Connu pour ses créations étonnantes en papier et en bois, l’architecte japonais est l’auteur du déjà mythique Centre Pompidou-Metz. Un bâtiment onirique au toit tout de fibres de verre et de bois.

Que vous inspire le Centre Pompidou qui se trouve à Paris ?

J’étais tout jeune étudiant en architecture lorsqu’il a été construit mais j’ai fait le voyage à Paris pour le découvrir. C’était un projet extraordinairement unique pour l’époque. Et il est très vite devenu le symbole d’un mouvement que l’on appelle aujourd’hui architecture high-tech. Il n’y a aucun lien entre mon bâtiment et le premier Centre Pompidou. Sauf, j’espère, l’esprit d’innovation qui habitait déjà ses architectes, Renzo Piano et Richard Rogers.

Pour vous la fragilité, c’està

Une notion très relative ! La plupart des gens ont tendance à penser qu’un bâtiment fait de papier est par essence fragile. Mais c’est faux. Il peut résister à des tremblements de terre, par exemple, bien mieux qu’un building en béton.

Votre rêve d’enfant ?

Je voulais être charpentier. J’aimais les regarder travailler, couper, polir le bois.

Vous êtes fasciné parà

Les ponts. Parce que même s’il s’agit d’une structure qui se doit de remplir un rôle bien précis, il faut qu’elle soit belle aussi. C’est très poétique : avec un pont, on connecte deux lieux jusque-là séparés, deux communautés, des gens.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

De mes trois merveilleux associés ( NDLR : Jean de Gastines, Dean Maltz et Nobutaka Hiraga) qui travaillent avec moi sur trois continents : l’un en France, l’autre aux Etats-Unis, le dernier au Japon.

Un talent qui vous fait défaut ?

J’aimerais tellement avoir le don des langues ! Dans mes rêves, je voudrais pouvoir prendre un mois de vacances – ce qui est tout simplement impossible – et m’installer dans la campagne française et apprendre la langue.

Vous redoutez par-dessus toutà

Les catastrophes naturelles ! En réalité, ce sont rarement ces séismes qui tuent les gens. Mais la qualité médiocre des bâtiments dans lesquels ils vivent. C’est pour cela que j’ai créé l’association VAN ( NDLR : Voluntary Architects’ Network, soit un réseau d’architectes bénévoles). La plupart des grands architectes travaillent pour des gens privilégiés, des gouvernements, des entreprises. Ils créent des monuments qui rendent visible le pouvoir de l’argent. C’est un aspect de la profession qui m’a profondément déçu. Je pense que nous devons aussi mettre nos connaissances et nos compétences au service du plus grand nombre.

Le compliment qui vous fait rougir ?

Quand on dit de moi que je suis un bon professeur. J’aime enseigner, peut-être même plus qu’être architecte. Transmettre un savoir à quelqu’un, c’est bien plus important pour moi que d’inscrire mon nom au bas d’un immeuble.

Vous ne pourriez pas vivre sansà

Avions ! Avec tous les voyages que je dois faire, c’est devenu presque ma maison. C’est l’un des très rares moments de ma vie où je peux être vraiment libre. Je peux être seul, je peux faire ce que je veux : lire, faire une sieste, regarder un film sans être dérangé.

Votre pièce préférée dans la maison ?

J’ai créé mon appartement à Tokyo. Il y a une belle vue dans le living-room et je peux ouvrir la fenêtre sur la terrasse. C’est mon endroit favori. J’ai besoin d’entrer en contact avec l’extérieur. De sentir la lumière, le vent, l’odeur des arbres.

à lire : Shigeru Ban – Complete Works 1985-2010 , par Philip Jodidio, Taschen, 450 pages. Edition Collector, limitée à 300 exemplaires numérotés et signés par Shigeru Ban, livrés dans un coffret en bambou tressédessiné par l’artiste.

Propos recueillis par Fanny Bouvry et Isabelle Willot

« Je rêverais de pouvoir prendre un mois de vacances pour apprendre le français. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content