Il est l’un des tout grands maîtres du design. Le Finlandais Eero Aarnio, rendu célèbre dans le monde entier grâce à ces créations pop, parfaites incarnations de l’esprit sixties, est toujours plébiscité. Il a ouvert à Weekend les portes de sa maison, dans la banlieue verte d’Helsinki. C’est ici, au coeur de la nature, que naissent ses opus débordant de sensualité et de fantaisie.

Eero Aarnio n’est pas l’initiateur d’un éphémère phénomène de mode, mais bel et bien de l’éclosion d’un nouvel âge des arts décoratifs. Au fil du temps, ses nombreux opus sont devenus des objets cultes, désormais exposés dans les plus grands musées du monde (Victoria and Albert Museum à Londres, Stedeljik Museum à Amsterdam, MoMa à New York…) ou bien miniaturisés, et collectionnés aussi en versions small. Aujourd’hui, avec le retour en vogue des sixties, ils sont tout simplement plébiscités.

Quand, à 30 ans, en 1962, après des études à l’Institut des arts industriels d’Helsinki, Eero Aarnio ouvre son bureau d’architecture d’intérieur et de design industriel, il inscrit d’abord son travail dans la tradition des designers finlandais de la première moitié du xxe siècle. Il crée des meubles en matériaux naturels, réalisés artisanalement, comme le tabouret en osier  » Jattujakkare « . Mais convaincu que le design est synonyme de  » renouvellement constant, de réévaluation et de croissance « , il s’intéresse à la fibre de verre, dont il pressent rapidement tout le potentiel.  » Le plastique, explique Eero Aarnio, donne aux designers une totale liberté de formes et de couleurs, ce qui fait naître des objets à mi-chemin entre le fonctionnel et le ludique – toujours fascinants.  » L’emploi de ce matériau lui permet de briser les conventions, et de concevoir des formes très originales : en quelques créations, il devient le pionnier – et le maître – du design en matière plastique.

Contrairement au célèbre adage, Eero Aarnio a d’abord été prophète en son pays… Ses créations y ont été reconnues d’emblée, et la firme Adelta a entrepris de les éditer et les diffuser. Mais très vite, elles ont aussi connu un succès mondial. Sa très pop  » Ball Chair  » (1963) est d’emblée passée à la postérité, tout comme  » Bubble Chair  » (1968) et  » Pastil  » (1968), un siège qui lui vaudra le prix de l’American Industriel Design. Les raisons de cet engouement international ? Incarnations d’un âge spatial fantasmé, contemporaines des premières expéditions vers la Lune, elles captaient bien l’esprit des années 1960. Mais coller à l’air du temps n’explique pas tout. Les différents opus d’Eero Aarnio ont tous des qualités intrinsèques qui prouvent qu’ils ont été imaginés pour durer : sensualité au toucher, lignes courbes, couleurs vives, sans parler du caractère profondément novateur des formes.

La maison d’Eero Aarnio lui ressemble… Située à une trentaine de kilomètres d’Helsinki, elle abrite également son bureau. Ouverte sur la campagne et sur le lac voisin – plusieurs mois par an des étendues enneigées -, elle est en parfaite harmonie avec la nature environnante. Elle est dûment pourvue d’immenses baies vitrées, par lesquelles la lumière entre sans compter, et de deux saunas. Des traditions architecturales de son pays, le designer a conservé le bois de pin, parfois même utilisé en planches à l’état naturel.

Si Eero Aarnio est célèbre pour ses meubles et ses aménagements intérieurs, il est aussi graphiste et photographe. Sa maison déborde de ses créations ; certaines archiconnues, d’autres à l’état de prototype, en attente d’éditeur ou en cours d’édition. Et s’il est extrêmement rigoureux dans son travail, il n’est pas homme à se prendre au sérieux… Il aime, par exemple, à raconter ce voyage qu’il fit, à 20 ans, à travers l’Europe. Il avait peu d’argent, une toute petite Fiat 500, et pour ces raisons, avait choisi, les trouvant adaptés à ses moyens, de visiter les plus petits Etats du Vieux Continent : Liechtenstein, Vatican, Andorre, Saint-Marin, Monaco, mont Athos…

L’humour caractérise également tout l’art d’Eero Aarnio.  » Un fauteuil est un fauteuil, s’amuse le designer en évoquant « Pony » (1973), un siège ludique en mousse de polyuréthanne recouverte de tissu. Mais un siège n’est pas nécessairement par destination un fauteuil… Il peut être, par exemple, ce doux petit poney qui se prête à différentes façons de s’asseoir : dessus ou à côté.  » Et ce sont toutes ses créations, aux allures de joujoux, comme encore son  » Puppy  » (2005), petit cousin du  » Pony « , qui invitent chacun, au gré de sa fantaisie, à chevaucher vers des contrées imaginaires…

Reportage : Luxproductions.com

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