Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission de Jean-Pierre Hautier,  » Bonjour quand même « , sur la Première (RTBF radio).

Tout et n’importe quoi. Après la musique portable (ah, ce bon vieux walkman!), le téléphone portable, l’ordinateur portable et bientôt les premières lunettes-écran qui seront directement connectées à Internet, voici qu’une grande marque de café vient de sortir le premier  » mobile coffee « . En clair : un gobelet qui  » permet de boire son café partout et à tout moment, tout en se déplaçant  » ( sic), autrement dit un objet qui  » garde la chaleur  » et s’avère  » incassable  » ( re-sic). Les promoteurs de cette révolution consumériste savent-ils seulement que le thermos a été inventé en 1906 par un certain James Dewar? Sans doute. Mais, voilà, la mobilité est dans l’air du temps et il est de bon ton de séduire le chaland qui passe en jouant la carte de l’hyper-nomade. D’où ce mini-thermos, pardon ce  » mobile coffee « , risible mais résolument supra-branché. Trêve de persiflage, le coup médiatique est tout de même finement joué puisque la tendance actuelle est à l’archi-portable. Résolument pratique, ce gobelet malicieux rejoindra donc la panoplie du parfait cyber-citadin qui se veut toujours en mouvement et parfaitement équipé. Car les armes mobiles de l’homme du XXIe siècle ne cessent de se multiplier et de se perfectionner. Le téléphone et la montre multifonctions font déjà office de classiques, tandis que l’on annonce, en vrac, des caméscopes miniatures à porter comme un bijou autour du cou, des écharpes-ordinateurs en guise de bureau mobile ou encore des blousons GPS avec système de navigation intégré, histoire de ne plus jamais se perdre dans la jungle urbaine. Bizarrement, face à ce concept d’un homme hyper-mobile et super-équipé, les grands manitous de la publicité annoncent une tendance marketing qui semble aller à contre-courant de l’archi-portable. Après le cocooning, ils annoncent en effet l’avènement du  » fortressing  » dans les habitudes de vie du consommateur. Proche du mot français forteresse, cette nouvelle façon de voir le monde consistera en un retranchement barricadé à domicile où le culte de la famille et la redécouverte du shopping on-line risquent bien de gagner des galons. Pourquoi? Les attentats du 11 septembre, le climat conflictuel ambiant et la psychose de nouveaux actes terroristes en sont, paraît-il, les éléments de réponse. Mais ce désir de fortification s’inscrit-il finalement en porte-à-faux de l’autre tendance dite mobile? Pas vraiment. Car au-delà de l’apparent paradoxe, c’est la simple logique qui émerge tout bonnement de cette confrontation de comportements : les adeptes du  » fortressing  » appréhenderont en effet le monde extérieur avec une certaine angoisse existentielle, d’où l’idée de ne faire confiance à personne et de s’équiper au mieux d’armes technologiques portables pour se sentir en hyper-sécurité. Une espèce de  » bunker attitude  » mobile en quelque sorte où même le café pourra être de la partie. Car il est garanti sans anthrax, n’est-ce pas?

Frédéric Brébant

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