « 

 » Je suis un passionné de livres en général et de BD en particulier. Je viens souvent dans ce magasin, au moins une fois par mois, pour fouiner. Il y a un côté brol qui me plaît. On y trouve de tout : des livres rares, des romans policiers, des magazines, des partitions musicales… et toutes les générations y sont confondues. C’est invraisemblable! J’ai trouvé ici le tout premier roman de la Série Noire,  » La Môme vert-de-gris « , et j’ai aussi acheté les entretiens entre François Truffaut et Alfred Hitchcock. Les prix sont nettement moins chers qu’en France et les conversations se nouent plus facilement entre les gens. Bruxelles, contrairement à Paris, n’a pas oublié les rapports humains. Là, je vais m’offrir quelques Ric Hochet! Je les ai tous perdus dans un déménagement et je viens régulièrement ici pour reconstituer ma collection, petit à petit. « 

(89, rue du Midi, à 1000 Bruxelles. Tél.: 02-502 49 56.)

Le café des halles Saint-Géry

 » J’ai découvert cet endroit dans le cadre d’une exposition sur Bruxelles en tant que ville verte. Le patron, Gérard, est très actif dans la défense de ce quartier du centre-ville. Quand je viens présenter un film à Bruxelles, j’invite généralement les gens de l’équipe de tournage à venir prendre un verre ici. On y a fait des fêtes formidables. J’ai même vu des gens complètement pétés se pendre aux balcons des Halles! Je viens aussi ici avec Benoît Poelvoorde, qui est devenu un de mes amis proches. C’est un artiste immense et le mec le plus drôle du monde. Il fait partie des gens qui m’ont donné envie de vivre en Belgique « . ( NDLR : construites en 1881 autour d’une ancienne fontaine pyramidale, les halles Saint-Géry témoignent de la superbe architecture des marchés couverts du XIXe siècle. Expositions, conférences, colloques et rencontres y sont organisés régulièrement sur les thèmes du patrimoine et de l’environnement en région bruxelloise).

(1, place Saint-Géry, à 1000 Bruxelles. Tél.: 02-502 44 24.)

Le mur de Ric Hochet

 » Je sais qu’il existe un parcours de visite guidée de tous les murs BD à Bruxelles mais, malheureusement, je ne l’ai jamais fait. C’est aussi marrant de les découvrir au hasard des balades. J’adore le mur de Jacobs avec Black et Mortimer, celui du Chat de Geluck qui se trouve près de la gare du Midi et, bien sûr, cet hommage à Ric Hochet qui exploite le trompe-l’oeil des corniches et des fenêtres « .

(rue du Bon Secours, à 1000 Bruxelles.)

Le bowling  » Crosly Empereur « 

 » J’adore jouer au bowling avec ma femme Frédérique et un pote qui s’appelle Bernard. C’est l’un des rares « sports » que je pratique avec le poker, même si je suis également passionné de surf. « 

(36, boulevard de l’Empereur, à 1000 Bruxelles. Tél.: 02-512 08 74.)

Le Musée du cinéma

 » Je suis passionné par le cinéma. Je suis souvent venu ici lorsque j’ai travaillé sur mon documentaire ( NDLR :  » C’est filmé près de chez vous « , un hommage en forme d’enquête sur le cinéma belge, diffusé en décembre dernier sur Canal + dans le cadre de deux journées  » Spécial Belgique « ). La Cinémathèque royale de Belgique à Bruxelles est l’une des plus riches du monde et le Musée du cinéma, un endroit ludique et passionnant. Le visiteur peut intervenir dans la découverte du musée et il y a une foule de documentation à consulter.  »

(9, rue Baron Horta, à 1000 Bruxelles. Tél.: 02-507 83 70.)

La taverne  » Greenwich « 

 » On y joue aux échecs et cela me fascine, même si je n’y comprends rien. Je viens de temps en temps au « Greenwich » parce que j’aime bien lire les journaux dans un endroit calme. A Bruxelles, les cafés sont généralement bruyants sauf celui-ci. Je lis tous les jours « Libération », « Le Soir » et « L’Equipe » et, ici, il y a une concentration extraordinaire qui touche presque au sacré. Je suis fasciné par les visages de ces joueurs d’échecs. Aujourd’hui, c’est un peu différent : je suis venu boire un verre avec Jean-Luc Fonck. C’est quelqu’un avec qui on a forcément envie d’être ami. C’est formidable ce qu’il dégage d’humanité, de chaleur, de drôlerie, de recul et de candeur. Il incarne, à mes yeux, l’âme belge dans toute sa splendeur, c’est-à-dire un surréalisme, une science des mots, un goût de la métaphore et un magnifique sens de l’autodérision. « 

(7, rue des Chartreux, à 1000 Bruxelles. Tél.: 02-511 41 67.)

Frédéric Brébant Photos : Jean-Michel Clajot/ Reporters

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