N’en déplaise aux Français qui revendiquent jalousement l’invention de la gastronomie, la meilleure table au monde ne se trouve pas dans l’Hexagone mais sous des latitudes bien plus septentrionales, chez René Redzepi. La clé du triomphe du jeune chef danois ? Avoir réinventé une cuisine privilégiant la qualité du produit et les méthodes ancestrales comme la cueillette, le fumage ou la fermentation, pour proposer une assiette résolument moderne.

Quant aux Américains, depuis le succès posthume de Stieg Larsson et sa saga Millenium, fort opportunément suivi en têtes de gondoles par les romans de Camilla Läckberg ou Michael Larsen, ils ne sont plus les empereurs du thriller. Pour peu qu’on ait un jour lu un de ces polars dans un canapé Klippan, bien au chaud dans un sweat-shirt H&M, on prend la mesure de l’influence scandinave dans notre quotidien.

Mais réduire les talents venus du froid à Ikea ou à la fast fashion serait leur faire injure. Là-bas, le design n’a attendu ni l’enseigne bleu et jaune ni son chiffre d’affaires dépassant les 27 milliards en 2012 pour exister. Dès les années 30, se dessine une nouvelle école, qui s’inscrit dans le modernisme par sa volonté de simplifier les formes et son souci de rendre l’objet fonctionnel, mais se caractérise aussi par son goût pour les courbes organiques et les matériaux naturels, comme le bois, le cuir ou la laine. Autre ligne de force du mouvement : sa volonté d’apprivoiser la lumière – logique dans des pays où elle se fait rare à certains moments de l’année. Ses grands maîtres s’appellent Arne Jacobsen, Verner Panton, Alvar Aalto ou Hans Wegner.

Lorsqu’en 1960, CBS diffuse le premier débat présidentiel à la télé, c’est dans des fauteuils signés par ce dernier que prennent place Nixon et Kennedy. Le lendemain, la presse focalise sur les prestations des deux candidats, mais aussi sur le siège qui a eu l’honneur d’accueillir leur séant, très vite surnommé  » The Chair « . Il n’en fallait pas plus pour que ce style épuré mais chaleureux entre dans l’Histoire. Aujourd’hui encore, il continue à faire des émules, bien au-delà des contrées nordiques – rien qu’en Suède, on compte pas moins de 800 marques de design, qui écoulent leur production pour 70 % à l’export, selon le site www.slate.fr. Ainsi, dès ce 7 novembre, et après Tokyo, Washington et Paris, Designhus, à Tervuren, donnera à voir une rétrospective consacrée à Finn Juhl (1912-1989), figure de proue du mobilier au Danemark mais relativement inconnu en Belgique. Une belle découverte en perspective pour ceux qui chercheraient un peu de fraîcheur inspirante.

Delphine Kindermans Rédactrice en chef

Un goût pour les courbes organiques et les matériaux naturels, comme le bois, le cuir ou la laine.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content