Barbara Witkowska Journaliste

Au coeur de la vieille ville de Gand, une vaste maison centenaire, aux proportions harmonieuses. Patiemment restaurée, délicieusement décorée, à la fois grandiose et intimiste, elle conjugue un vrai sens esthétique et le goût d’une certaine simplicité, tellement actuelle.

Voici l’histoire d’une rénovation exemplaire, réussie, successivement, par deux couples. Premier acte. Il y a cinq ans, Véronique Rousseaux et son mari Philippe cherchent une nouvelle maison, vaste, ouverte et aérée. Le concept du loft les séduit mais ils n’aiment pas trop les bâtiments industriels, susceptibles d’offrir ce type d’espace. On leur signale alors une maison abandonnée, centenaire, situé en plein centre de Gand. Pendant longtemps, elle abritait l’annexe d’un garage. La façade était heureusement intacte, mais le reste se trouvait dans un état pitoyable. On sentait la maison un peu triste de se trouver sans famille. La ruine la menaçait et, pour des raisons de sécurité, les autorités communales s’apprêtaient à démonter la superbe cheminée et à l’envoyer à la casse. Le jeune couple n’hésite pas une seconde à redonner une nouvelle jeunesse à ce témoin exemplaire du patrimoine gantois.

Lors d’importants travaux de rénovation, on en profite pour casser, au premier et au deuxième étage, les cloisons intérieures. Le rêve d’habiter un grand loft est ainsi réalisé. La grande cheminée, récupérée de justesse sur le container, retrouve sa place, de choix, au centre du salon. Le magnifique plancher en chêne est récupéré au grenier et recouvre désormais le sol des pièces à vivre. Toute la façade arrière, trop abîmée, doit être complètement restaurée. Le jeune couple opte pour la solution d’un mur entièrement vitré. L’espace intérieur se prolonge ainsi optiquement par une belle terrasse, aménagée comme un patio italien et réchauffée par des murs de couleur terracotta. Et que dire de cette fabuleuse envolée de l’escalier en chêne qui magnifie l’espace et conduit tout droit vers les chambres et la salle de bains. Bien dans l’esprit du style de la maison, construite au début du XXe siècle, il présente tous les éléments sensuels et sinueux que reprendra le style Art nouveau, en simplifiant, en stylisant. Le niveau supérieur se distingue également par son esprit loft. Dans la salle de bains, que l’on aperçoit en premier lieu, on remarque un style provençal épuré. Le bois clair est omniprésent. Les portes, inspirées des volets à lattes, voisinent des murs carrelés de blanc. Presque nue, avec son lit simplement posé à terre comme un tatami, la chambre des parents a des allures japonisantes.

Deuxième acte. Une fois le chantier terminé, les propriétaires sont partis vers de nouvelles aventures. Veerle Stubbe et Marnix Moerkerke ont alors pris possession de ces lieux magiques. La jeune femme, en décoratrice de talent, a le sens des formes et des couleurs. Elle ajoute donc sa propre  » patte « , pour personnaliser l’ambiance, sans altérer l’âme des lieux. Le mobilier existant a été admirablement adapté pour la nouvelle destination. Les canapés verts ont été simplement recouverts d’un épais lin de couleur naturelle qui s’accorde harmonieusement à la teinte des murs, patinés dans la masse d’un jaune très pâle. Les fenêtres habillées de lin blanc, les tapis couleurs ficelle et les fauteuils créés par Top Mouton pour un café parisien, dégagent une simplicité très reposante. Dans ce grand salon, l’oeil ne se lasse pas de contempler la beauté du  » presque rien « . Dans cet espace clair et lumineux, la salle à manger noire tranche agréablement. Il s’agit d’une création Pauvers-Van Den Bergh, deux designers bien connus de tous les Gantois branchés. La cuisine, d’une grande simplicité, est un clin d’oeil au style country. Les plans de travail, lisses et nets, sont en bois clair, protégé par un vernis. Les nombreux rangements s’éclipsent derrière des fermetures variées: portes en bois peintes en blanc ou rideaux en lin. Il y a aussi des niches, abritant des paniers en osier. Les perspectives sont toujours dégagées, la lumière ricoche d’un bout à l’autre de l’espace. L’air qu’on respire ici semble saturé d’art de vivre venu d’un autre temps et pourtant si actuel et moderne. Une atmosphère intemporelle. Pour rêver encore.

Barbara Witkowska

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